SAGUENAY – Si l’annonce du redémarrage des entreprises manufacturières le 11 mai s’avère une bonne nouvelle en soi, le vent d’optimisme se calme quelque peu quand il est question d’avenir à court et moyen terme pour les quelque 300 membres d’Alliage 02, selon Sylvain Morin, président de l’organisme qui regroupe, depuis l’automne, sous un même chapeau, l’Association des entreprises du parc industriel du Haut-Saguenay (APEISH) et la Société des fabricants régionaux (SFR).
« Nous avons plusieurs membres dans le secteur industriel (transformation et fabrication) et le redémarrage est une bonne nouvelle. Mais nous sommes aussi un peu inquiets. Est-ce que le carnet de commandes va suivre ? Est-ce que nos clients et les gouvernements vont avoir encore des projets ? En fait, l’économie est dans le portefeuille des investisseurs et des programmes gouvernementaux en place. Est-ce que les portefeuilles étrangers vont changer leur mentalité au niveau des endroits où ils vont investir ? On n’a pas cette réponse. Les gouvernements nous parlent d’autonomie des produits. Est-ce que ça va les inciter à faire des programmes pour des mines, des matières premières, etc. ? S’il n’y a pas cela, c’est clair qu’on se dirige vers une crise économique », explique Sylvain Morin.
Le défi des RH
L’homme d’affaires, qui est également président d’Usinage SM, avoue que certains de ses membres vivent avec le stress de la main-d’œuvre. « Comment on va se comporter avec les employés lors du redémarrage ? Est-ce qu’on commence avec les ¾ de chiffres ? Il y a aussi l’aspect de la réglementation sanitaire et l’aspect familial. Autant on avait une problématique de main-d’œuvre avant la crise, là on va devoir composer avec une problématique de personnel qui vit des choses à la maison auxquelles il faudra se plier aussi. C’est ce que l’on sent auprès de nos membres. Nous sommes d’ailleurs en train de faire un sondage pour mieux comprendre leurs besoins dans le futur. »
Lourdeur financière
M. Morin note une autre préoccupation chez les entrepreneurs, soit celle des liquidités. On apprécie l’aide gouvernementale de 75 % des salaires, tout en appréhendant la fin du programme en juin. « Ce programme nous permet de réembaucher, mais lorsqu’il n’y aura plus d’aide, pourrons-nous les garder quand même si jamais il n’y a plus d’ouvrage ? Il y a une lourdeur financière qui s’installe. Certains ont mangé leurs surplus accumulés et d’autres vont devoir emprunter. On espère que les projets vont arriver, car on va en avoir besoin. »
S’appuyant sur son expérience des crises économiques, le président d’Alliage 02 affirme que ce n’est pas le moment présent qui est le plus inquiétant. Il souligne que c’est souvent deux à trois mois plus tard que l’on pourra savoir qui sera en mesure de passer ou pas à travers la présente crise.
Réflexion sur les façons de faire
« Pendant la pause de l’économie du Québec de deux mois, les entrepreneurs ont eu le temps de réfléchir et de repenser les façons de faire. C’est ce que j’ai senti en discutant avec eux. Que ce soit au niveau des approches, des clients, des déplacements, des réunions sur le Web et même de développer de nouveaux produits sanitaires et de sécurité, certains vont même très bien s’en sortir », de conclure l’homme d’affaires, qui se dit personnellement très inquiet du secteur aluminium dans la région. « Les stocks d’inventaires sont à un très haut au niveau. Est-ce que les compagnies vont investir quand même ? Je pense qu’elles vont voir leurs profits fondre et elles prôneront le minimum de dépenses. »