MASHTEUIATSH — La première pelletée de terre est prévue au début du mois de juillet si tout se déroule bien dans le cadre du projet de pépinière de 42 M$ à Mashteuiatsh. Les deux femmes autochtones responsables de la pépinière forestière Tshitassinu souhaitent commencer la conception de plans forestiers d'ici 2024.
" Nous sommes excités parce que les dernières étapes de la conception de ce projet sont en branle. C'est une pépinière forestière d'envergure qui deviendra certainement la plus moderne et la plus performante en Amérique du Nord par sa technologie unique. Toutes les machines que nous avons existent déjà aux États-Unis et même au Québec, mais elles ne sont pas assemblées. Tandis que chez nous, les technologies seront filées ensemble afin d'avoir le meilleur de l'industrie à ce jour ", souligne Chloé Arias, actionnaire et directrice de la production.
Une affaire de famille
Cette pépinière forestière est la première détenue en majorité par des femmes autochtones au Canada. Chloé et Stéphanie Arias tiennent ce côté entrepreneur de leur père, Ricardo Arias, qui est dans le domaine forestier depuis près de 30 ans.
" C'est mon ADN, plus jeune je racontais à tout le monde que j'allais faire le même métier que mon père. J'ai travaillé pour lui pendant 13 ans avant de me lancer et quand il est arrivé avec l'idée de la première pépinière dirigée par deux femmes autochtones, j'ai embarqué tout de suite ", confie Mme Arias.
Stéphanie Arias est directrice du service de garderie qui sera offert aux travailleurs de la pépinière et à la population de Roberval. " Ma sœur s'occupe d'un système de garderie qui sera en partenariat avec la pépinière. Ce service est adressé en majeure partie aux travailleurs avec des enfants, mais il y aura également des places pour les gens de Roberval ", ajoute-t-elle.
Un système unique
La pépinière forestière Tshitassinu sera entièrement automatisée et permettra une production variée de 11 à 90 millions de plants forestiers par année selon le gabarit. Son système de congélation permettra à la pépinière de fonctionner sur quatre saisons.
" Le système de reboisement est très long et complexe. En ayant un réfrigérateur, nous allons pouvoir mettre les plans en congélation. Ce principe nous permettra d'économiser sur le transport et sur le temps, en plus de pouvoir fonctionner tout au long de l'année. Avec les changements climatiques, les plans forestiers dégèlent plus vite en pépinière conventionnelle donc il y a beaucoup de pertes, nous pourrons éviter cet aspect également ", explique la directrice des opérations.
La construction sera réalisée en grande partie par des travailleurs locaux, car la famille Arias souhaite faire rouler l'économie du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Avec le manque de main-d'œuvre actuel, l'automatisation est un bon moyen de contrer ce problème.
" En faisant appel à l'automatisation, nous pouvons combler certaines tâches que la main-d'œuvre n'aura pas à faire. Dans une pépinière conventionnelle, c'est près de 100 employés qui sont nécessaires pour exécuter les tâches alors que pour la pépinière forestière Tshitassinu, nous aurons simplement besoin de 30 personnes à l'année.»
Journée nationale des peuples autochtones
Le 21 juin prochain, le Québec réservera cette journée aux peuples autochtones. C'est le mois idéal pour exercer les derniers préparatifs selon Chloé Arias, qui souhaite redonner au peuple innu.
« En tant que femme autochtone, c'est un beau message que je peux transmettre à travers un projet d'envergure comme celui-là. L'entrepreneuriat n'est pas quelque chose de facile en tant que femme, encore moins en tant qu'autochtone. C'est le projet d'une vie, car les arbres que nous allons reboiser seront pour les générations futures et ce seront les poumons de notre forêt. C'est également l'occasion pour moi de relever de nouveaux défis en redonnant à mon territoire et ma communauté ", assure Chloé Arias.