Auteur

Karine Boivin Forcier

SAGUENAY Alliance forêt boréale (AFB) a dénoncé ce matin, lors d’une conférence de presse, le manque d’écoute et d’ouverture du gouvernement de François Legault concernant les modifications du régime forestier. L’organisme considère que les dernières modifications administratives ne sont pas suffisantes et souhaite une réforme en profondeur.

AFB, qui regroupe notamment les élus des communautés forestières du Saguenay–Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord et des travailleurs de l’industrie, a demandé à rencontrer le Premier ministre, mais celui-ci n’a pas saisi l’opportunité. L’organisme avait pu rencontrer le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Pierre Dufour, le 30 avril., mais celui-ci a fermé la porte à toute discussion sur les modifications à apporter au régime. Selon les représentants d’AFB, il leur a affirmé que les 17 modifications administratives effectuées dernièrement étaient suffisantes et leur a demandé d’attendre encore un an ou deux pour voir les résultats. Le document transmis au cabinet du ministre pour obtenir des réponses n’a toujours pas reçu de retour.

AFB considère cette vision comme inacceptable, puisque les communautés attendent depuis assez longtemps. « On ne peut plus attendre des réponses et des résultats qui n’arrivent pas », a souligné la préfète de la MRC Haute-Côte-Nord et administratrice d’AFB, Micheline Anctil. L’organisme estime qu’une perte de 100 000 mètres cubes de bois représente une perte de 300 emplois directs et indirects. Les possibilités forestières préliminaires annoncées en mai par le Forestier en chef prévoient une diminution de 30 000 à 32 000 m3 de bois, soit environ 91 emplois en moins. Cependant, ces prévisions n’incluent pas l’impact de la tordeuse des bourgeons d’épinettes, des aires protégées et de la protection du caribou forestier, qui pourraient affecter grandement cette possibilité, bien qu’on ne puisse pas encore mettre de chiffre.

Attentes déçues

« Le premier ministre Legault avait pourtant été très clair, en juillet 2020, dans son engagement de modifier substantiellement le régime forestier. Force est de constater aujourd’hui que les modifications administratives proposées sont insuffisantes pour respecter l’engagement de M. Legault. Elles sont insuffisantes également pour garantir la survie et la vitalité de l’ensemble de notre industrie forestière dans nos communautés, menacées par la lenteur et l’inefficacité du système, et nous souhaitons travailler de pair avec le gouvernement pour que ça change », affirme M. Pascal Cloutier, président d’Alliance forêt boréale.

« C’est le jour de la marmotte. En mai, l’an passé, on parlait des mêmes enjeux, mais on attendait les annonces. Là, les annonces sont venues, mais on est encore dans les mêmes enjeux qui restent », renchérit Jean-François Harvey, directeur des opérations chez Reboitech et président de l’Association des entrepreneurs en travaux sylvicoles du Québec (AETSQ). La prévisibilité, la flexibilité et la rentabilité ne sont ainsi toujours pas au rendez-vous, malgré les changements apportés, selon AFB.

Être partie prenante

Les communautés forestières souhaitent toujours une véritable réforme du régime forestier afin d’assurer la prévisibilité, la flexibilité et la rentabilité pour l’industrie. Elles souhaitent s’impliquer dans les démarches et être parties prenantes des solutions. Elles affirment être en mesure d’innover et de proposer des pistes pour éviter des baisses de possibilité forestière tout en assurant la réalisation des différents objectifs, notamment pour les aires protégées ou la protection du caribou forestier. « On veut travailler ensemble. Nous, on veut assurer la survie et la pérennité de nos communautés forestières », assure Pascal Cloutier, réitérant le souhait que François Legault accepte finalement de les rencontrer.

Demandes réitérées

AFB demande donc au gouvernement d’Améliorer la Loi des forêts et les éléments dysfonctionnels dans le régime forestier; de Soutenir la sylviculture en investissant davantage afin de pouvoir prétendre atteindre les objectifs fixés dans la Stratégie nationale de production de bois notamment doubler le rendement des forêts d’ici 2050 et améliorer le bien-être des entrepreneurs, des communautés et des écosystèmes forestiers; de Permettre à la forêt de jouer pleinement son rôle dans la lutte aux changements climatiques et dans la relance économique des régions et du Québec en permettant la récolte de matière ligneuse pour l’utilisation du matériau bois et en renforçant les travaux sylvicoles; et de Préserver l’accès à la matière ligneuse (aires protégées, caribou forestier, TBE, etc.) en étant transparent et en impliquant les communautés dans l’élaboration de ces stratégies.

« L’objectif d’AFB demeure toujours le même : des modifications au régime forestier qui vont permettre prévisibilité, flexibilité, agilité et développement économique. Si l’on veut une relance économique dans les régions, des modifications au régime sont nécessaires », a conclu Mme Anctil.

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