MASHTEUIATSH - La communauté innue de Mashteuiatsh (Pekuakamiulnuatsh Takuhikan) a récemment conclu une entente historique avec Hydro-Québec pour le développement du mégaparc éolien Chamouchouane. Ce partenariat marque une étape clé dans la stratégie énergétique de la communauté, qui continue de renforcer son autonomie en misant sur des projets d'énergie communautaire.

Depuis les années 1990, cette approche a permis de tirer profit de projets comme les minicentrales hydroélectriques de Val-Jalbert et de la 11e chute, contribuant à bâtir une expertise reconnue à travers le Québec.

En entrevue avec Informe Affaires, le chef de bande des Pekuakamiulnuatsh, Gilbert Dominique, mentionne que ces opportunités dans la filière énergétique ont placé la communauté en tant que référence en matière de projets communautaires. " Pour nous, c'est clair qu'avec les projets comme ceux de Val-Jalbert (2015) et de la 11e chute (2017), on a pu solidifier notre expertise. Ces initiatives ont fait de Mashteuiatsh un modèle en matière de projets énergétiques communautaires, et aujourd'hui, d'autres communautés et municipalités nous interpellent pour apprendre de notre approche ", souligne-t-il.

La centrale Minashtuk, située sur la rivière Mistassibi à proximité de Dolbeau-Mistassini, a été le premier projet énergétique entrepris par la communauté innue, en plus de marquer un premier partenariat avec Hydro-Québec. Ce projet a permis de définir les principes clés d'un développement durable.

" Au départ, ce n'était pas une réussite sur le plan financier, mais ça nous a permis de développer nos connaissances et nos expertises. Pour nous, c'est clair que ça a été le point de départ qui nous a permis de développer nos connaissances et notre expertise qui profitent aujourd'hui et qui créent des revenus autonomes pour nous développer ", explique Gilbert Dominique.

Un savoir-faire qui suscite l'intérêt

D'autres communautés autochtones et même des MRC s'intéressent au modèle mis en place par Mashteuiatsh."On a été interpellés par d'autres municipalités et d'autres Premières Nations au Québec pour apprendre de notre modèle. Présentement, Mashteuiatsh est impliqué dans des projets avec Énergie Matawak, Énergie Renouvelable Onimiki et Énergie communautaire de la rivière Batiscan, des partenariats qui démontrent la confiance de différents milieux en notre expertise," explique le chef de bande.

Au fil des années, Mashteuiatsh a su tisser des liens solides avec les MRC Domaine-du-Roy et Maria-Chapdelaine, un partenariat qui s'est développé de manière naturelle grâce à une vision commune du développement régional. Ces collaborations stratégiques sont nées d'une volonté partagée de maximiser les retombées économiques et sociales pour toutes les parties. " On a pris l'initiative d'inviter deux préfets à une table de discussion chez nous, et on s'est entendus pour créer une approche collective plutôt que de se diviser sur les meilleurs sites", raconte-t-il.

"On dit toujours qu'on ne peut pas se développer en mettant une cloche de verre sur notre communauté. Les retombées vont être plus optimales, autant chez nous que chez nos voisins", affirme Gilbert Dominique, soulignant l'importance d'une approche collective pour maximiser les bénéfices économiques et sociaux.

Après les minicentrales : l'éolien

Après avoir constaté que le potentiel de développement des minicentrales dans la région devenait plus limité, Mashteuiatsh a décidé d'utiliser la force du vent pour en tirer des bénéfices. Le projet de mégaparc éolien en cours de développement pourrait être réalisé en partenariat avec Hydro-Québec et les MRC voisines. Le projet pourrait représenter une nouvelle étape pour la communauté.

" Nous avons déjà été partenaires dans des projets éoliens, comme celui de la rivière du Moulin, mais un projet de l'ampleur du mégaparc Chamouchouane avec Hydro-Québec, c'est du jamais vu. Nous ne savons pas encore si ce sera un modèle 100 % communautaire ou si le privé y sera intégré. Ce qui est certain, c'est que notre participation et les retombées pourraient être beaucoup plus significatives que celles du projet de la rivière du Moulin, où nous n'avons que 5 % des parts ", fait savoir le chef de bande.

Ces infrastructures de production d'électricité étant la propriété de la communauté, les retombées financières contribuent activement à valoriser sa culture. "Les retombées nous ont permis de renforcer notre langue et notre culture, tout en créant des emplois et en consolidant notre économie locale", de conclure M. Dominique.