ALMA – Depuis la mi-mars, la Corporation d’innovation et développement Alma – Lac-Saint-Jean-Est (CIDAL) a mis sur pause ses activités habituelles pour se concentrer sur l’aide d’urgence aux entreprises affligées par la crise de la COVID-19 dans les 14 municipalités de son territoire. Ainsi, les actions concernant la rareté de main-d’œuvre, les projets de développement et de diversification, le développement stratégique des entreprises, etc. ont fait place à d’autres scénarios.
« Notre premier geste a été de mettre sur pause nos démarches, sans avoir à contacter les entrepreneurs, car nous savions bien qu’ils devaient réévaluer leur mode de fonctionnement et leurs opérations. Nous avons lancé un questionnaire sur Internet pour connaître les besoins et les attentes de nos membres. Chez nous, dans nos bureaux, comme tout le monde, nous avons opté pour le télétravail pour la grande majorité de nos 25 employés, dont certains ont été réassignés pour l’aide aux entreprises », explique le directeur général de la CIDAL, Marc Moffat.
Dans la foulée des démarches d’aide d’urgence, la CIDAL a offert un moratoire de six mois, soit jusqu’en septembre prochain, aux 74 entreprises aidées. Cela représente des prêts de 185 000 $. « Nous sommes mandatés par la MRC Lac-Saint-Jean-Est qui compte 14 municipalités. Nous avons le même rôle que Promotion Saguenay. Les maires et mairesses nous ont aussi interpellés pour voir ce que l’on pouvait faire pour aider les commerces de services essentiels de proximité. Et, là aussi, la problématique se situait au niveau des liquidités à court terme », précise M. Moffat.
Se rapprocher des autres acteurs
Parmi les autres actions, la CIDAL a rejoint le comité formé avec le réseau des acteurs de développement économique de la région, comprenant les différentes MRC, Promotion Saguenay, les représentants de Développement économique Canada, le MEI, Services Québec, les SADC. « On n’est pas seul à vivre cette crise. Ces rencontres ont permis de nous comparer et d’échanger nos notes avec les gens du milieu. Ça permet aussi de s’assurer qu’avec les sommes que l’on a et qu’on aura à notre disponibilité en provenance des différents paliers gouvernementaux, nous serons en mesure d’aider le plus d’organismes possible. Le DEC et le MEI sont du même coup au fait de nos différentes interventions. De notre côté, à la CIDAL, nous avons partagé notre questionnaire envoyé à nos entreprises ainsi que notre mode de fonctionnement. En fait, on s’est partagé nos outils, nos réflexions sectorielles et, par l’entremise du MEI, on informe du même coup la ministre responsable de la région, Andrée Laforest, et nos élus. »
Pour illustrer l’impact de cette pandémie sur les activités de son organisme, Marc Moffat souligne que, bon an mal an, la CIDAL accueille quelque 400 promoteurs ayant une idée de projet, qui ont besoin d’un accompagnement et/ou d’une aide financière. « Sur ce nombre, on va en accompagner une quarantaine dans un montage financier avec des contributions de divers organismes (MEI, DEC, etc.) avec des évaluations très détaillées. Du jour au lendemain, nous avons eu 110 demandes à traiter. Il a fallu accélérer le tempo. Avec trois fois plus de demandes en trois fois moins de temps, les évaluations sont moins détaillées, car les gens ont des besoins immédiats. Le MEI était très conscient que ces fonds avancés étaient plus à risque », laisse tomber le DG de la CIDAL.
La CIDAL peaufine son plan de relance
« Avec une limite d’aide financière de 50 000 $, nous ne sommes pas en mesure d’aider la grande entreprise comme PFR, Nutrinor, en plus des impacts vécus chez Rio Tinto. Il faudrait être en mesure de répondre aux problématiques de la grande entreprise. Par exemple, les transporteurs, comme Autocar Jeannois, voient leur flotte d’autobus dans leur cour avec des obligations financières énormes. Il faut être à l’affût de ces secteurs, du moins être à l’écoute pour sensibiliser les différents paliers gouvernementaux à modifier leurs programmes pour les aider.
« Nous voulons aussi convaincre Québec, qui nous a donné 1,2 M$ pour des prêts d’urgence, afin que l’argent restant puisse servir dans un fonds de relance. Jusqu’ici, près de 300 000 $ ont été attribués avec ce fonds québécois d’urgence », explique M. Moffat.
L’homme confirme que le plan de relance devra impliquer des sommes importantes que devront investir les entreprises pour assurer la sécurité de leur personnel et de leur clientèle en regard des mesures sanitaires exigées par la Direction de la santé publique.
« Notre réflexion porte aussi sur les aides techniques que les grandes entreprises peuvent peut-être se payer, mais pas les plus petites. Comment aider pour que les entreprises regagnent la confiance du consommateur et s’assurer qu’ils vont être capables d’avoir la marchandise que le client va rechercher ? Nous sommes en train de regarder des scénarios pour la restauration, ramener les gens au centre-ville en aménageant les lieux pour offrir plus d’espace. Il y a des projets spécifiques ou des trucs qu’on peut avancer ou accélérer pour pouvoir aider. Que ce soit le numérique, l’industrie 4.0, etc. », explique le DG.
Un projet de transformation d’aluminium
La CIDAL a des projets en tête dans cette relance, notamment un dans la transformation d’aluminium dans le parc technologique. « Nous sommes en réflexion à savoir quelles autres transformations ou technologies seraient complémentaires à l’extrusion qu’on pourrait amener ici. Je n’ai pas d’autre détail à dévoiler là-dessus pour l’instant. Toutefois, il y a d’autres projets à réaliser qui permettront d’aider à la relance, comme la voie de contournement et l’autoroute Alma-La Baie. On interpelle également Rio Tinto pour savoir si on peut aider à son projet d’expansion à l’usine Alma. »
Centre de préqualification Qualia
Enfin, en ce qui concerne le projet de 2,4 M$ pour l’implantation du premier Centre de préqualification Qualia au Canada au Centre d’excellence sur les drones d’Alma, Marc Moffat prévoit que l’appel d’offres sera lancé sous peu, au plus tard à la fin du mois de juin. « On regarde le plan de commercialisation. Rio Tinto va utiliser éventuellement des drones pour l’inspection de ses infrastructures, systèmes électriques, barrages et elle aura besoin d’une entreprise qui va lui donner un service de drone. On espère qu’ils vont se tourner vers Qualia, qui va être une façon de valider les compétences des opérateurs. C’est essentiellement une norme qui va développer un site pour aider les entreprises à développer leurs capteurs, leurs procédures, leurs formations, etc. Le 2,4 M$ servira à la mise en place de bâtiments, d’un réseau électrique, d’obstacles assez représentatifs de divers scénarios pour évaluer les opérateurs. »