SAINT-FÉLICIEN – La Maison Marc Leclerc est une entreprise familiale qui offre des services funéraires à Roberval, Saint-Félicien et Dolbeau-Mistassini. Accueillant plus de 450 familles endeuillées annuellement, la PME jeannoise est bien au fait de son secteur d’activité. Si un changement dans les rituels se fait remarquer, leur importance demeure, selon le directeur général, Yves Leclerc.
« C’est un travail d’éducation que nous devons faire auprès de la population. Il est important d’expliquer l’importance des rites funéraires sur le processus de deuil; des études le démontrent. Dire un dernier au revoir à un être cher aide à accepter son départ », explique Yves Leclerc, qui souligne que 80 % des défunts sont exposés dans ses complexes contre 20 % qui sont directement incinérés. « À Montréal, c’est l’inverse. Les gens sont très peu exposés pour un paquet de raisons. Il y a un effort à faire du côté des entreprises funéraires pour proposer des cérémonies et des rites personnalisés. »
En effet, des changements dans les rites funéraires s’opèrent, entre autres, par l’abandon de certaines croyances religieuses. Le secteur en prend compte et s’adapte. « Dans les dernières années, nous avons refait à neuf nos trois installations. Un investissement d’environ trois millions de dollars a été nécessaire afin d’intégrer des chapelles, des salles de réception, des salles de réflexion et de rassemblement. On parle maintenant de complexes au lieu de salons. L’idée est d’offrir un coffre à outils aux familles afin qu’ils commémorent la mémoire de leur proche comme ils l’entendent. La cérémonie à l’église aura toujours sa place, mais une exposition d’une heure avec de la musique suivie d’une envolée de ballons peut être tout aussi valable. »
Un vent technologique
La pandémie aura bouleversé tous les secteurs d’activités confondus et particulièrement le domaine funéraire. Fonctionnant 24 heures sur 24 et sans congé, les PME comme la Maison Leclerc ont dû composer avec des restrictions parfois crève-cœurs. « Je pense surtout aux deuils très difficiles, comme les accidentés. Limiter l’accès aux membres de la famille pour l’exposition, ça n’a pas été quelque chose de simple et de souhaitable. Aujourd’hui, les mesures sanitaires ont été revues à la baisse et nous pouvons accueillir une cinquantaine de personnes à la fois. Avec un système de rotation mis en place, nous sommes en mesure de recevoir jusqu’à 300 individus. Ce qui change la donne, c’est l’arrivée des technologies de diffusion », explique Yves Leclerc.
La webdiffusion et l’exposition virtuelle sont deux éléments que la Maison Marc Leclerc a intégrés à ses services au plus fort des restrictions sanitaires. Une véritable révolution, selon le directeur général, qui compte conserver cette proposition pour l’avenir. « Parfois, les familles sont très grandes, je pense à cette dame qui avait 13 enfants… Les membres peuvent se trouver partout dans le monde, mais quand même désirer assister aux funérailles. L’exposition virtuelle permet ça. Nous avons eu un cas où, après deux heures de diffusion en ligne, nous avions eu 1200 visiteurs. Au total, 5000 personnes étaient venues rendre un dernier hommage à la personne. »
Une famille qui se tient
L’entreprise jeannoise compte trois complexes funéraires et une quarantaine d’employés à temps plein et partiel. Véritable moteur économique sur son territoire, la Maison Marc Leclerc octroie des contrats à l’année à une quinzaine de firmes, permettant ainsi à de plus petits joueurs, comme des fleuristes, d’obtenir des revenus. « Au cours de la dernière année, nous avons eu une augmentation de 16 % au niveau de la clientèle. Une croissance qui ne serait pas reliée à la COVID, mais par nos efforts à développer de nouveaux marchés autour de nos complexes. » L’objectif à moyen terme pour l’entreprise serait de poursuivre sa croissance afin d’utiliser ses complexes au maximum de leur capacité.
La main-d’œuvre n’étant pas une problématique, Yves Leclerc se dit chanceux d’avoir une relève au sein de sa famille. « C’est une belle entreprise familiale que nous avons et la relève se dessine déjà du côté des thanatologues. Présentement, tous mes postes sont occupés et je ne cherche pas à engager », conclut le directeur.