Auteur

Karine Boivin Forcier

NDLR: Ce texte est le deuxième d'un dossier sur l'économie sociale paru dans notre journal de mars. Pour lire l'autre texte du dossier, c'est par ici.

SAGUENAY – Dans la région, le secteur de l’économie sociale est un environnement dynamique où plusieurs projets sont d’ailleurs en développement. En voici quelques-uns.

ALIRA – Groupe Inter-Action Travail (GIAT), Alma

Le projet ALIRA, pour Alliance interaction ressources humaines et matérielles atypiques, vise à effectuer un jumelage entre des entreprises et des organismes qui offrent du travail saisonnier, permettant ainsi de partager des travailleurs ou des ressources matérielles. « L’objectif premier, c’est d’augmenter les heures de travail des employés. […] C’est aussi une piste de solution pour les problèmes de rareté de main-d’œuvre. Notre programme est régional », précise le directeur du GIAT, René Labbé.

Une plateforme informatique structurée par le GIAT, où les entreprises et travailleurs peuvent s’inscrire, permet d’effectuer le maillage. « Nous, on irait chercher le profil du travailleur pour qu’on l’envoie dans un emploi qui lui correspond, qui répond à ses besoins. […] Il s’agit aussi de faire correspondre les périodes de travail des deux entreprises. Le gros avantage, c’est qu’ensuite, l’employé reviendra plus facilement d’année en année », mentionne M. Labbé.

Le programme, encore à l’étape du prédémarrage, vise toutes les entreprises qui ont des besoins temporaires. Le GIAT prévoit ainsi développer un principe d’adhésion prévoyant l’obtention d’une carte de membre et l’analyse du personnel de l’entreprise en échange d’une inscription payante. « D’ici trois ans, notre objectif est de créer quatre nouveaux emplois au sein de notre organisme et de réduire notre utilisation de fonds publics, pour finir par s’autofinancer », précise le directeur. L’organisme travaille actuellement avec trois ou quatre entreprises. Il a également fait des demandes de subvention pour augmenter les ressources destinées à ce projet.

Living Lab – Table locale en économie sociale, MRC Maria-Chapdelaine

Du côté de la MRC Maria-Chapdelaine, plusieurs intervenants travaillent à développer un projet de Living Lab dans le secteur de la restauration en milieu rural. « Nous avons 19 entreprises qui opèrent de la restauration, peu importe le secteur. On les a tous regroupés […] pour chercher ensemble des façons de réduire les coûts et leur permettre de réseauter entre eux », indique la conseillère en développement social pour la MRC Maria-Chapdelaine, Carole Richer.

Mme Richer affirme que plusieurs entrepreneurs dans ce domaine éprouvent différentes difficultés, notamment en termes de coûts et de recrutement de main-d’œuvre. Le but de constituer un Living Lab est de pouvoir expérimenter pour trouver une formule gagnante. Cette Table des restaurateurs regroupe divers intervenants du domaine, dont des propriétaires de restaurant, des chefs, des gérants. « Tous ces gens se rencontrent, discutent, confrontent des idées. […] Nous avons un comité de pilotage, mais les ateliers sont animés par un consultant selon les techniques liées à l’innovation », explique la responsable.

À terme, le projet pourrait ouvrir la porte à la création d’une entreprise d’économie sociale, par exemple pour l’échange de personnel, le partage de ressources communes, etc. Le modèle qui ressortira de la démarche pourrait aussi être partagé avec d’autres milieux ruraux afin qu’ils puissent s’en inspirer. « On pense qu’à l’été 2020, on pourrait aboutir à quelque chose d’intéressant », conclut Carole Richer.

Réseauter et stimuler les projets

(K.B.F.) – Afin de permettre le réseautage des acteurs du domaine et stimuler les projets, des tables locales d’économie sociale sont présentes dans chaque MRC de la région. Ces tables collaborent avec ESSOR 02 dans sa mission de promotion et de développement.

Dans la MRC Maria-Chapdelaine, par exemple, la table locale constitue un véritable réseau. « J’ai toujours au-dessus de 20 personnes qui participent à chaque séance. Ce sont toutes des entreprises d’économie sociale qui ne font pas déjà partie d’un réseau », indique Carole Richer, conseillère en développement social pour la MRC Maria-Chapdelaine

La mobilisation et le soutien aux entreprises d’économie sociale sont aussi au cœur des priorités de la table de la MRC du Domaine-du-Roy, qui regroupe également les organisations de la communauté de Mashteuiatsh œuvrant dans ce domaine. Les discussions permettent de cibler les priorités des entreprises et les sujets qui les interpellent.

Les tables peuvent aussi être un incubateur ou un levier pour différentes initiatives. « Nous allons mettre en place un groupe de travail pour déceler les trous de service qui pourraient être comblés par des entreprises d’économie sociale. […] On veut voir avec les acteurs qu’on connaît ou des organismes qui pourraient répondre à ces besoins. On pourra voir également si cela vaut la peine de mettre une nouvelle entité sur pied », illustrent la responsable du développement du territoire à la MRC et directrice du CLD du Domaine-du-Roy, Annie Fortin, et l’agente au développement du territoire de la MRC, Jacynthe Brassard.

Plusieurs MRC ou CLD offrent aussi de l’accompagnement ou du financement aux entreprises d’économie sociale de leur territoire. « Il y a des défis pour certains projets collectifs, mais ils apportent une richesse avec le mélange de plusieurs idées. L’économie sociale a des retombées dans le milieu, la collectivité profite des projets. […] C’est notre rôle de les accompagner, d’aider à leur démarrage, etc. », affirment Andrée Pilote, conseillère en développement, et Marc Moffat, directeur général de la CIDAL.

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