SAINT-GÉDÉON – L’entreprise d’horticulture Les Serres Dame Nature située sur la route 170 au Lac-Saint-Jean est en croissance depuis le début de la pandémie. Selon la copropriétaire, en 2020 la PME a connu une augmentation d’au moins 23 % de son chiffre d’affaires, et depuis, le serriculteur maintient la même cadence.
« Au cours des années à venir, l’un des objectifs sera de maintenir l’engouement de notre clientèle pour l’horticulture. Les effets du confinement lors de la pandémie ont donné un souffle nouveau à notre secteur. Les gens ont redécouvert la passion des plantes et les jeunes générations démontrent un intérêt marqué pour les végétaux d’intérieur et l’aménagement paysagé », explique Rébéca Rouleau, copropriétaire des Serres Dame Nature avec son partenaire d’affaires, Martin Harvey. Selon les copropriétaires, plus de 80 000 pots de plante seraient produits chaque année dans les serres de la PME.
L’une des stratégies d’affaires des propriétaires des Serres Dame Nature est de miser sur les exclusivités. Dans un premier temps, cela permet à l’entreprise de se positionner dans son industrie et de se démarquer dans la concurrence et dans un second temps cela a pour effet de stimuler l’intérêt des amateurs de jardinage. « Les plantes tropicales ont la cote auprès des consommateurs et nous nous efforçons toujours d’avoir des plantes qu’on ne retrouve pas ailleurs dans la région. Je passe beaucoup de temps à rechercher de nouveaux fournisseurs et j’effectue une vieille sur Internet afin de dénicher les dernières tendances. Nous approchons des firmes horticoles de partout dans le monde pour nous approvisionner en végétaux rares. »
La demande pour les plantes d’intérieures, entre autres, a poussé les entrepreneurs à investir au niveau de leur infrastructure. « Nous terminons des travaux qui ont permis d’automatiser une partie des serres et d’ajouter 3000 pi2 supplémentaires à nos installations comptant déjà 40 000 pi2. »
Horticulteur, une espèce rare
En plus de la vente de plantes, de fleurs et d’arbustes en boutique, l’entreprise propose différents services comme l’aménagement et l’entretien paysagé pour une clientèle corporative et particulière. Un créneau rentable et à fort potentiel, mais qui ne peut pas être exploité au maximum en raison des problématiques de main-d’œuvre.
« Nous avons quatre horticultrices et nous sommes incapables, pour l’instant, d’en embaucher plus. Nous devons refuser des contrats pour nous maintenir la tête hors de l’eau et réussir à livrer les projets avant la fin de l’été. C’est dommage puisqu’il y a énormément d’opportunités. Par exemple, les municipalités qui nous entourent comme Saint-Gédéon, Saint-Bruno et Hébertville auront des besoins en entretien paysager au cours des prochaines années […] Règle générale, les clients municipaux et corporatifs sont plus faciles au niveau de la gestion à desservir puisqu’ils délivrent leur charge de travail sous forme de banque d’heures. Il est donc plus facile pour nous de planifier l’ouvrage si l’on sait d’avance combien d’heures par semaine nous devrons consacrer à chaque projet. Du côté particulier, les choses vont très bien, mais nous devons mettre un frein plus vite. D’ailleurs, notre carnet d’ouvrage pour la saison 2023 est pratiquement plein », souligne Mme Rouleau.
La femme d’affaires ne désespère toutefois pas en ce qui concerne la main-d’œuvre, elle mentionne qu’un programme en horticulture aurait été revampé dernièrement au Centre de formation professionnelle d’Alma. Une formation qui pourrait apporter une nouvelle génération de travailleurs dans le milieu de la serriculture et de l’entretien paysagé.
Les retraités à la rescousse !
« Pour l’instant, je suis optimiste et je prends une nouvelle saison à la fois en ce qui concerne la main-d’œuvre. Je dois préciser que chaque année, nous pouvons compter sur plusieurs personnes qui sortent de leur retraite temporairement pour venir faire des heures à la serre. Sans eux, je ne sais pas trop comment nous ferions, ils nous sauvent la vie ! », souligne l’entrepreneure qui ajoute que l’emploi ne convient pas à tout le monde. La charge de travail est intensive et elle est répartie sur une période relativement courte de 12 semaines. « L’aspect saisonnier du travail effraie un peu les gens. L’été, nous avons plus de 50 employés et l’hiver la majorité des travailleurs sont au chômage. Ce sont des conditions qui ne conviennent pas à tous. »
Dénicher sa relève
Rébéca Rouleau a repris avec un associé l’entreprise familiale fondée par ses parents en 1974. Toutefois, pour la suite des choses, l’histoire ne se répétera pas. « Mes enfants ne sont pas intéressés à reprendre les rênes de la PME et je serai la dernière représentante de la famille à la tête des Serres Dame Nature. Je prévois prendre ma retraite dans une dizaine d’années, ça peut sembler loin, mais nous prévoyons déjà la relève. Il y a énormément de connaissances à transmettre et il faudra probablement former le repreneur », conclut la femme d’affaires.