ST-HONORÉ– La popularité de la chasse ne faiblit pas au Saguenay–Lac-Saint-Jean et la relève ne s'en porte que mieux, selon Bruno Tremblay, boucher de formation et également maire de Saint-Honoré.
Celui-ci fréquente assidûment ce milieu de façon professionnelle depuis près d'une trentaine d'années. Il possède, en effet, une entreprise de débitage de gibier reconnue par le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation (MAPAQ), en plus d'avoir évolué pendant plus de deux décennies dans le secteur de l'épicerie à Saint-David-de-Falardeau où il a été propriétaire d'un commerce de ce genre pendant 14 années.
« Je constate qu'il y a un nombre croissant de jeunes et de femmes qui se découvrent un goût pour la chasse au gros gibier. Je vois beaucoup de rose dans ma pratique de débitage. La relève est assurée ; elle pourra compter sur un cheptel en santé et en nombre suffisant tant que la gestion actuelle de la grande faune continuera d'être appliquée. Par exemple, l'année dernière, des chasseurs m'ont dit avoir aperçu 2,3,4 femelles sur leur territoire. C'était du jamais vu, selon eux ».
La chasse à la femelle orignal est désormais permise aux deux ans seulement, d'où cette augmentation de leur présence, selon les experts.
La pandémie et la sécurité contribuent également au maintien de la popularité de la chasse, estime Bruno Tremblay. « C'est plus sécuritaire pour certains de rester ici que de passer des vacances au Mexique, en tout cas c'est ce que j'entends. Tant mieux, l'argent reste dans la région. Il y a aussi le fait que plusieurs amateurs et des nouveaux adeptes trouvent plus rentable de remplir leur congélateur que de dépenser des milliers de dollars à se faire bronzer sur une plage ».
Programme " Relève et mise en valeur de la faune "
Le gouvernement québécois a soutenu, en 2022-2023 au coût de 618 000 $, 45 projets fauniques régionaux dans le cadre de son programme « Relève et mise en valeur de la faune ». Cette initiative vise à favoriser les activités de chasse, de pêche et de piégeage.
Cinq projets totalisant 68 882 $ ont été retenus au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Ils concernent les écoles Jean-Gauthier (Alma), Notre-Dame-du-Rosaire (Lamarche) et Sainte-Hélène (Saint-Henri-de-Taillon). La Corporation de la rivière Saint-Jean (pêche au saumon) et l'Association des trappeurs du Saguenay–Lac-Saint-Jean ont également bénéficié financièrement de ce programme.
Cerf de Virginie
Depuis 2005, la chasse au cerf de Virginie sous certaines conditions est autorisée au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Les mâles seuls peuvent être abattus, toutefois.
En 2022, pour ce type de chasse, la récolte a été de 190 cervidés. Il s'agit d'une augmentation appréciable par rapport aux années précédentes ; celle-ci se chiffrait à moins de 70 spécimens entre 2005 et 2019.
L'autorisation de la chasse au cerf de Virginie donne lieu à un effet positif sur le nombre d'adeptes, selon Bruno Tremblay. « Oui, il y a un impact. Ces cervidés sont plus gros qu'auparavant, leur population a augmenté, on voit qu'ils sont bien nourris. De plus, ils fréquentent des zones plus accessibles que les orignaux, ils sont plus près des centres urbains ».
Nouvelles techniques et sensibilisation accrue
L'arrivée sur le marché de nouveaux équipements performants, en particulier en matière d'électronique, ainsi que le développement des techniques de pistage et une sensibilisation accrue aux règles de base de la sécurité alimentaire à l'étape du débitage, ne sont pas étrangers à la popularité de la chasse et à l'augmentation du nombre d'adeptes, affirme Bruno Tremblay.
« Je ne me ferai pas que des amis, mais je constate que les chasseurs de la relève font mieux les choses que certains de leurs prédécesseurs. Pour la plupart, ces derniers ont puisé leurs connaissances uniquement dans à la tradition orale ; il y avait de bonnes pratiques, mais ce n'était pas toujours le cas, malheureusement. De nos jours, avec les téléphones cellulaires, YouTube et toute la panoplie de références et d'instruments qui en découlent, la chasse s'ouvre à davantage de gens désireux d'apprendre. En ce qui me concerne, je continue à faire de l'éducation auprès de mes clients, je n'hésite pas à les informer qu'ils font mal les choses si l'occasion se présente et ils ne se font pas prier pour suivre mes conseils. Je n'hésite pas à dire que j'ai une belle qualité de chasseurs et que la relève suit ».