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Jonathan Thibeault

SAGUENAY – Une formule toute virtuelle et sur deux après-midis a permis au Colloque de gestion des ressources humaines du Saguenay–Lac-Saint-Jean de fracasser des records de participation. En entrevue en marge de la 34e édition, qui s’est tenue les 6 et 7 mai, l’avocat et président du comité organisateur, Sylvain Bouchard, a dressé un bilan très positif qui met la barre haute pour les prochaines années.

C’est un total de 357 personnes qui se sont inscrites pour s’outiller sur les différents sujets de l’heure en ressources humaines sous le thème : l’expérience employée, chaque geste compte. « D’avoir pu tenir les présentations sur deux après-midis les 6 et 7 mai, ça en aura sûrement séduit plusieurs. Une telle formule n’est pas réaliste en personne, alors que nous avons pu le faire grâce au virtuel. En présentiel, nous avions l’habitude de frôler les 300 inscriptions, mais jamais bien plus que ça. Je suis vraiment heureux de l’engouement », détaille l’avocat chez Gauthier Bédard.

Bien qu’il ne voulait s’avancer sur aucun pronostic en l’absence de la rencontre officielle du comité organisateur, Me Bouchard a dressé un bilan sommaire très positif. « Je ne veux m’avancer sur aucun pronostic. J’ai un comité formé de gens sages, donc on a hâte d’analyser tout ça, mais c’est sûr que ça va pousser un repositionnement pour nous. Je dois aussi vous avouer que je suis très satisfait du taux de participation record. En janvier, on ne savait pas s’il allait y avoir du monde en optant pour une formule virtuelle, mais on peut dire sans détour que le comité a gagné son pari », fait savoir Sylvain Bouchard.

Offrir une plateforme conviviale

Pour ce rendez-vous annuel qui a lieu depuis 1987, le tour de force était risqué, surtout avec les limites des plateformes numériques. « Depuis un an, on en a vu des activités virtuelles. On est tous un peu saturés des Zooms et des Teams. L’un des critères importants pour le comité était de rendre le colloque presque identique à l’ambiance qu’on pouvait retrouver dans une salle d’hôtel. La plateforme utilisée a permis aux participants de réseauter entre eux, d’échanger avec les conférenciers ou panélistes et d’obtenir leur trousse du participant en quelques clics. Même pour moi, qui suis saturé des activités virtuelles, cette stratégie m’a séduite et les commentaires dans notre sondage d’appréciation semblent être dans la même direction », affirme le président du comité organisateur.

Créer une expérience employée authentique

Ce 34e colloque a permis de mettre en évidence les enjeux reliés à la main-d’œuvre et l’importance de créer une expérience employée authentique au sein de son organisation. « Si je vulgarise sommairement l’un de points à retenir, c’est que l’implication à tous les niveaux des dirigeants de l’organisation est cruciale pour permettre le succès d’une telle opération. Si tu décides de prendre un virage expérience employé et que les superviseurs ne sont pas impliqués dans la démarche, ça ne fonctionnera pas. Il faut que tout le monde incarne la vision », image-t-il, précisant que les apprentissages précédents des gestionnaires ne sont pas à jeter et que les informations véhiculées viennent compléter l’ensemble des outils importants pour prendre soin de ses salariés.

Face à ce succès, le comité organisateur se remettra sur les planches à dessin pour concocter une 35e édition qui devrait se tenir en présentiel en 2022. « Comme à notre habitude, nous consulterons les participants pour connaître leurs besoins et leurs enjeux respectifs pour monter une programmation à leur image », assure le président du comité organisateur.

L’expérience employée, un plus pour devenir un employeur attractif

Si la rareté de main-d’œuvre affecte toutes les industries, les entreprises qui mettent l’accent sur l’expérience employée se retrouvent avec une plus grande attraction et rétention de leur main-d’œuvre. Le Colloque de gestion des ressources humaines a mis en lumière différentes astuces pour permettre aux gens d’affaires et partenaires RH de se démarquer et de réussir ce virage pour devenir plus attractifs.

À travers l’ensemble des présentations qui se sont déroulées sur deux après-midis, l’un des mots-clés qui revenaient souvent était : impliquer l’employé. La conférence d’introduction du professeur honoraire au HEC Montréal, Alain Gosselin, a permis de mettre la table très rapidement sur l’importance de placer ses ressources au centre de ses actions.

« J’aurais envie de dire qu’un gestionnaire qui se dit “l’employé en premier, le client en deuxième” aura tout compris, parce qu’une organisation qui met ses employés en premier aurait compris les principes de la chaîne de valeur en ressources humaines », a affirmé celui qui a fait sa thèse de doctorat à Washington sur la chaîne de valeur RH. Le président du colloque, Sylvain Bouchard, a affirmé que monsieur Gosselin est un « fin connaisseur » qui aura assurément permis aux participants de créer un équilibre entre performances financières et engagement des employés.

Humaniser la relation patron-employé

La présidente de Charpentier DO, Joëlle Charpentier, spécialisée en accompagnement en développement organisationnel, a quant à elle prouvé que l’expérience employée pouvait se faire, peu importe la taille de l’entreprise. « L’expérience employée est d’abord un changement de paradigme qui part de la pensée que les employés sont chanceux de travailler pour notre organisation à celui que notre entreprise est chanceuse de pouvoir compter sur l’expertise de chacun » a-t-elle soulevé en introduction de sa présentation. Elle a également suggéré que les gestionnaires deviennent des coachs pour leur équipe et qu’ils apportent une ambiance positive et humble dans l’organisation.

Communiquer de façon humaine

Le coach d’affaires professionnel Pierre Boudreault a livré une conférence « qui allume les lumières », comme l’a indiqué le président du colloque. Son discours a été orienté vers la communication bienveillante avec son équipe d’employé. « Dans mes expériences précédentes, j’ai eu à annoncer la perte d’emploi à des centaines d’employés, mais je me mettais toujours en mode “aide aux employés” et c’est ce qui a permis de passer au travers des situations pas faciles », a raconté monsieur Boudreault. Le conférencier a rappelé que la communication humaine auprès de ses employés permettra de faire face à toute sorte de situations, même les plus difficiles. Son approche théorique aura également donné des trucs tangibles aux participants.

Le bien-être au travail, l’affaire de tous

En clôture de colloque, la psychologue, auteure et conférencière Rose-Marie Charest a pu livrer un inspirant plaidoyer sur le bien-être personnel, qui, selon elle, est de la responsabilité de tous. « Un moment donné, j’avais devant moi un chef d’entreprise qui m’a dit ne pas comprendre pourquoi un bon nombre d’employés partaient en épuisement professionnel. Il me demandait d’intervenir. J’ai accepté d’intervenir, mais je lui ai dit que nous allions travailler ensemble pour changer ses perceptions […], car le bien-être de chacun passe par le climat. C’est une responsabilité partagée entre la direction, les ressources humaines, les gestionnaires, les collègues et la personne elle-même », a raconté madame Charest. Son discours aura pu boucler la boucle des deux après-midis de conférence de façon élégante, captivante et remplie d’anecdotes.

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