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Karine Boivin Forcier

SAGUENAY – Le service de mentorat de Saguenay, membre du Réseau Mentorat et chapeauté par Promotion Saguenay, souhaite doubler le nombre de dyades mentor-mentoré et atteindre une cinquantaine de mentors d’ici trois ans. Pour ce faire, l’organisme de développement économique vient de dédier une ressource à temps plein à ce service.

Le service, en opération depuis 20 ans, compte actuellement 23 dyades, 21 mentorés et 19 mentors bénévoles. Jusque-là, la coordination par Promotion Saguenay s’effectuait à mi-temps. « Nos partenaires et nos mentors ont beaucoup d’ambition et ils voulaient avoir quelqu’un à temps plein pour poursuivre la croissance de notre service. On s’est dit que ça valait la peine. […] Avec le Réseau Mentorat, c’est très structuré et encadré. Ça prend du temps et si on a l’ambition de doubler les dyades, on devait avoir quelqu’un à temps plein », explique Claudia Fortin, directrice du service aux entreprises, division de Promotion Saguenay responsable du mentorat.

C’est donc Émilie Lachance, déjà employée de l’organisme, qui a été sélectionnée pour devenir responsable du service et déployer le plan d’action élaboré par les membres. Elle a aussi pour tâche de gérer les inscriptions, les jumelages et les suivis, de créer un lien de confiance avec les mentors et les mentorés, d’organiser des activités, etc. Plusieurs de ces tâches se réalisent en collaboration avec les co-chefs mentors, Lilianne Savard et Serge Desgagnés. « Je sers aussi de courroie de transmission entre les membres mentors et mentorés, Promotion Saguenay et le Réseau Mentorat. C’est lui qui nous fournit la structure, le contenu pédagogique, les outils. On a vraiment un esprit de collaboration. Chacun peut contribuer à sa façon à la vie du service de mentorat », mentionne Mme Lachance.

Accroître la visibilité

Afin d’atteindre ses objectifs, le service de mentorat mettra en œuvre des actions pour se faire connaître et accroître sa visibilité auprès de la population entrepreneuriale de son territoire, qui compte environ 5 000 entreprises. L’une de ces mesures sera de faire connaître les mentors et de les présenter. « Ce sont des leaders du milieu. Ils sont choisis avec soin, ils ont de l’expérience et ils veulent donner au suivant. Ils le font gratuitement, avec cœur, pour développer notre milieu », rappelle Claudia Fortin.

Pour recruter des mentors, Émilie Lachance compte sur le rôle d’ambassadeur des mentors actuels, qui ont un bon réseau et recrutent régulièrement de leurs connaissances. Les mentors se réunissent aussi une fois par mois pour discuter entre eux et partager avec les autres, tout en préservant la confidentialité de leur mentoré. « Il y a un enjeu de faire connaître le service dans notre région, mais c’est important de garder un équilibre entre le nombre de mentors et de mentorés », note-t-elle.

Le repreneuriat est également dans la mire du service, qui a élargi les possibilités pour accueillir également des mentorés issus de l’intrapreneuriat ou qui ont un projet de relève concret, mais n’ont pas encore acquis d’entreprise. « On est ouverts aux directeurs d’OBNL, à des gens qui ont des postes de dirigeant. Avant, il fallait qu’ils soient propriétaires pour s’inscrire, mais depuis un an on a ouvert », précise Lilianne Savard, co-chef mentor.

Un soutien bénéfique

L’objectif ultime du mentorat est d’accélérer le développement de l’entrepreneur pour accroître le taux de survie de l’entreprise et favoriser sa croissance. « C’est prouvé qu’une entreprise dont le propriétaire est mentoré traverse plus facilement les cinq premières années », assure Lilianne Savard, qui a elle-même été mentorée à ses débuts dans le monde des affaires.

Les bénéfices ne s’arrêtent pas là. D’après un sondage réalisé par le Réseau Mentorat, 85 % des entrepreneurs mentorés ont aussi vu leur confiance en leurs capacités augmenter et ont noté que le mentorat leur a permis de clarifier leur vision. Quelque 84 % d’entre eux ont constaté que cela leur a permis de mieux planifier et gérer les priorités de l’entreprise, tandis que 73 % ont accru leurs compétences en RH et que 65 % ont pu bénéficier d’une meilleure conciliation travail-famille.

Se concentrer sur l’humain

La durée d’une dyade est d’environ 18 mois et le service est entièrement confidentiel. Le mentor, qui a suivi des formations au préalable, est là pour travailler le savoir-être, l’humain. Son écoute permet de briser l’isolement. « On est là pour écouter, pour poser les bonnes questions. On n’est pas là pour coacher ni pour leur dire quoi faire. Le savoir-faire, ils vont le chercher ailleurs. On est vraiment dans l’écoute. On a du vécu, il nous est arrivé des choses semblables. Et parfois, juste de parler de quelque chose, la moitié du problème est déjà réglé. […] Le mentorat aide beaucoup aussi à équilibrer les trois axes que sont la famille, le personnel et le professionnel », souligne Mme Savard.

Par ailleurs, la responsable s’assure toujours de jumeler des gens de domaines différents, ce qui permet, d’une part, d’éviter que les discussions dérapent vers le savoir-faire et, d’autre part, de faciliter la relation de confiance entre le mentoré et son mentor. « C’est dans la différence que la richesse de la relation mentorale se manifeste », affirme Mme Lachance.

Les trois intervenantes soulignent que tout est fait pour que la relation mentor-mentoré soit simple. Après une première rencontre en présence d’un co-chef mentor et de la responsable, la dyade choisit elle-même le moment de ses rencontres et la forme qu’elles peuvent prendre. Déjeuner, promenade, la formule est vraiment laissée libre. « Lors de ces rencontres, ils vont parler des problèmes du moment, ou encore de sujets définis à l’avance. […] Quand j’étais mentorée, souvent je me demandais de quoi j’allais bien pouvoir parler, puis une fois avec mon mentor, je parlais et l’heure et demie était déjà passée. Et après, je me rendais compte que plusieurs de mes problèmes se réglaient », raconte Lilianne Savard, qui assure que la relation de mentorat est aussi bénéfique et épanouissante pour le mentor.

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