SAGUENAY – La rareté de la main-d’œuvre est un défi dans tous les secteurs de l’économie et surtout au niveau de l’ingénierie où les postes recherchés sont parfois très nichés. La firme saguenéenne Faction Bike Studio (FBS) en sait quelque chose. Après une dizaine d’années en activité dans la région, elle se voit contrainte de s’installer en Estrie afin de pourvoir ses postes vacants et poursuivre sa croissance.
L’entreprise spécialisée dans le prototypage et l’innovation dans le secteur du vélo lève les voiles vers de nouveaux horizons. C’est le 6 juillet dernier par un partage sur leur mur Facebook que nous apprenions que la firme de Jonquière vidait leur bureau. Contacté sur le sujet, Érick Auger, propriétaire de FBS, précise que le départ de la région ne se fait pas de gaieté de cœur, mais bien par manque de main-d’œuvre spécialisée. « En 10 ans nous avons usé de plusieurs solutions pour pallier la problématique de la main-d’œuvre. Nous avons recruté à l’étranger comme en France, en Afrique et du côté de nos voisins ontariens. Plusieurs personnes en entrevue étaient très intéressées à venir travailler pour nous, mais le hic c’est qu’elles n’étaient pas prêtes à venir s’installer dans la région. Ici, ce ne sont pas les ingénieurs qui manquent, mais ils sont pour la grande majorité spécialisée dans le secteur industriel. Nous recherchons du personnel qualifié pour les produits de consommation courants et, malheureusement, le pont entre les deux domaines se fait très mal et les compétences ne se transfèrent pas facilement. Cela nécessite de reformer la personne embauchée et ça représente un certain coût ».
L’équipe n’a donc pas eu le choix d’envisager un déménagement pour rejoindre ses ressources humaines. Une décision qui s’est prise de manière à optimiser ses chances d’embauches. « Nous avons monté un sondage informel auprès des gens que nous avions déjà passé en entrevue afin de savoir où l’entreprise devrait être située pour recruter le type d’ingénieurs recherchés. Il en est ressorti que Bromont, considéré comme la Mecque du vélo, serait le lieu idéal. Nous recrutons beaucoup de gens qui sortent de l’Université de Sherbrooke et de l’École des technologies supérieures de Montréal (ÉTS). Les plus jeunes générations s’occupent de leurs loisirs et ensuite de leur travail. En Estrie, il y a les installations pour pratiquer l’ensemble des disciplines vélo et c’est pourquoi ça l’attire beaucoup de passionnés. »
Un déménagement et un secteur affectés par la COVID-19
Bromont devait donc être le site d’excellence pour FBS, mais la pandémie est venue quelque peu changer les plans. En effet, en période de crise et de confinement le mot d’ordre est de préserver les liquidités. « Les locaux disponibles à Bromont étaient très chers et auraient nécessité de plus grands investissements. En temps d’incertitude, nous avons opté pour Granby où l’offre était plus variée et moins dispendieuse. » Un choix réfléchi puisque la firme d’ingénierie y possède un bureau satellite depuis maintenant quatre ans. « Nous n’avons aucune crainte de nous installer ici. Pour vous donner une idée sur l’ensemble des postes affichés au Saguenay et à Granby, aucun n’a été comblé dans notre région et tous ceux de l’Estrie ont été remplis. Nos nouveaux locaux sont situés dans une ancienne usine textile, c’est donc très bien adapté pour le type d’activité que nous menons. »
Comme pour plusieurs secteurs de l’économie la dernière vague de COVID-19 a changé le portrait de la consommation. Pour l’industrie du vélo, on note une recrudescence pour l’engouement entourant ce sport. Pour FBS qui développe et conçoit des composantes pour de grands constructeurs de bicyclette, cela représente une mer d’opportunités. « Tous nos clients ont liquidé leurs inventaires et ça les place dans une posture où ils désirent investir dans le développement de nouvelles gammes. C’est une bonne excellente chose pour nous, précise Érick Auger. Voyant la tendance à la hausse se dessiner pour notre secteur, nous avons mis sur pied deux nouveaux services. L’un de prototypage et un autre de teste de résistance des matériaux à l’interne. À terme, cela va nous permettre de créer deux nouveaux postes ».