Auteur

Karine Boivin Forcier

N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : Équipementiers et fournisseurs | Rouages essentiels de notre économie publié dans notre édition du mois de mars.

SAGUENAY – Les fournisseurs, les équipementiers et les donneurs d’ordres forment une chaîne d’approvisionnement bien structurée dans la région. Celle-ci repose sur des relations étroites entre chaque catégorie d’entreprises qui permettent à toutes d’assurer leur développement.

Selon Serge Desgagné, fondateur du Rendez-vous régional des équipementiers et fournisseurs, il faut d’abord distinguer un équipementier d’un manufacturier. « Ma définition personnelle, c’est qu’un équipementier est une PME qui fait un produit qui porte son nom. Elle en fait la conception, la fabrication, la mise en marche chez le client et le suivi à long terme. Un manufacturier va plutôt fabriquer un bien en fonction de plans et devis qu’on lui fournit », explique-t-il.

Les équipementiers vont travailler directement avec les donneurs d’ordres comme les alumineries, Hydro-Québec ou les papetières pour développer un appareil répondant à leurs besoins. Ils ont pour ce faire des équipes d’ingénierie à l’interne, ce qui leur permet de réaliser toutes les étapes de la conception à la mise en marche.

« L’équipementier va recevoir un devis disant voici ce que la machine doit faire. Il n’y a aucun dessin ou plan. Il y a seulement un besoin. Les équipes doivent inventer l’équipement. Ces entreprises investissent énormément d’argent au stade de la soumission pour penser le concept et proposer une solution au client. Une fois le contrat obtenu, on passe au concept détaillé et à la production. On est alors responsable de la performance de la machine », précise M. Desgagné.

Celui-ci œuvre dans le domaine depuis environ 40 ans, dont près d’une vingtaine chez EPIQ Machinerie (anciennement Mecfor).

Réseau de fournisseurs

Les fournisseurs vont quant à eux travailler avec les équipementiers. Cette façon de faire permet de réduire les coûts et d’être plus compétitifs. « Nous allons chercher les compétences et l’expertise en sous-traitance d’entreprises qui sont meilleures que nous dans leur créneau. Elles vont donc faire des pièces de nos produits à moindre coût, ce qui nous permet de diminuer le prix de nos machines », indique Serge Desgagné.

Les équipementiers vont donc développer tout un réseau de fournisseurs. Les domaines touchés sont variés. Cela peut aller des pièces d’acier aux composantes électriques et hydrauliques, en passant par l’usinage ou la peinture. « Les équipementiers ont besoin d’un réseau de sous-traitants, ce qui est très important pour les aider à fabriquer un produit », affirme M. Desgagné.

Un avantage régional

Selon Serge Desgagné, les équipementiers ont un gros avantage au Saguenay–Lac-Saint-Jean avec la présence de Rio Tinto. La multinationale, par le biais de son bureau de Développement économique régional (DER), collabore énormément avec les PME de la région pour le développement de produits.

« Quand on crée une machine avec eux, ils nous permettent de la vendre ailleurs et de la propulser à l’international. Ils nous aident vraiment à nous développer », fait-il remarquer.

Plus encore, lorsque les équipementiers développent une nouvelle technologie visant les alumineries, Rio Tinto leur permet de la tester dans ses installations, même si ce produit ne lui est pas destiné. « C’est un service qu’il nous donne. […] Faire un prototype et ne pas l’avoir testé en conditions réelles, puis l’envoyer outremer, ça peut te coûter une fortune ! »

Monsieur Desgagné cite en exemple un projet pour lequel son équipe devait livrer trois machines qui opèrent dans des champs magnétiques à un client international. « Rio Tinto nous a permis d’essayer notre machine à Alma, dans le champ magnétique. Nous avons ainsi découvert des problèmes que nous n’aurions pas pu trouver autrement. Nous avons pu les corriger avant l’expédition », relate-t-il.

Des vitrines technologiques sont également autorisées par la multinationale afin que les équipementiers puissent présenter leurs machines en marche à des clients potentiels. « Ils nous permettent aussi de prendre des vidéos ou des photos de nos équipements en action dans leurs usines. Nous pouvons ainsi aller encore plus loin. […] Rio Tinto, c’est vraiment un moteur de développement économique pour les équipementiers de la région », conclut Serge Desgagné.

Commentaires