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Karine Boivin Forcier

SAGUENAY – Le jeune entreprise d’exploration minière First Phosphate travaille au développement d’un projet de mine de phosphate sur sa propriété du Lac à l’Orignal, au nord de Saguenay. Celui-ci viserait spécifiquement le marché des batteries Lithium-Fer-Phosphate (LFP).

La minière possède environ 1 500 kilomètres carrés de claims miniers dans la région, avec plusieurs dépôts autour de sa propriété principale. Elle s’intéresse au phosphate régional en raison de sa haute pureté et de sa faible teneur en contaminants, essentielle pour le marché des batteries.

Ses projets en sont à leurs balbutiements, alors qu’elle devrait obtenir le rapport technique NI 43-101 pour sa propriété du Lac à l’Orignal vers le 1er novembre. Ce rapport permettra notamment d’obtenir un estimé détaillé des ressources minérales ainsi que les résultats des tests de laboratoire réalisés à partir des échantillons de forage. « Il y avait déjà des forages qui avaient été réalisés sur ce site et qui nous donnent énormément d’informations pour réaliser le NI 43-101. […] Nous nous attendons à ce que le rapport justifie la poursuite des travaux sur la propriété avec de nouveaux forages. Il va aussi détailler nos obligations sous la Loi sur les mines et en matière d’étude d’impacts environnementaux », mentionne le président de First Phosphate, Peter Kent.

La minière prévoit aussi porter une attention particulière à sa propriété de Bégin-Lamarche, pour laquelle des échantillons de sol ont révélé être particulièrement positifs. « Peut-être même plus positifs que ceux de Lac à l’Orignal », précise M. Kent. Aucun forage n’a toutefois encore été fait sur cette propriété. Mentionnons que les deux projets, situés au sud de celui d'Arianne Phosphate, sont positionnés « de façon optimale», selon le président, à proximité de lignes de transport d'électricité d'Hydro-Québec et à courte distance du Port de Saguenay.

Transformation à Saguenay?

Peter Kent révèle que First Phosphate évalue la faisabilité d’implanter une usine de transformation pour son minerai à Saguenay, possiblement dans la zone industrialo-portuaire, si le projet se concrétise. « Nous avons eu des discussions avec Port de Saguenay concernant une importante superficie de leur propriété pour une potentielle implantation d’une usine de transformation. […] Selon nos plans, nous effectuerions un premier broyage de minerai près de notre mine, puis il serait transporté au Port de Saguenay, pour un raffinage supplémentaire à cet endroit. C’est une des possibilités que nous regardons actuellement », affirme-t-il.

L’entreprise évalue aussi l’option de transporter le minerai broyé par chemin de fer ou bateau jusqu’à un autre endroit pour le raffinage. « Ce sont des plans que nous regardons pour le futur. Actuellement, nous nous concentrons sur l’identification des sites potentiels pour la mine. Nous travaillons aussi à nous assurer que nous avons tous les moyens financiers disponibles et l’accord des communautés et de la Première Nation des Pekuakamiulnuatsh pour procéder », rappelle M. Kent.

Le président, accompagné du directeur général, John Passalacqua, s’est d’ailleurs rendu sur place au cours des dernières semaines afin de commencer les discussions avec la communauté de Mashteuiatsh. Des rencontres ont également eu lieu avec les MRC de Lac-Saint-Jean-Est et du Fjord-du-Saguenay, sur le territoire desquelles se trouvent les propriétés de First Phosphate, de même qu’avec la Ville de Saguenay.

Contexte favorable

Les dirigeants de la minière estiment que le contexte actuel est plus que favorable au développement de leur projet. « C’est le moment parfait. Nous prévoyons une croissance spectaculaire dans l’industrie des batteries LFP pour les 25 prochaines années. […] Nous avions un bon plan d’affaires au départ, mais il est devenu encore meilleur, voire idéal, avec l’annonce par le président Biden, aux États-Unis, de la Loi sur la réduction de l’inflation. Une des clauses demande que les minéraux critiques, particulièrement dans le secteur des batteries, proviennent de l’Amérique du Nord ou de pays ayant des accords de libre-échange avec les États-Unis. Il prévoit aussi d’augmenter les crédits d’impôt pour les véhicules électriques. […] Nous pensons donc que le Canada a une belle opportunité actuellement d’aller chercher une place majeure dans l’industrie du stockage d’énergie, que ce soit pour les véhicules électriques, des industries ou des batteries pour un usage résidentiel », explique Peter Kent.

Autre aspect positif pour le projet, le Québec souhaite que, dans deux ans, les véhicules électriques soient non seulement construits en Amérique du Nord, mais qu’au moins 50 % des minéraux utilisés pour les batteries proviennent de cette zone. Ce pourcentage augmente à 100 % en 2029. De plus, seulement 5 % du phosphate mondial se trouve dans des sources ignées comme celle du Saguenay–Lac-Saint-Jean, qui contiennent moins de contaminants. Environ 50 % de ces sources ignées se trouvent en Russie. Dans le contexte de la guerre en Ukraine, le Québec apparaît donc comme une source sûre et stable pour le phosphate de haute pureté requis pour les batteries.

« Le Canada est l’un des rares pays du monde où on trouve tous les minéraux critiques. Considérant notre capacité d’extraire ces minerais avec une empreinte carbone faible en raison de l’hydroélectricité, le Québec et le Canada ressortent du lot », assure M. Kent.

Pratiques ESG

First Phosphate souhaite développer son projet dans le respect des plus hautes pratiques de gestion environnementale, sociale et de gouvernance (ESG). « En tant qu’ancien ministre canadien de l’environnement, j’ai une sensibilité particulière à ce sujet. Nous souhaitons être très attentifs pour la réalisation de l’étude d’impacts environnementaux, afin d’être totalement en accord avec les principes ESG et minimiser le plus possible les impacts », conclut Peter Kent.

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