SAGUENAY – Les sœurs Anick et Myriam Bouchard ont le vent dans les voiles avec leur entreprise Anicko Créations, c’est le moins que l’on puisse dire. En 18 mois, la boutique de vêtements et accessoires est passée d’un produit à vendre à une vingtaine. C’est dire que les arts et affaires cohabitent à merveille pour les deux dames. Anick imagine les gammes de vêtements et d’accessoires en s’inspirant de ses œuvres, alors que Myriam s’occupe de la gestion et de la comptabilité.

« La boutique va super bien. Ça va même trop vite. Nous avons de la misère à répondre à la demande des clients. Les délais de livraison sont plus longs en raison de la pandémie et ça nuit au développement de la compagnie. Les trois mois d’arrêt au printemps paraissent encore. La demande est plus forte pour ce qu’on est capable de générer. Nous avons juste 18 mois d’existence, mais les gens ont soif de nouveautés. C’est vraiment long de mettre en place un nouveau produit. Il y a toute une procédure à suivre. Anick fait le design à partir d’un tableau sur un logiciel et l’envoie au manufacturier qui est situé à Montréal. Tout est fait par sublimation. Le manufacturier crée le tissu et le produit et nous retourne un échantillon que l’on doit valider après une série de tests comme le porter, le laver, le sécher, etc. », expliquent les deux sœurs.

Des tuques, sacs à main, casquettes, robes, leggins, pantacourts, camisoles, t-shirts, bottes, espadrilles, tops, sont les produits qu’on retrouve dans la boutique de la rue de la Fabrique à La Baie. La vingtaine de produits inclut également les nouvelles gammes pour enfants et pour hommes. « La marque Anicko s’adresse à une clientèle qui n’est pas nécessairement une personne qui « trippe ! » sur l’art ou qui veut un peu d’art sur un objet. C’est une ligne de vêtements remarquée, qui accroche au coup d’œil. Quand vous portez un legging, par exemple, les gens se retournent. C’est aussi confortable et le tissu ne se décolore pas. Il se lave bien à la machine. »

Mariage arts et affaires

Il faut rappeler qu’au départ, Anick et Myriam voguaient chacune dans leur créneau respectif. La première comme artiste en peignant des tableaux pour sa Galerie Dépliée ainsi que pour d’autres galeries privées à Montréal, Ottawa et La Malbaie, plus précisément, alors que Myriam, après avoir été la propriétaire du restaurant l’Orphée pendant huit ans, est maintenant copropriétaire du restaurant Au Pavillon Noir depuis cinq ans. « Mimi (Myriam) a toujours été proche de moi. C’est mon mentor. Elle veille au bon fonctionnement de mes affaires, à trouver des solutions. À un moment donné, elle m’a dit qu’il fallait trouver une façon pour rentabiliser mon art. J’ai atteint mon maximum de productions de tableaux annuellement pour conserver la valeur de ceux-ci pour les collectionneurs et nous devions trouver une façon de développer quelque chose d’autre pour me permettre de gagner ma vie.

« Sans devenir trop commercial et sans perdre ma cote d’artiste, nous avons décidé faire des lignes de vêtement avec mes œuvres. L’entreprise comprend maintenant deux entités dans le même local, soit Anicko Créations et l’artiste dans son atelier. Ça me permet de démocratiser et rendre accessible mon art, en plus d’avoir la chance d’en discuter avec les gens. Il faut dire que ce fut quand même un peu compliqué, car il ne faut pas qu’un tableau se retrouve en circulation sur des vêtements », raconte Anicko, avouant que l’idée de mettre l’art sur les vêtements et accessoires est celle de Myriam.

Pourquoi pas les Dragons ?

Est-ce que Myriam et Anick ont été tentées de s’inscrire à l’émission des Dragons de Radio-Canada avec leur idée originale ? « Oui, on y a pensé. Toutefois, on veut conserver notre produit et nous croyons que l’on peut y arriver seules. Nous avons déjà été approchés par des points de vente, mais ça prend plus de volume et de gestion. On n’est pas fermées à toute collaboration, mais on n’est pas prêtes à la grande distribution. Présentement, nos points de vente dans notre boutique pignon sur rue et en ligne suffisent à la production. De plus, c’est une expérience de venir ici, de discuter avec moi qui n’arrête pas de parler, de voir nos produits et ma production artistique », avoue Anicko.

Quant à la femme d’affaires Myriam, elle convient qu’éventuellement, il faudra penser à ajouter du personnel pour s’occuper de la boutique et accueillir les clients. « Nous avons une salle d’essayage et il en faudrait deux. C’est Anick qui tient la boutique pendant qu’elle peint et fait le design, mais comme nous sommes en développement, il faudra de l’aide bientôt. Chaque sou récolté jusqu’ici a été remis dans la croissance de la compagnie. »