SAGUENAY – L’engouement pour les espaces de travail collaboratif se fait toujours sentir au sein du Moulin à Cie, qui a ouvert en février un deuxième emplacement sur la rue Racine. Sis au-dessus de la librairie Les Bouquinistes, ce local accueille déjà 13 personnes.
« Nous avions une augmentation de notre communauté et nous avions de temps en temps le problème d’être un peu surchargés. Il y a aussi des services qu’on ne pouvait pas offrir. Par exemple, nous n’étions pas équipés pour recevoir des équipes de travail de plus de deux personnes. Nous voulions répondre aux besoins du milieu », explique Paul-Henri Callens, président de la coopérative.
La vague de demandes a coïncidé avec l’opportunité de s’installer dans le local au-dessus des Bouquinistes. « Au jour un, nous avions déjà nos occupants. Nous avons quasiment fabriqué le projet avec eux », indique M. Callens, précisant que les 13 locataires proviennent de deux entreprises. Il reste de l’espace pour accueillir environ quatre autres personnes dans le nouvel emplacement, que les membres nomment le « Moulin d’en haut ». Le premier local héberge quant à lui quelque 25 occupants, qui ne sont pas tous là en même temps.
Le Moulin d’en haut, d’une superficie de 1 850 pieds carrés, a nécessité des investissements d’un peu moins de 20 000 $. « Nous avons obtenu un prêt avec Microentreprendre Saguenay–Lac-Saint-Jean qui nous a permis de faire l’ensemble des améliorations locatives et l’achat de l’équipement. »
Occasion intéressante
Un autre point qui a convaincu les administrateurs du Moulin à Cie d’ouvrir le deuxième emplacement, c’est la possibilité de créer des maillages avec les autres locataires. « C’est l’artiste visuel numérique Paolo Almario qui a acquis le bâtiment. Il a installé son atelier au troisième étage, où il y a aussi un regroupement d’artistes. Ce sont tous des gens qui ont un profil très numérique. Ils travaillent avec des imprimantes 3D, des Raspberry Pie, beaucoup de microélectronique. Nous trouvons ça très intéressant d’avoir ce maillage-là », résume le président.
Pour les membres du Moulin à Cie, cet esprit de réseautage est un aspect essentiel de la coopérative. Les administrateurs souhaitent donc favoriser également les échanges entre les occupants des deux espaces. « Quand les adhérents reçoivent une clé, elle ouvre autant les portes d’en haut que d’en bas. Le maillage, c’est encore le centre de notre mission », précise Paul-Henri Callens.
La valeur de la communauté
Ouvert en octobre 2016, le Moulin à Cie a rapidement suscité l’intérêt, menant à un déménagement dans les locaux qu’il occupe actuellement.
« L’idée, c’était de favoriser un lieu dynamique pour les entrepreneurs et les travailleurs autonomes. Nous voulions redonner une communauté à ces personnes-là. À l’époque, le lieu de travail, le style des locaux et le bureau physique étaient très importants. On se rend compte maintenant que c’est vraiment la communauté et les liens qui se créent qui ont de la valeur. C’est ce que les gens viennent chercher ici », raconte M. Callens.
Il révèle qu’à travers les années, des amitiés, des partenariats d’affaires, des collaborations et même des couples sont nés au sein de la coopérative. « Il y a un maillage fort qui s’opère. J’ai l’impression que le cœur de notre mission, ça devient vraiment ça, le maillage », souligne-t-il.
En évolution
La pandémie aurait pu sonner le glas de l’espace de travail collaboratif, mais c’était sans compter l’engagement des membres envers leur coopérative. « Notre modèle d’affaires, avec des baux mensuels, n’était pas idéal pour ça. Ça aurait été facile pour les locataires de partir. Mais on a eu un gros soutien, sans avoir eu besoin de le demander. Les membres ont continué à payer leur forfait, même s’ils ne l’utilisaient pas, parce qu’ils ne voulaient pas voir leur espace disparaître », relate Paul-Henri Callens. Selon lui, les liens se sont aussi maintenus pendant cette période.
Depuis, l’engouement se fait sentir. La clientèle s’est également un peu transformée, avec un nouveau type de membres. « Il y a beaucoup de personnes qui avaient des équipes, des bureaux et qui se sont retrouvées en télétravail. Il y a des gens qui ont quitté les grandes villes pour s’installer ici parce qu’ils pouvaient faire du télétravail. Pour une partie d’entre eux, l’idée de la solitude chez soi ne leur convenait pas. »
Le président considère que l’apport de cette nouvelle clientèle est bénéfique pour la coopérative. « On constate à quel point c’est riche d’avoir des personnes qui ne sont pas forcément travailleurs autonomes ou entrepreneurs. Ils arrivent avec tout un bagage de connaissances connexes, un réseau différent, des moyens particuliers. C’est d’une richesse absolue de mélanger tous ces gens-là », affirme M. Callens.
Les sept membres du conseil d’administration du Moulin à Cie se penchent maintenant sur la suite des choses. Ils évaluent actuellement comment ils peuvent accompagner leur clientèle. « Avant, on faisait beaucoup d’événementiel, mais c’est mort avec la pandémie. On regarde si on revient vers ça ou si on joue un autre rôle auprès de nos membres », conclut le président.