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Frédérica Fortin-Foster

SAGUENAY — Les étudiants au cégep et à l’université expriment clairement leur désir d’être rémunérés lors de leurs stages obligatoires où ils mettent en pratique les connaissances acquises en classe. Ils jugent équitable de recevoir une compensation pour leur implication et leur contribution au sein des organisations où ils effectuent leur stage.

« Selon une étude de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), seulement 8% des stages collégiaux et 3% des stages universitaires sont consacrés à l’observation, démontant le mythe selon lequel les stages se limitent à cette dimension. L’absence d’expérience sur le terrain ne vient pas diminuer une tâche travaillée qui a besoin d’être rémunérée. C’est donc important d’être valorisés et d’être payés pour le travail que nous exerçons », affirme Jacob Parisée, président et porte-parole de l’association générale des étudiants et étudiantes du Cégep de Chicoutimi (AGEECC).

L’étude révèle également que 84 % des stages en milieu de travail ne sont pas rémunérés, impliquant un défi financier pour de nombreux étudiants. Les Cégeps de Jonquière et de Chicoutimi se joignent Au Front pour la rémunération, rassemblant près de 250 000 étudiants à travers la province. Leur demande est simple : l’obtention d’une rémunération pour tous les stages dans le secteur public ou privé.

« Ce mouvement existe depuis plusieurs années. Après toutes ces demandes et ces mobilisations, on est forcé de constater que les choses ne changent pas. Nous souhaitons apporter notre voix au Saguenay–Lac-Saint-Jean et faire en sorte que le mouvement ne s’essouffle pas », explique Léa Massé, responsable de la mobilisation à l’association générale des étudiants et étudiantes du Cégep de Jonquière (AGEECJ).

Importance de la reconnaissance

La valorisation dans un stage est tout aussi importante que la rémunération et devrait être acquise, selon Léa Massé. « Nous voulons déconstruire l’idée du stagiaire qui fait seulement passer le café. Si certains élèves sont réellement limités à des tâches mineures, c’est un problème ! Le stage doit être un apprentissage concret et une application des connaissances théoriques », mentionne-t-elle.

Dans le secteur public, les étudiants réclament un taux horaire de 18,65 $, tandis que dans le privé, le salaire horaire serait laissé à la discrétion de l’employeur. Il est important de noter que les étudiants souhaitent voir les crédits d’impôt attribués aux entreprises accueillant des stagiaires augmenter de 30 %.

« Pour certains étudiants, les stages impliquent des déplacements, entraînant des coûts pour le logement, le transport, la nourriture, les frais de scolarité et d’autres dépenses, sans rémunération pendant plusieurs mois. Cette situation devient un défi pour ceux qui veulent notamment reprendre leurs études. Bien qu’ils puissent suivre les cours, les stages posent des problèmes, surtout pour ceux ayant des responsabilités familiales et professionnelles. Certains abandonnent leur formation, incapables de supporter financièrement des stages obligatoires non rémunérés, compromettant ainsi l’obtention de leur diplôme », ajoute Mme Massé, elle-même étudiante au Cégep de Jonquière.

À la suite des demandes et de la grève des étudiants en novembre dernier, la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) et la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) devraient présenter leur plan d’action. Jacob Parisée reste confiant dans l’obtention de leurs demandes et souligne la nécessité de continuer à représenter les étudiants.

La position des entreprises

La Chambre de commerce et d’industrie Saguenay–Le-Fjord soutient le Front pour la rémunération, soulignant notamment que les stagiaires peuvent rester au sein de l’entreprise à long terme, contribuant à contrer la pénurie de main-d’œuvre.

« Avec la pénurie de main-d’œuvre, beaucoup de stages dans le secteur privé sont rémunérés. Cette situation est davantage un enjeu dans le secteur public où il y a plus de réglementation. […] C’est tout de même important de mentionner aux entreprises qu’il y a des subventions salariales octroyées par le programme ‘‘Accueillez un stagiaire’’ de la FCCQ. Ces subventions du gouvernement fédéral peuvent payer jusqu’à la moitié du salaire d’un stagiaire », conclut Sandra Rossignol, directrice générale de la CCISF.

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