DOLBEAU-MISTASSINI – L’organisme Un lac pour tous travaille, entre autres, à prévenir l’apparition d’espèces aquatiques envahissantes dans le lac Saint-Jean. Au Québec, le nettoyage de la coque des navires de plaisance est généralement exigé par les autorités avant de profiter d’un plan d’eau. Une pratique qui n’est pas appliquée ici.
Financé en grande partie par les trois MRC se trouvant autour du lac Saint-Jean, l’organisme Un lac pour tous a pour mission d’instaurer une gestion collective, responsable et durable du lac en visant l’équilibre entre les enjeux environnementaux, sociaux et économiques. « Nous sommes là pour rattraper les dossiers qui pourraient être échappés. Plusieurs enjeux comme l’acquisition de connaissances sur les espèces aquatiques ou encore la gestion des berges sont des aspects qui doivent être pris en compte par Rio Tinto, les MRC, les communautés autochtones ainsi que les gouvernements. La pluralité des intervenants sur les dossiers peut compliquer les choses. Nous servons de courroie de transmission et d’agent sur le terrain », explique Joëlle Guérin, coordonnatrice chez Un lac pour tous.
D’ailleurs, c’est l’organisme qui a la tâche de développer une solution pour réduire le risque d’intrusion d’espèces nocives dans le lac Saint-Jean. Une mission pour laquelle l’équipe s’investira cet été. « Il faut mettre sur pied un vaste réseau de stations de lavage de coque de bateau. C’est une mesure qui pourrait réduire l’intrusion de contaminant provenant d’autres lacs. Nous sommes chanceux, le lac Saint-Jean, mise à part la barbotte brune, ne présente pas d’espèces aquatiques envahissantes. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il faut intervenir rapidement à titre de prévention. »
La coordonnatrice souligne que le défi pour cette initiative réside dans l’étendue des stations de lavage à déployer. « À l’époque, Alcan avait fait un cadeau aux riverains en aménageant plusieurs descentes de bateau publiques. Au total, il existe 26 de ces installations en plus de centaines qui sont privées. Un travail d’éducation est donc au menu pour informer la population des risques d’introduire dans le lac des embarcations nautiques provenant de l’extérieur. Nous devons également trouver le moyen de fournir le service de nettoyage gratuitement afin d’encourager au maximum la pratique. »
Une vaste étude scientifique
Un projet d’une durée de neuf ans est en cours sur le Piékouagami et vise le recensement des populations de poissons de fourrage. « Ce sont des espèces peu connues de la population parce qu’elles ne sont pas pêchées. Communément appelés méné, ces poissons sont essentiels puisqu’ils se trouvent au bas de la chaîne alimentaire et sans cette biodiversité, le doré, le brochet et la ouananiche pourraient disparaitre par manque de nourriture. Depuis 1986 avec le plan d’aménagement des berges, on constate une baisse dans les populations de méné. La raison n’est pas encore trouvée et l’étude a pour objectif de récolter un maximum d’informations sur les espèces afin de faire des corrélations. C’est un projet scientifique dirigé par l’UQAC et financé par Rio Tinto. Notre organisme coordonne l’ensemble des activités reliées à l’étude qui devrait prendre fin en 2026. » La pêche étend un loisir prisé par les touristes et les riverains, cette dernière découverte concernant la perte de diversité faunique n’est pas de bon augure.
Qualité de l’eau
Plusieurs riverains auraient constaté au cours des dernières années la présence d’algues bleu-vert « cyanobactéries » dans les baies comme celles formées dans les secteurs de Saint-Gédéon et Alma. Ce phénomène est causé, entre autres, par des installations sanitaires non conformes et le phosphore contenu dans certains engrais. « L’organisme fait de l’éducation sur une saine utilisation du plan d’eau et des activités reliées au nautisme. La qualité de l’eau n’est pas une initiative phare pour nous. Toutefois, nous coordonnons un projet de suivi de la qualité de l’eau en collaboration avec L’association Riverains LSJ 2000 », explique Joëlle Guérin.
Le programme dont le financement est déjà prévu jusqu’en 2026 consiste à recueillir des échantillons d’eau sur 10 points GPS différents du lac Saint-Jean. Les données récoltées sont ensuite transmises au ministère de l’Environnement et des actions sont menées. « Notre bassin versant à la particularité d’être alimenté majoritairement par trois grandes rivières : Péribonka, Mistassini et Ashuapmushuan. Cela a pour effet de remplacer toute l’eau du lac au moins quatre fois dans l’année. Pour cette raison, on peut prétendre qu’au niveau de l’eau, le Piékouagami est relativement propre », conclut la coordonnatrice.