Ce texte fait partie d'un dossier sur le déconfinement paru dans le journal de mars d'Informe Affaires.
SAGUENAY – Avec la levée récente de l’essentiel des mesures sanitaires, les industries de l’hôtellerie et de la restauration se préparent à relever un autre défi de taille : celui de la main-d’œuvre.
Avec la levée des restrictions et la réouverture des salles à 100 % de leurs capacités, les industries de l’hôtellerie et de la restauration devront faire face à un autre enjeu majeur : celui de la main-d’œuvre. Déjà présent, il s’est accentué au cours des derniers mois alors que plusieurs travailleurs, devant l’instabilité de la situation dans ces secteurs, ont choisi de se diriger vers d’autres domaines.
« L’enjeu, ce n’est pas tant le retour de la clientèle que de s’assurer d’avoir la main-d’œuvre nécessaire pour être ouverts à 100 %. Ça, ça va être un véritable défi. Le fait d’avoir eu une prévisibilité du plan de déconfinement a permis aux exploitants de planifier et de recruter. Mais ça va demeurer compliqué. Ce ne sont pas tous les restaurateurs qui vont être capables d’être à 100 % de personnel pour répondre à toute la capacité », prévoit Martin Vézina, porte-parole de l’Association Restauration Québec (ARQ).
Plusieurs devront donc faire des choix en ce qui a trait à la façon de poursuivre leurs activités. Selon M. Vézina, ceux-ci n’impliqueront pas forcément de réduire la capacité des salles. Ainsi, on voit de plus en plus de restaurants fermés le lundi et le mardi. D’autres pourraient choisir de ne pas ouvrir sur l’heure du dîner.
« Les restaurateurs vont se concentrer vers les moments où c’est le plus payant. Il faut donner du répit à notre personnel aussi. L’industrie augmente les salaires, travaille sur son attractivité, mais tous les secteurs cherchent des employés et il y en a qui bénéficient de programmes de requalification du gouvernement. Ce n’est pas facile de recruter. »
Un gros enjeu
Même son de cloche du côté de l’Association Hôtellerie Saguenay–Lac-Saint-Jean. « C’est un gros enjeu, la main-d’œuvre, parce que dans notre secteur, c’est très périodique. Il y a des moments où c’est plus actif, des temps morts, donc les employés, c’est déjà difficile à planifier. Quand il y a plusieurs arrêts comme nous avons connu, c’est impossible de garder tous les travailleurs sur ta liste de paie. Il y a beaucoup d’employés qui se sont tannés et qui ont choisi de partir dans d’autres secteurs », rappelle Anne-Marie Boudreault, directrice générale de l’organisme.
Les hôteliers doivent aussi repenser la façon dont ils offrent les services et mettent en œuvre différentes solutions. « Ils sont passionnés et créatifs. Je pense qu’ils font leur maximum pour être prêts à rouvrir à 100 %, mais avec certaines conditions ou limites pour être en mesure de fournir un excellent service à la clientèle malgré le manque de main-d’œuvre. » La plus grande stabilité apportée par la levée des mesures sanitaires pourrait aussi contribuer à ramener des travailleurs dans l’industrie.
Des craintes
L’industrie craint que le manque de main-d’œuvre puisse nuire à la relance. Tout le secteur est mobilisé à l’échelle québécoise pour tenter de trouver des solutions. Le milieu touristique travaille également sur le sujet. « Est-ce qu’on peut engager à l’étranger ? Est-ce que des règles pourraient être assouplies pour qu’on puisse le faire plus rapidement ? […] Nous tentons aussi de redorer l’image du tourisme, de la restauration, des métiers du secteur de l’hôtellerie. Nous travaillons avec les écoles aussi. Beaucoup de gens se mobilisent par rapport à cet enjeu », mentionne Mme Boudreault.
L’ARQ souhaiterait aussi voir le gouvernement étudier des allégements aux règles afin de permettre aux restaurateurs d’aller chercher des travailleurs temporaires à l’étranger, un peu comme c’est le cas pour le secteur de l’agriculture, par exemple. La valorisation des métiers de la restauration est également à l’ordre du jour.
« Avec les cycles de fermetures, nous avons perdu beaucoup d’employés de carrière dans certaines régions. L’instabilité a inquiété les gens qui sont partis vers d’autres industries. Il faut leur démontrer que la restauration va redevenir un secteur stable », évalue M. Vézina.