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Karine Boivin Forcier

SAINT-LUDGER-DE-MILOT – La Coopérative forestière de Petit Paris a célébré ses 50 ans, en mai, avec une soirée à l’hôtel Universel d’Alma et le lancement d’une vidéo corporative. Regard sur cette entreprise qui a su s’adapter aux changements de l’industrie forestière pour traverser les époques.
Fondée le 6 mai 1968, la coopérative était alors le regroupement de deux syndicats de chantier : le Chantier de l’Union des Cultivateurs Catholiques (U.C.C.) de St-Augustin, fondé en 1949, et le Chantier de l’U.C.C. de Milot, fondé en 1954. Ces deux organisations, d’envergure et de vocation similaires, étaient alors sous-contractantes pour Price Brothers Limited.

Les 30 premières années de la coopérative ont constitué une grande période de développement. « La coopérative s’est adaptée, la progression des chiffres d’affaires et des volumes a été assez remarquable », souligne l’actuel président-directeur général, Alain Paradis. C’est à cette période que l’entreprise a construit son usine de sciage, une façon de garantir du travail pour ses travailleurs, devant la diminution des volumes de bois à couper liée à la possibilité que Price se dirige vers la pâte mécanique pour son usine d’Alma et à l’arrêt du flottage de bois sur la rivière Péribonka.

L’idée de la construction a été lancée en 1978, mais il a fallu près de 10 ans pour qu’elle voie le jour. Le 24 août 1987, les opérations de transformation débutaient à cette nouvelle usine. « Nous avions fait un partenariat avec Consolidated Bathurst à l’époque (1988) qui a duré 27 ans. L’usine appartenait à 50 % à la Coopérative et 50 % à la Consolidated », explique M. Paradis. Ce partenariat permettait à la coopérative de faire travailler ses membres pour approvisionner l’installation, tout en s’assurant de la vente des copeaux et d’un partage des risques. C’est aussi dans cette période que l’entreprise s’est diversifiée pour ajouter les travaux sylvicoles à ses activités forestières.

Une nouvelle crise forestière

C’est au début des années 2000 qu’on voit surgir une deuxième époque de crise forestière. Celle-là est sans précédent. Film l’Erreur boréale, litige du bois d’œuvre, augmentation du coût du carburant, haut dollar canadien, nouveau calcul de la possibilité forestière, coupures de volumes, diminutions des exportations, baisse du coût du bois d’œuvre et menaces de fermetures d’usines en région. « La Coopérative forestière de Petit Paris a fait preuve d’une grande résilience. Nous nous sommes serrés les coudes. Nous n’avons pas arrêté nos opérations, sauf pendant une période de deux mois. Nous avons fait des concessions, nous nous sommes serré la ceinture, mais nous sommes passés à travers », raconte Alain Paradis.

Virage vers la modernité

La coopérative a choisi de prendre le virage vers la modernité entre 2008 et 2010. Elle a effectué une restructuration de ses activités afin d’être prête à faire face aux défis d’aujourd’hui. « Ça a permis à la coopérative de se redéfinir, de se doter de systèmes efficaces et performants pour être capable d’être très compétitive. Ça nous a permis de rétablir les liens de confiance avec les investisseurs », affirme le président-directeur général.

C’est en 2016 que la coopérative rachète finalement les parts de Produits forestiers Résolu (l’ancienne Consolidated) dans l’usine Produits forestiers Petit Paris (PFPP). L’entreprise en profite pour réaliser un premier projet de 4,3 M$ pour l’installation d’une centrale thermique alimentée à partir de biomasse pour produire la vapeur destinée à ses séchoirs à bois. La coopérative a ensuite cédé 48 % de ses actions dans PFFP à trois nouveaux actionnaires (FondAction, Fonds Valorisation Bois et Poutrelles Internationales, afin de d’assurer l’avenir de sa filiale et d’entreprendre la modernisation des lignes de sciage. Ce projet, d’une valeur de 8 M$, a permis à la coopérative de doter l’usine d’équipements à la fine pointe de la technologie.

« On a su s’adapter progressivement au niveau des opérations forestières et se moderniser pour faire face aux défis qui vont survenir », estime Alain Paradis, mentionnant notamment le nouveau régime forestier et la crise du bois d’œuvre actuelle. Pour ce dernier point, l’entreprise sort son épingle du jeu actuellement en raison de la demande élevée de bois d’œuvre aux États-Unis, qui entraîne une hausse des prix malgré le conflit. « Oui, il y a des taxes, mais c’est le consommateur qui paie », précise M. Paradis.

Projets futurs

Actuellement, la priorité pour Coopérative forestière de Petit Paris sera de mettre en œuvre des projets structurants pour écouler les sous-produits de l’usine de sciage, comme les sciures, rabotures et copeaux. « Quand on les écoule, d’un côté, ce sont des revenus, et deuxièmement, ça ne nous limite plus dans la production de bois-d’œuvre. Si nous ne sommes pas capables d’écouler les sous-produits, nous sommes obligés de ralentir la production », explique le président-directeur général.

La coopérative demeure donc à l’affût et travaille afin de développer de nouvelles opportunités. Rappelons qu’elle emploie désormais plus de 225 travailleurs au plus fort de l’été, dont quelque 135 membres-travailleurs. L’usine de sciage emploie quant à elle 110 personnes. Les opérations forestières de la Coopérative Forestière de Petit Paris comportent quatre activités distinctes, soit la construction et l’entretien de routes forestières, la coupe et le façonnage du bois, le chargement et le transport du bois vers les usines et l’entretien de la machinerie appartenant à la coopérative, ainsi que celles appartenant à sa filiale PFPP.

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