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Karine Boivin Forcier

SAGUENAY – L’entreprise chicoutimienne Béton Multi Surface est en plein essor. L’année 2024 s’annonce riche en nouveaux projets, dont un partenariat d’affaires et l’amorce d’un processus de relève.

Propriété de Sylvie Girard et Pierre Bouchard depuis près de 17 ans, Béton Multi Surfaces intégrera deux nouveaux actionnaires au cours des prochains mois. Les enfants du couple, Frédérique et François Bouchard, qui œuvrent dans l’organisation depuis de nombreuses années et s’impliquent déjà dans la gestion, acquerront une portion des parts de leurs parents. Les fondateurs de l’entreprise demeureront pour l’instant majoritaires. « Je suis ici depuis 13 ans et mon frère, environ 15 ans. On a fait partie de l’évolution de la compagnie. On parle de relève depuis plusieurs années, mais là, nous voulons officialiser ça cette année », indique Frédérique Bouchard, directrice marketing.

Même s’il n’est pas toujours facile de travailler en famille, les dirigeants de Béton Multi Surfaces ont su trouver un équilibre. « Nous travaillons depuis plus de 10 ans les quatre ensemble. Nous avons chacun nos forces et nous nous complétons. […] Nous nous rencontrons une fois par mois en comité de gestion. Nous pouvons ainsi parler des bons coups, des moins bons, des projets, etc. », souligne Mme Bouchard.

Partenariat

Tout récemment, Béton Multi Surfaces a signé un partenariat avec l’entreprise de Québec Granit Castello, dont l’une des propriétaires est originaire de la région. Cette entente lui permet de proposer une plus large variété de matériaux pour les comptoirs en ajoutant le quartz, le granit, les surfaces compactes et les pierres naturelles. « Nous n’avions jamais pensé vendre ces surfaces, mais nous nous sommes rendu compte qu’il y avait beaucoup de demandes pour ça. De plus, il n’y avait pas de surfaces ultracompactes offertes dans la région, c’est un gros plus que nous fournissons avec Granit Castello », révèle la directrice marketing.

Le partenariat positionne l’entreprise de Chicoutimi comme un guichet unique en matière de surfaces de comptoirs. « Avant, les clients venaient, par exemple, choisir un lavabo en terrazzo et ensuite faire un autre magasin pour dénicher leur comptoir en granit. Là, ils font un arrêt et trouvent tout », affirme Frédérique Bouchard.

En vertu de l’entente, Granit Castello fabrique les comptoirs dans son usine de Québec, mais c’est Béton Multi Surfaces qui s’occupe des ventes, de la livraison et de l’installation dans la région. « Ce sont nos mêmes équipes qui vont poser tous les produits chez les clients. Comme nous livrons déjà à Montréal une fois par semaine, nous allons récupérer les commandes avec le même camion sur le chemin du retour », explique Mme Bouchard.

Autre bénéfice pour l’entreprise de Saguenay : les installations de comptoirs en provenance de Granit Castello viendront combler des temps morts pour son équipe. « De 75 à 80 % de notre production s’en va à Montréal, donc on ne remplit pas un horaire d’installation avec le volume régional. Nous avons aussi tous les équipements pour pouvoir ajouter une deuxième équipe. »

Croissance

Béton Multi Surfaces connaît une belle croissance depuis quelques années. Oeuvrant principalement dans le résidentiel au départ, elle a opéré un virage rapide après la pandémie, alors que 70 % de ses activités se trouvent maintenant dans le secteur commercial, tant pour la fabrication que la construction.

L’entreprise a d’ailleurs obtenu deux importants contrats à Montréal. Ceux-ci lui permettront de doubler son chiffre d’affaires cette année. « Il s’agit de la fabrication et de l’installation de marches en terrazzo pour deux écoles. Nous allons envoyer nos équipes faire la pose sur place », précise Frédérique Bouchard.

D’autres projets seront menés en 2024 pour les propriétaires de Béton Multi Surfaces, dont le lancement de leur propre marque de lavabos en béton ou terrazzo, Sinko. « Nous voulons les proposer dans les magasins de plomberie spécialisée. Nous aimerions faire rentrer cette marque dans tout le Canada, puisqu’il s’agit d’un produit qui s’expédie bien et qui peut être installé par des particuliers. Nous prévoyons une ligne dédiée à la fabrication de ces lavabos », dévoile la directrice marketing.

Afin de poursuivre cette croissance, l’entreprise a engagé quelque sept travailleurs marocains, qui se joindront à l’équipe de près de 25 personnes. « Nous sommes allés les recruter au mois de juin 2023 et le premier devrait arriver sous peu. Ils seront surtout dirigés vers la division construction, mais quelques-uns seront dans l’usine », conclut Mme Bouchard.

Béton Multi Surfaces investit en technologie

SAGUENAY – Béton Multi Surfaces investit dans son virage technologique. Elle vient d’acquérir des polisseuses téléguidées pour sa division construction, ainsi que des équipements pour son usine de fabrication.

L’acquisition de ces équipements a nécessité un investissement d’un peu plus de 200 000 $. Se spécialisant dans le béton coulé et poli ainsi que le mobilier en béton et terrazzo, l’entreprise de Chicoutimi avait acheté deux premières polisseuses téléguidées en 2022. Devant le succès de cette technologie, les dirigeants ont choisi d’en ajouter deux nouvelles, arrivées d’Italie en mars. On a fait affaire avec une compagnie régionale, Garrett Industriel, pour l’acquisition de ces équipements. […] Comme ils sont automatisés, il n’y a personne qui les pousse. Le mouvement est toujours égal. Ils sont beaucoup plus gros que les machines traditionnelles, ce qui permet de polir plus de surface. Le fini est plus beau aussi", indique Frédérique Bouchard, directrice marketing de Béton Multi Surfaces.

Les nouveaux équipements augmentent la productivité pour le polissage des planchers de béton, tout en nécessitant moins de travailleurs. "Nous avons réalisé le plancher du nouveau Métro d’Arvida. C’est une superficie de 15 000 pieds carrés que nous avons faite en cinq jours, avec seulement quatre employés. Avec le même nombre de personnes sur deux quarts de travail, ça nous aurait pris un mois avec les anciennes machines", mentionne M. Bouchard.

Celle-ci ajoute que la tâche est beaucoup moins ardue physiquement pour les travailleurs qu’avec des polisseuses dirigées manuellement. "Les équipements manuels ont un moteur, mais il faut quand même les manœuvrer. Avec les téléguidés, ça sauve du temps et ça fatigue moins les gens. Ils sont dotés de systèmes d’aspiration très performants", souligne la directrice marketing.

L’entreprise possède encore plus d’une dizaine de machines manuelles, réservées principalement aux travaux résidentiels. Les propriétaires prévoient les remplacer par des téléguidées progressivement lorsqu’elles seront désuètes. "Nous sommes maintenant dans les compagnies au Québec qui ont le plus de polisseuses automatisées", précise Frédérique Bouchard.

Fabrication

Béton Multi Surfaces a également investi plus de 200 000 $ du côté de son usine de fabrication pour l’achat d’un équipement semi-automatisé pour le polissage et d’un pont roulant. "La nouvelle machine nous permet de polir vraiment plus vite et plus efficacement", affirme Mme Bouchard.

Le pont roulant a été préparé sur mesure par le manufacturier régional JMY. "C’est un gros plus pour la sécurité des lieux. Pour la manutention, ça va beaucoup plus vite pour déplacer les pièces aux bons endroits dans l’usine", explique Frédérique Bouchard.

Celle-ci souhaiterait aussi introduire des machines CNC pour la découpe dans l’usine, mais il s’agit d’un dossier plus complexe à réaliser. "Nous continuons notre magasinage. Toutefois, nous sommes dans un dilemme entre fabriquer plus de matière pour découper ensuite ou, comme nous le faisons actuellement, produire seulement le volume dont on a besoin pour la pièce, ce qui ne crée pas de retailles", révèle la directrice marketing. Avec cette méthode, Béton Multi Surfaces emploie de la mélamine déclassée pour faire ses moules, puis réutilise ces matériaux pour l’emballage. Le surplus de béton liquide est récupéré pour réaliser des objets décoratifs.

Les propriétaires évaluent cependant la possibilité de se positionner comme un manufacturier de surfaces en béton et terrazzo. Cela leur permettrait de vendre les dalles aux fabricants de comptoirs, qui eux, tailleraient la matière. Ce virage nécessiterait l’implantation une chaîne de polissage automatisée, un investissement de plus de 1 M$. C’est un projet à long terme", conclut Mme Bouchard.

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