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Karine Boivin Forcier

SAGUENAY – Si le télétravail est une tendance qui est là pour rester, les jeunes de 16 à 35 ans semblent ouverts à retourner au bureau plus souvent, mais encore faut-il qu’ils y trouvent une expérience intéressante. Il s’agit d’un autre point qui ressort dans l’étude Travaillons ensemble publiée par le Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec (RJCCQ).

« Est-ce que le télétravail est là pour de bon ? Dans tous les groupes d’âge, c’est relativement fort, mais chez les jeunes, c’est très important à 89 %. Dans ce pourcentage, ce sont 44 % qui disaient vouloir le télétravail en tout temps. Ça va poser vraiment la question de la flexibilité qu’auront les employeurs avec la volonté d’avoir un certain retour au bureau, que ce soit un, deux ou cinq jours par semaine. Il va falloir personnaliser l’approche », indique d’entrée de jeu le président-directeur général du RJCCQ, Pierre Graff.

L’expérience bureau

La présence au bureau est généralement perçue comme une façon efficace de favoriser la cohésion d’équipe, tant par les jeunes que par les moins jeunes (79 %). Les jeunes sont toutefois plus nombreux (77 %) que leurs aînés (55 %), à considérer que les activités informelles hors travail, comme les 5 à 7 ou les dîners, favorisent la cohésion.

Conséquemment, l’une des principales mesures qui inciteraient les jeunes professionnels à revenir au bureau plus souvent est l’organisation d’activités sociales ou des rencontres d’équipes sur une base régulière (82 %). « Le retour au bureau doit être pensé en termes expérientiel. Lorsqu’un jeune professionnel va vouloir se déplacer au bureau, il va falloir qu’il fasse quelque chose qu’il ne ferait pas chez lui. Maintenant, nous pouvons tous travailler sur notre ordinateur portable chez nous. Pourquoi nous déplacerions-nous à notre bureau, hormis pour voir nos collègues ? », fait remarquer M. Graff.

Rendre le retour attrayant

Un employeur qui paie le café, des boissons ou de la nourriture (81 %) et qui offre un bureau individuel fermé, ergonomique et adapté aux besoins (81 %) constitue aussi une motivation à revenir au bureau de façon plus régulière. Mentionnons que le paiement du transport en commun ou du stationnement (78 %) et la présence d’une salle de sport gratuite dans le bâtiment (75 %) sont aussi des mesures qui inciteraient les jeunes travailleurs à se présenter sur les lieux de travail.

Le PDG du RJCCQ croit qu’il est aussi possible pour les entreprises de miser sur l’appétit pour la formation continue et la volonté d’organiser des activités pour ramener les jeunes professionnels dans leurs locaux. « Il faut rendre le retour au bureau attrayant. Pratiquer du sport avec ses collègues, par exemple. Toutes ces choses expérientielles vont être essentielles pour être capables d’attirer les gens au bureau, ne serait-ce qu’une journée par semaine. »

Retour en région

Dans le premier sondage, réalisé en septembre 2021, le RJCCQ avait noté qu’environ 47 % des jeunes des grands centres urbains considéraient la possibilité de s’établir en région. « On a vu, avec l’Institut de la statistique du Québec, que ça s’est matérialisé. Montréal a perdu 2,6 % de sa population. C’est vraiment très intéressant. Il y a des régions qui en ont beaucoup bénéficié, entre autres l’Estrie, et le Saguenay–Lac-Saint-Jean aussi », précise Pierre Graff.

Ce retour en région des jeunes fait d’ailleurs partie des priorités de l’aile jeunesse de la Chambre de commerce et d’industrie Saguenay-Le Fjord (CCISF). « C’est lié à ce que nous voulons travailler dans les prochaines années; le retour des professionnels et entrepreneurs en région. Nous voulons réfléchir à comment nous pouvons les accueillir et bien les intégrer. Ce sont quand même des gens qui vont travailler souvent de la maison. Il faut trouver des moyens de les faire sortir, de favoriser les rencontres. Il faut créer des milieux de vie intéressants, comme des espaces de travail partagés, par exemple », affirme Simon McNicoll, le vice-président de l’aile jeunesse de la CCISF.

Monsieur McNicoll pense notamment profiter de l’appétit pour la formation en axant sur les Rendez-vous qu’organise la chambre de commerce sur différents sujets. « Je pense que c’est important de réunir tout l’écosystème autour de ça aussi. Il faut se questionner ensemble sur ce qu’on peut faire pour eux, les façons dont on peut les intégrer, les réunir. On y pense beaucoup présentement », conclut-il, évoquant aussi le plein air et les clubs de course ou vélo en affaires.

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