Auteur

Karine Boivin Forcier

N.D.L.R. : Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « Économie durable, l’importance d’une économie verte et responsable ! » publié dans notre édition du mois de mars.

SAGUENAY – Dans un contexte où la rareté de main-d’œuvre est un enjeu économique incontournable dans la région, le Centre québécois de développement durable (CQDD) adapte son programme de formation-coaching vers la gestion des ressources humaines. Intitulé Démarche de développement de l’entreprise, levier d’attraction, de rétention et de mobilisation des employés, il permettra aux gestionnaires et entrepreneurs d’amorcer ou de poursuivre une démarche participative dans une optique de recrutement et rétention d’une main-d’œuvre de plus en plus interpellée par le développement durable (DD).

Le programme de formation-coaching est une initiative liée à PME Durable 02. « Après des discussions avec les partenaires, ce qu’on se rend compte, c’est que l’enjeu économique numéro un dans la région, c’est celui de la main-d’œuvre. […] Il y a plusieurs études qui démontrent l’effet d’attraction que peuvent avoir les bonnes pratiques de développement durable (DD), de responsabilité sociale. On a décidé d’adapter le programme de formation-coaching vers la gestion des ressources humaines », explique le directeur général du CQDD, Nicolas Gagnon.

Le programme permettra aux participants d’apprendre comment les pratiques d’affaires écoresponsables deviennent un levier d’attraction et comment, en termes de gestion des ressources humaines, les pratiques peuvent être bonifiées pour intégrer ces nouvelles considérations. « L’idée, ça va être de permettre d’amorcer une démarche qui est participative, mobilisatrice, de développement durable et de responsabilité sociale. On n’a pas tout changé. Ça va être de démystifier ce que c’est le développement durable et la responsabilité sociale, de mieux connaître le profil des jeunes talents et leurs attentes en matière de développement durable, gérer les perceptions des gestionnaires, travailler avec des plans de développement des compétences, outiller pour la démarche participative dans l’entreprise, etc. », indique M. Gagnon.

Le DD important pour les millénariaux

Selon M. Gagnon, les jeunes talents sont de plus en plus nombreux à considérer les pratiques écoresponsables des entreprises dans leur démarches de recherche d’emplois et de sélection de leurs employeurs potentiels. Il cite certaines études réalisées aux États-Unis mentionnant que 75 % des millénariaux seraient prêts à accepter un salaire moins élevé pour travailler dans une entreprise plus socialement responsable. « Ces chiffres-là peuvent atteindre jusqu’à 10 000 $ de moins par année. Pour une entreprise qui n’a pas nécessairement les moyens d’offrir les salaires de la concurrence, mais qui choisit d’être exemplaire en développement durable, ça peut avoir un impact. Ou encore pour une entreprise qui est exemplaire et offre les mêmes salaires, mais obtient ainsi une plus grande capacité d’attraction », illustre le directeur général du CQDD.

Selon une autre étude américaine datant de 2019, 40 % des millénariaux affirment avoir déjà basé leur choix sur l’engagement en développement durable de l’employeur. « Pour les baby-boomers, c’est 17 % et la génération X, 25 %. On voit l’impact », note Nicolas Gagnon. Et finalement, un autre chiffre à retenir, selon lui, est que 70 % des millénariaux affirment que la durabilité d’une entreprise affecte leur décision de rester dans cette organisation à long terme.

Des engagements payants

Différents engagements en développement durable peuvent attirer les talents vers une entreprise. Avoir une stratégie de développement durable, amorcer une démarche stratégique en ce sens, avec une politique de DD, d’amener le développement durable au cœur de la gouvernance et de la stratégie d’affaires de l’entreprise peut être un premier élément de différenciation. « Après, ça peut être toutes les pratiques d’affaires écoresponsables à la pièce, que ce soit de mettre de l’avant des mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) des activités de l’entreprise; d’utiliser un système d’irrigation qui va consommer moins d’eau dans le domaine agricole; toute la question de conditions de travail avec la flexibilité d’horaires, le télétravail, la reconnaissance des employés; s’impliquer dans la communauté; offrir des produits et services plus écoresponsables, valoriser les résidus, etc. », mentionne M. Gagnon.

Attention à l'écoblanchiment (greenwashing)

Il est évident que lorsqu’on parle de ces différentes stratégies, l’entreprise doit mettre en œuvre ce qu’elle prône et partage. Pour attirer et retenir les employés, il faut s’assurer que les actions se concrétisent et ne soient pas juste un engagement de façade. « Il faut être très prudent pour éviter de tomber dans de la publicité mensongère [communément appelée écoblanchiment]. Mais pour un employé, d’arriver dans une entreprise où c’est bien fait, que les employés sont engagés dans la démarche, c’est très inspirant, c’est mobilisateur », conclut le directeur du CQDD.

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