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Karine Boivin Forcier

SAGUENAY – Le propriétaire de DSA, Jean-Benoît Dumais, transmet les rênes de l’entreprise spécialisée dans les services industriels auxiliaires. C’est le directeur des opérations, Marc-Henri Cayouette, actionnaire minoritaire de la PME depuis 2017, qui prend les commandes, accompagné par une équipe de quatre personnes.

M. Dumais quitte ses fonctions afin de concentrer son énergie sur son autre entreprise, Propulsa Innovation. Il a donc proposé à son associé et collaborateur de longue date, M. Cayouette, de reprendre DSA. « L’an passé, Jean-Benoît est venu me voir pour me demander si j’étais intéressé à racheter 100 % de l’entreprise. […] Mon cœur est là depuis le début. J’ai fait partie des balbutiements de l’organisation. C’était mon rêve d’acquérir cette PME. J’ai donc accepté », indique celui qui occupe désormais le poste de président-directeur général.

Le transfert n’a pas été préparé longtemps à l’avance, mais Marc-Henri Cayouette étant impliqué dans l’entreprise depuis plusieurs années, il y avait déjà une grande confiance entre les deux partenaires d’affaires. « Jean-Benoît savait qu’en me laissant DSA, il allait y avoir une continuité de la culture d’entreprise, puisque c’est moi qui avais mis ça en place en tant que directeur des opérations. C’est moi qui dirige depuis un an, même si la transaction n’était pas encore effective », souligne-t-il.

Nouveaux actionnaires

L’entrepreneur a toutefois choisi de ne pas faire cavalier seul. Il a ainsi impliqué dans la transaction trois employés clés et un nouveau venu : Sébastien Bourgeois, chargé de projets présent depuis 12 ans, Luc Brassard, directeur financier en poste depuis quelques mois, Jean-Michel Larouche, ancien employé de retour en tant que directeur des ressources humaines, et Alain Girard, directeur des opérations d’expérience en provenance de l’externe.

Le changement de gouvernance a été réalisé le 1er juin et les papiers devaient être signés devant le notaire vers la fin juin. M. Cayouette devient actionnaire majoritaire, tandis que les quatre autres personnes se partagent le reste des actions. Ce transfert vient sécuriser les 150 emplois de DSA.

Consolidation et croissance

Dans une optique de développement, le nouveau PDG souhaite consolider une certaine partie des opérations en place chez DSA. Il estime qu’il y a encore la place pour de l’expansion dans les services actuels. « Nous en avons déjà beaucoup. Nous avons remporté un contrat chez notre principal client qui nécessitait l’ajout de 60 personnes dans l’entreprise de façon immédiate. Nous sommes en train de le finaliser. Nous avons aussi un service d’application de composite avancé Chesterton qui est en essai dans plusieurs usines. Je considère que le développement de DSA passe beaucoup par là », mentionne-t-il.

Le secteur du nettoyage industriel avec vacuum électrique, dans lequel la PME saguenéenne a toujours été un précurseur, est également appelé à croître. « Dans notre core business, nous en effectuons un peu partout dans la région et ailleurs. Nous continuons à prendre de l’expansion à ce niveau. Nous avons une belle expertise très approfondie dans ce domaine », affirme Marc-Henri Cayouette. Le remplacement de filtres dans les dépoussiéreurs est aussi une branche très active pour l’entreprise.

Selon M. Cayouette, la structure de DSA lui permet d’accueillir encore de la croissance au sein de ses différents services. « Je vise une forte croissance de nos activités. Nous sommes capables de prendre de l’expansion grâce à notre maîtrise de chacun de ces secteurs. Nous avons une équipe assez solide pour être en mesure de proposer aux clients un service à la hauteur de leurs besoins. »

Outre la croissance interne, le PDG évalue la possibilité de faire l’acquisition d’autres entreprises au cours des prochaines années. « J’aimerais acheter des PME qui sont connexes aux services que nous offrons, mais surtout qui possèdent une culture semblable à celle de DSA. J’ai eu quelques discussions, mais il n’y a rien de concret pour l’instant », précise-t-il.

Éco Ventilo Max

L’entreprise Éco Ventilo Max, qui faisait partie de DSA, est également incluse dans la transaction. Elle est donc propriété des mêmes actionnaires, mais deviendra une entité à part entière à compter du 1er septembre. Elle compte neuf employés et se spécialise dans le nettoyage de conduits de ventilation, pour les clients résidentiels, commerciaux, industriels et institutionnels.

« C’est une très belle organisation avec un bon service. Nous avons des technologies dernier cri et je suis entouré de tellement de gens compétents dans cette entreprise. C’était évident pour moi que cette PME devait voler de ses propres ailes », indique Marc-Henri Cayouette.

Une relève dans une relève

Le processus de transfert de DSA à de nouveaux actionnaires sort des sentiers battus. Alors qu’on souligne partout l’importance de planifier cette étape à l’avance, le principal repreneur, Marc-Henri Cayouette, a choisi d’intégrer tout de suite avec l’équipe qu’il souhaite voir lui succéder dans le futur.

« Le transfert de DSA de Jean-Benoît Dumais à moi n’était pas préparé d’avance. Quand j’ai accepté sa proposition, je suis tombé dans un processus de réflexion assez précipité. [...] Après quelques jours, je me suis dit : je ne peux pas y aller tout seul. Il y a plusieurs options qui se sont présentées, mais qui ne me convenaient pas entièrement », indique le nouveau président-directeur général, Marc-Henri Cayouette.

C’est en poursuivant le montage financier qu’il a trouvé la solution : prévoir sa relève. « Mon plan est devenu clair dans ma tête quand j’ai commencé à penser à la revente. J’ai pensé à la relève et c’est là que j’ai pu cerner quels actionnaires je voulais avoir avec moi. J’ai donc planifié ma relève dans mon plan d’actionnariat. J’ai alors réfléchi à un groupe d’actionnaires avec des parts pour qu’ils soient en mesure de continuer ce qu’on avait mis en place, Jean-Benoît et moi, et ce que j’allais poursuivre en tant que PDG. Ça s’est fait naturellement », résume M. Cayouette.

Préparer sa sortie

À l’aube de la cinquantaine, ce dernier prévoit encore être actif dans l’entreprise pendant plusieurs années. Il souhaite toutefois réaliser une forte croissance des activités de DSA et considère qu’avoir une équipe d’actionnaires solides avec lui est un plus pour réaliser ce plan. « J’ai envie que les gens croient avec moi et que chacun puisse avoir une belle croissance personnelle à travers ça », mentionne-t-il.

Marc-Henri Cayouette rappelle que l’entrepreneuriat n’est pas toujours une route facile et qu’il est difficile de léguer son entreprise. Il considère donc qu’il est important de préparer sa sortie, mais encore plus l’entrée des autres sur ce chemin. « Je crois énormément au potentiel des jeunes d’aujourd’hui. Je vois la situation actuelle avec la pénurie de main-d’oeuvre ou les enjeux de relève comme des occasions d’apprentissage. Il faut que les entrepreneurs le voient comme une opportunité de changer réellement et profondément les choses. Pour moi, la chose la plus efficace à faire pour assurer le futur de mon entreprise était d’investir dans la relève dès le jour un », affirme-t-il.

Culture d’entreprise

Les quatre nouveaux actionnaires, Sébastien Bourgeois, Luc Brassard, Jean-Michel Larouche et Alain Girard, sont toutes des personnes de coeur très impliquées dans l’entreprise, selon Marc-Henri Cayouette. « Ils ont les aptitudes pour faire grandir DSA. Ils maîtrisent tous très bien leurs domaines respectifs de l’entreprise. J’ai quatre grandes sphères dans mon organisation et j’ai quatre directeurs compétents avec moi », souligne-t-il.

Ces gestionnaires accordent aussi une grande importance à la culture d’entreprise, un trait qu’ils partagent avec le PDG et qui a joué dans son choix. « Moi, je ne voulais pas travailler dans le futur à mettre juste des processus en place. Je préfère mettre la culture en place pour qu’on puisse créer les procédures à partir de là. Tout s’imbrique en partant la vision et la mission, donc ce qu’il me reste à faire, c’est de coacher ces gens pour qu’ils voient quel est le coeur de DSA et son fondement. Ces quatre personnes sont très réceptives et aptes à m’accompagner dans cette voie », estime M. Cayouette, qui se voit comme le porteur de la culture d’entreprise.

S’intéresser à l’humain

La culture d’entreprise est véritablement au coeur de la démarche de Marc-Henri Cayouette. Pour lui, il s’agit d’abord de croire en les gens qui travaillent au sein d’une organisation et en leur accomplissement personnel. « C’est important d’écouter tous les employés, pour savoir quels sont leurs enjeux, ce qu’ils ont compris d’une explication, comment ils vont réellement. Il faut s’intéresser à l’humain qui travaille dans l’entreprise », explique-t-il.

Selon lui, c’est à partir de là que l’entreprise pourra avancer. « L’entreprise peut avoir un objectif, mais celui-ci est réalisable seulement avec les gens qui y travaillent. Il faut se demander si le délai de cet objectif est réalisable avec le groupe d’humain qu’on a. Actuellement, est-ce que la santé de ces humains me permet d’aller où je veux aller? Le fait de les écouter, ça va se transférer à la mission et la vision. La culture d’entreprise, c’est le coeur des gens qui y travaillent. Ce n’est pas écrit. C’est vraiment ressenti », conclut-il.

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