Alexis Brunelle-Duceppe, Marc Asselin et André Paradis ont travaillé pour l’usine de Produits Forestiers Résolu à Alma. Les trois élus réclament plus de transparence et de communication de la part de l’entreprise et plus largement, des investissements du gouvernement fédéral en recherche et développement pour donner un nouveau souffle à l’industrie forestière.
Soyons clairs et qu’on ne nous méprenne pas : nous croyons que les grands employeurs sont des acteurs économiques essentiels pour notre communauté et notre région. Cela dit, même si nous devons nous compter privilégiés de cohabiter avec des entreprises de cette envergure, elles doivent aussi se compter privilégiées d’avoir accès à d’abondantes ressources naturelles et une main-d’œuvre compétente. De cet équilibre souvent imparfait doit naître une relation de confiance basée sur la communication et la compréhension de part et d’autre.
Soyons encore plus clairs, les récentes mises à pied chez Produits Forestiers Résolu demeurent entourées d’un voile d’incertitude pour les citoyennes et citoyens de même que pour leurs élus. La longue relation entre notre communauté et l’entreprise commande qu’elle tienne un discours transparent sur les causes de ces mises à pied.
Le 26 mai dernier, la direction de PFR a rencontré un groupe d’élus à ce sujet. Nous saluons l’initiative, mais cette rencontre n’a pas eu d’écho dans la population. De plus, nos questionnements n’ont pas fait l’objet de suivi de la part de l’entreprise. Nous réclamons donc ce suivi, mais surtout, plus d’explications pour les gens que nous représentons, ils le méritent.
En fait, si la COVID-19 explique vraiment une partie de la situation, nous invitons PFR à jouer cartes sur table. Divers programmes gouvernementaux existent pour pallier les effets de la pandémieet notre soutien leur a été offert à maintes reprises. L’entreprise compte-t-elle y recourir et dans la négative, peut-elle donner les raisons de ne pas s’en prévaloir ?
Nous présumons de la bonne foi de PFR, mais nous ne saurions cautionner des congédiements ou des mises à pied non justifiées. C’est notre devoir, tant politique que personnel, de soulever ce questionnement, valide pour tous les grands employeurs.
Ottawa
Malgré le rôle incontestable de l’industrie forestière elle-même, il ne faut pas oublier qu'une iniquité l’a considérablement affligée, celle de l’entêtement répété d’Ottawa à financer le secteur énergétique. Cette série de décisions, spécifiquement pour les sables bitumineux, a coûté près de 70 milliards de dollars au fil des ans sans compter les congés fiscaux dont ils ont bénéficié. Ces choix politiques ont fragilisé l’industrie forestière à plusieurs égards.
D’une part, en gonflant la valeur du dollar canadien, le pétrole a rendu les exportations de bois et de matières en découlant beaucoup moins concurrentielles, rendant chaque conflit commercial avec les États-Unis plus difficile à supporter. D’autre part, en mettant tous nos œufs dans un seul et unique panier, celui des énergies fossiles, le Canada a laissé s’accumuler un déficit énorme en recherche et développement dans l’industrie forestière.
Cet état de fait ne peut pas être ignoré, mais on ne peut revenir en arrière. Cependant, si le Canada a réussi à rendre rentables les sables bitumineux, longtemps considérés inexploitables, il peut assurément réussir à faire de l’industrie forestière le fer de lance de la reprise industrielle et scientifique canadienne.
L’opportunité qui s’offre à nous est enfin doublement importante : relancer une économie meurtrie par un virus inattendu et moderniser une industrie qui est structurante pour les régions du Québec. Le gouvernement fédéral en prendra-t-il acte ?
À propos des auteurs
Alexis Brunelle-Duceppe, député de Lac-Saint-Jean
Marc Asselin, maire d’Alma
André Paradis, préfet de la MRC Lac-Saint-Jean-Est et maire de Saint-Henri-de-Taillon