SAGUENAY – Ce titre peut laisser songeur, mais c’est tout de même l’idée que cherche à faire passer Chantale Roberge, conseillère pour le Saguenay–Lac-Saint-Jean auprès du Centre de transfert d’entreprises du Québec (CTEQ). Ce qu’elle propose, c’est que les cédants et les repreneurs qui ont des processus de relève en cours doivent profiter de cette pause pour mieux se préparer encore à la concrétisation de leurs projets.
« Ce n’est pas vraiment le temps de prendre des décisions précipitées et de faire des mouvements rapides, mais ça peut être un bon moment pour mieux planifier un projet de relève ou faire une réflexion sur le potentiel de relève à l’interne, où le potentiel est en hausse. En tout cas, nous, du CTEQ, nous sommes toujours à 100 % disponibles, mais de manière plus virtuelle, pour accompagner les entrepreneurs dans leurs démarches », assure Chantale Roberge, qui tient à rappeler que les professionnels de son organisation visent un seul objectif: agir comme facilitateurs pour assurer la pérennité des entreprises du Québec.
« Business as usual » ?
La conseillère en transfert d’entreprises explique que quelques dossiers qu’elle traitait avant la pandémie sont au ralenti ou complètement arrêtés. « C’est vraiment du cas par cas. Il y a des cédants qui ont mis l’entreprise sur pause, d’autres qui vont peut-être la fermer. Mais ce n’est pas la majorité. Il y a de l’inquiétude et c’est normal. Chaque cas est unique. Certains cédants et repreneurs vont même chercher à accélérer la cadence. Dans le contexte actuel, il y a autant de belles opportunités que de dangers. Mais il faut quand même demeurer prudents, surtout dans le cas où la crise provoque une importante baisse des liquidités d’une entreprise. Les propriétaires doivent examiner leur situation de relève d’entreprise et se donner de la vision ».
« Qu’elle soit familiale, interne, externe, collective ou mixte… plus encore, dans le contexte actuel, selon leur situation, les cédants doivent commencer à se donner un plan d’action pour la continuité de leur entreprise. Il est possible qu’un repreneur ou des repreneurs puissent les épauler pour passer à travers cette crise et leur donner l’élan nouveau dont leur entreprise a besoin. Avoir une vision et un plan d’action, c’est un bon début, et ça ne veut pas dire précipiter les décisions », confie-t-elle, soulignant au passage que tous les intervenants et partenaires du CTEQ appliquent une valeur commune et fondamentale lorsqu’ils s’impliquent dans un dossier : la confidentialité.
Le défi de la relève demeure le même
Malgré la période difficile que nous vivons, Chantale Roberge réitère que tous les services du CTEQ sont toujours disponibles pour conseiller la communauté d’affaires. Elle rappelle cependant que les défis et paramètres de réussite d’un dossier de relève demeurent les mêmes. Essentiellement, un projet de transfert par le propriétaire, c’est un processus très psychologique et un enjeu d’identité. Alors, les professionnels du CTEQ doivent rapidement établir les besoins et objectifs du cédant pour le conforter dans cette démarche.
« Souvent, il faut le rassurer que ce ne soit pas une mise à la retraite. D’ailleurs, dans la plupart des cas, il est impératif qu’il reste en poste, notamment pour assurer le transfert de connaissances et de la clientèle. Dans d’autres dossiers, le prêteur va exiger une balance de paiement et le cédant devra rester pour voir à ses intérêts. Mais il y a bien d’autres enjeux », explique-t-elle.
Entre les régions aussi
Chantale Roberge relate aussi que son organisation agit sur l’ensemble du territoire du Québec, ce qui permet à des cédants ou des repreneurs de réaliser leurs rêves dans le contexte de dossier extrarégionaux également. « Certains repreneurs cherchent à faire des acquisitions à l’extérieur de la région, mais l’inverse est vrai aussi. L’objectif ultime est de maintenir la pérennité des entreprises et aussi d’assurer leur croissance à l’échelle du Québec ». La professionnelle souligne aussi l’importance stratégique de s’assurer de la continuité des entreprises par des fusions, parce que cela permet souvent, à terme, d’augmenter la taille de celles-ci, donc leur solidité et leur compétitivité, sans parler des économies d’échelle que les organisations réalisent.
Des partenaires incontournables
Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, les besoins en relève entrepreneuriale sont importants, souligne Chantale Roberge. Elle souligne d’ailleurs que le CTEQ travaille en collaboration avec les firmes de professionnels de chez nous, mais surtout qu’elle travaille en complémentarité avec les organismes régionaux de développement économique.
« Depuis mon arrivée il y a six mois, je travaille beaucoup avec les notaires, avocats et comptables, mais surtout avec les partenaires socioéconomiques du milieu, en collaboration pour faire connaître nos outils et les leurs dans les dossiers de transferts d’entreprises. J’ai aussi développé un projet avec Forgescom à Alma, dans le cadre d’une formation en gestion d’entreprise, avec profil repreneuriat », lance-t-elle en fin d’entrevue.