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Maxime Hébert-Lévesque

SAGUENAY – L’industrie du textile a et aura des enjeux de tailles à faire face au cours des prochaines années. Selon les chiffres du Comité sectoriel de main-d’œuvre (CSMO), 92 % des entreprises de ce secteur d’activité ont un besoin en main-d’œuvre. De plus, au Québec, on ne compte aucune formation générale pour assurer la relève.

« Au niveau de la mode et du design, il existe des centres de formation comme l’École supérieure de mode de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) ou encore le Collège Lasalle. Toutefois, ce qui concerne l’industrie du textile, c’est-à-dire tout ce qui est référé par le gouvernement canadien comme étant les codes SCIAN 313 (usine de textiles), 314 (usine de produits du textile) et 315 (fabrication de vêtements), il n’existe plus de formation. C’est dramatique puisque ça signifie que les couturiers et couturières industrielles ou ceux et celles qui ont les connaissances en confection de textile technique comme des toiles et auvents seront difficilement remplaçables. Comme toute industrie manufacturière, celle du textile fait face à des départs massifs pour la retraite de sa force travaillante », s’inquiète Marc-Olivier Kenmo, directeur général du CSMO Textile.

Former la relève

Le gestionnaire et son équipe, basés à Drummondville, ont le mandat du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale de mettre en place des solutions adaptées aux besoins communs de la main-d’œuvre. Ils évitent ainsi aux entreprises des investissements coûteux dans la recherche de solutions individuelles.

« La priorité pour nous, c’est la relève. Nous avons donc monté un programme pour former des opérateurs et opératrices en machine à coudre industrielle. Ce projet est en cours et permet à trois entreprises de Saguenay soit : Atelier Savard, Polaire + et Confection Perséide 3D d’embaucher des ressources qui n’ont aucune expérience en couture. L’employé commence à travailler à la PME participante en plus d’alterner avec une formation qui se donne à Jonquière. C’est un programme rendu possible grâce à la participation de nos partenaires : le Groupe Inclusia qui s’occupe du recrutement des candidats, le centre de Service aux entreprises de Jonquière qui veille à diffuser la formation et l’éducation aux adultes qui gère l’intégration et le maintien en emploi. Le soutien du CSMO Textile dans tout ça consiste à couvrir tous les frais et de rembourser une partie du salaire des participants aux employeurs », précise M. Kenmo.

Le directeur ajoute que cette année, il s’agit de la quatrième cohorte à prendre part au programme à Saguenay. Depuis les débuts de l’initiative, plus d’une trentaine de personnes auraient été formées dans la région. « Nous offrons également notre programme dans les régions de la Capitale-Nationale, Laval, l’Estrie et la Montérégie. Toutefois, le Saguenay–Lac-Saint-Jean (SLSJ) se démarque et c’est notre région vedette. Il n’y a pas une seule année où le projet n’a pas eu lieu. Nous avons toujours réussi à former des cohortes et ça donne espoir pour l’avenir. »

Portrait régional et industriel

Au Québec, Marc-Olivier Kenmo estime que l’industrie du textile est majoritairement présente en Montérégie, surtout grâce à la diversité industrielle qui s’y trouve. Le SLSJ représenterait quant à lui 4 % de l’emploi, c’est-à-dire de 300 à 500 travailleurs. Sur le plan provincial, on souligne que 50 % des PME de l’industrie du textile auraient 10 employés ou moins.

« Le secteur n’est plus affecté par les fermetures massives que nous avons pu observer au début des années 2000, toutefois, la croissance y est faible. Sans dire que nous sommes au point mort, je remarque que la situation est équilibrée. C’est-à-dire qu’il y a peu de nouvelles entreprises qui naissent, mais que celles en activité réussissent à croitre », conclut M. Kenmo.

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