Dominique Savard
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Dominique Savard

N.D.L.R. : Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « Développement minier : les projets miniers et leurs enjeux au Saguenay-Lac-Saint-Jean et au nord du Québec », publié dans notre édition du mois d’octobre.

SAGUENAY – La majorité des 18 recommandations du rapport du groupe de travail Mines et métaux, formé à la suite du Sommet économique régional de 2015, ont été suivies, selon l’ex-coprésident François Gagné, dont le groupe a été dissout à la suite du dépôt du rapport en 2017.

Le groupe, faut-il le rappeler, a accompli son travail de 2015 à 2017 avec le triple mandat portant à la fois sur le développement de la filière minière au Saguenay–Lac-Saint-Jean, sur ses perspectives d’affaires et sur l’accompagnement des grands projets en tenant compte de l’acceptabilité sociale.

« Nous avons fait une profonde réflexion sur la façon de projeter la région dans les mines et métaux. On a invité les autres comités issus du Sommet économique à venir nous rencontrer pour faire cet exercice, pour s’assurer d’avoir un consensus au niveau des intervenants, ce qui nous a guidés dans nos recommandations. On s’est alors rendu compte qu’au niveau des mines et métaux, on partait très loin dans la région », souligne celui qui assurait la coprésidence du groupe de travail avec Brigitte Gagné. M. Gagné ajoute qu’un intervenant en Abitibi leur a alors expliqué, en 2016, que sa région avait 1 698 projets en émergence dans le secteur mines et métaux, comparativement à deux, ici au Saguenay-Lac-Saint-Jean.

Mettre la table

Parmi les recommandations, certaines étaient plus importantes que d’autres afin de mettre la table pour la suite des événements. François Gagné affirme qu’il fallait d’abord faire l’inventaire du sol de la région.

« Nous avons des relevés précis de 10 % de notre sous-sol, contrairement à l’Abitibi qui connaît l’entièreté du sien. Ça n’a aucun bon sens. La première recommandation était donc de mandater et financer un organisme dédié et imputable de véhiculer la vision de développement. Ça prend un porteur de dossier pour créer une culture minière, qui est un secteur méconnu et pas développé chez nous. L’organisme créé et financé est la Table régionale de concertation minière, qui a été créée le 13 avril 2018. Celle-ci a le mandat de promouvoir et de s’assurer que les choses soient bien faites et que le développement se fasse de manière adéquate en tenant compte du développement durable, de l’économie, de l’environnement, etc. »

Trois jours plus tard, le comité Transport a dévoilé ses propositions pour la réalisation du tracé pour amener du transport (voie ferrée et électricité) jusqu’à Port de Saguenay, un élément essentiel pour le développement minier, toujours selon M. Gagné. « Il s’agit de deux prémisses de base. Si l’on veut faire de quoi, ça prend des infrastructures et un organisme qui va parrainer les dossiers et qui va s’occuper de la vision », précise-t-il.

Autres recommandations réalisées

Parmi les autres recommandations réalisées, le coprésident du groupe et président de l’entreprise Métatube à La Baie souligne que la mise en place d’une structure de concertation interministérielle pour accompagner un promoteur sur toute la durée de son projet est primordial.

« Selon ce qu’on sait, un projet majeur comme Arianne Phosphate, par exemple, nécessite plus de 400 demandes de permis de toutes sortes. C’est complètement fou. La structure de concertation réunit les ministères concernés par le projet et permet de réduire les délais à l’intérieur de 24 mois, alors que sans cela, ça peut aller de 3 à 5 ans. »

François Gagné a également fait état d’autres recommandations comme celles sur l’acceptabilité sociale avec la Grille d’analyse de développement durable créée par la Chaire en Écoconseil de l’UQAC; de la réalisation d’une cartographie complète et une analyse adéquate des potentiels miniers; que les promoteurs de grands projets soient encouragés à engager un agent de liaison avec la communauté; que le Comité de maximisation des retombées économiques régionales (CMAX) soit réactivé.

Souci de l’environnement

« Le plus important, c’est de porter cette vision du développement minier de manière positive. Malgré l’histoire négative des mines, il faut savoir qu’aujourd’hui, ça a changé. Les promoteurs veulent faire des projets qui sont porteurs, qui vont ramener de l’économie dans les régions, qui vont s’intégrer dans l’environnement. On a vu dans le passé des promoteurs qui s’en allaient et laissaient des sites complètement ravagés. Ils ne peuvent plus faire cela. Ils sont obligés, avant de commencer leur projet, de déposer des montants d’argent importants, soit plusieurs millions de dollars, pour le réaménagement du site à la fin de vie du projet. Après le projet, à la fin de la vie de la mine, les promoteurs ont l’obligation et restaurer le site et il y a des normes à respecter. Il y a beaucoup de gens qui ne sont pas au courant de cela et que ça représente des montants très importants. »

Enfin, M. Gagné avoue qu’il y a eu de l’abus dans le passé, mais du même souffle, il ajoute que nous ne sommes plus là aujourd’hui.

« Par exemple, chez nous, dans mon entreprise, on recycle nos produits et nous avons des politiques de développement durable. Des gros projets comme BlackRock et Arianne Phosphate n’ont pas le choix de montrer patte blanche et de démontrer leur souci de l’environnement, car ils sont surveillés de près.»

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