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Karine Boivin Forcier

SAGUENAY – Le Saguenay–Lac-Saint-Jean perd des millions de dollars dans le secteur manufacturier en raison de la pénurie de main-d’œuvre. C’est le constat que tire la présidente-directrice générale de Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ), Véronique Proulx, après la rencontre tenue virtuellement ce matin avec une quinzaine d’entrepreneurs de la région.

Mme Proulx rencontrait les entrepreneurs manufacturiers du Saguenay–Lac-Saint-Jean dans le cadre d’une tournée de consultations à travers le Québec, entreprise afin de mettre en lumière les enjeux que vivent ces entrepreneurs en lien avec la pénurie de ressources humaines. « Tous ont des postes vacants qu’ils sont incapables de combler. […] La pénurie est réelle, il y a un sentiment d’urgence. Il faut agir maintenant », estime la PDG de MEQ.

Parmi les enjeux qui lui ont été rapportés ce matin, elle cite l’exemple d’une entreprise qui, si elle réussissait à combler les 20 à 30 postes dont elle a besoin, pourrait augmenter son chiffre d’affaires de 15 M$. Une autre entreprise éprouve tellement de difficulté à combler ses postes qu’elle préfère réduire ses opérations et donc, se priver de plusieurs millions de dollars de revenus par an. « Ce n’est pas une question de salaires ou de conditions. C’est vraiment que le bassin de main-d’œuvre compétente et formée pour les métiers manufacturiers n’est pas assez grand dans la région », précise Véronique Proulx, qui croit que s’il est possible de réduire ses opérations à court terme, ce n’est pas une solution viable à long terme et peut occasionner la perte de clients qui se tourneront définitivement vers d’autres solutions.

Des emplois en moins

La région, et le Québec, se privent aussi d’emplois bien rémunérés, de salaires et de revenus intéressants. « Les entreprises préfèrent engager des gens au Québec, elles offrent des postes bien payés, mais elles ne trouvent pas de travailleurs. Par manque de travailleurs, certaines doivent se tourner vers la sous-traitance, et parfois, la sous-traitance dans d’autres pays », explique Mme Proulx.

En mode solution

La PDG indique que les entreprises manufacturières sont en mode solution, mais ce qui ressort des rencontres effectuées, c’est qu’elles doivent pouvoir compter sur l’appui des gouvernements. C’est que les deux solutions qui ressortent ne peuvent pas être portées seulement par les entreprises. La première consiste à intéresser plus de travailleurs, et notamment les femmes et les jeunes, aux métiers manufacturiers, tels que journaliers, manutentionnaires, soudeurs, techniciens en génie civil, etc. La promotion de ces métiers nécessite donc un engagement gouvernemental.

La seconde solution est de recourir à l’immigration, ce que plusieurs entreprises font déjà. Or, actuellement, le recrutement de travailleurs étrangers permet d’engager des employés pour une période de quelques mois à quelques années. Les entreprises souhaitent toutefois que ces employés demeurent chez elles par la suite et puissent bénéficier du processus d’immigration permanente. « Mais ces travailleurs n’ont pas accès aux services de santé, ne trouvent pas de place en garderie, etc. […] Il faut leur donner accès à un milieu de vie intéressant, sinon ils ne vont pas vouloir rester. Le ministère doit s’assurer de cet aspect-là. Les entreprises investissent énormément pour faire venir ces travailleurs étrangers, certains achètent même des maisons pour les loger. Il faut que le gouvernement investisse de son côté pour permettre aux gens de rester dans la région », conclut Véronique Proulx.

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