N.D.L.R. : Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « Développement minier : les projets miniers et leurs enjeux au Saguenay-Lac-Saint-Jean et au nord du Québec », publié dans notre édition du mois d’octobre.

SAGUENAY – Le Centre d’études sur les ressources minérales (CERM) de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) sera dorénavant l’organisation responsable de la relance de la Table régionale de concertation minière(TRCM) pour la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Il s’agit d’un projet soutenu par le Fonds d’appui au rayonnement des régions (FARR). Le programme, qui vise le financement de projets alignés sur les priorités régionales découlant du sommet économique de 2015 et, plus spécifiquement dans ce cas, du comité Mines et Métaux, qui en est issu.

« La TRCM a fonctionné de 2012 à 2015 sous l’égide de la CRÉ-SLSJ, dont l’objectif était de doter la région du SLSJ d’une stratégie de développement minéral par des actions de soutien aux acteurs régionaux, de valorisation du potentiel minéral et d’acquisition des connaissances. Plusieurs projets et réalisations ont découlé de ses activités, tels que la carte routière minérale du SLSJ, les projets d’acquisition de connaissances et le soutien aux prospecteurs », soulignent Christian Tremblay et Brigitte Poirier, professionnels de recherche au CERM, en compagnie du directeur Paul Bédard, et du stagiaire en écoconseil, Félix Lecompte-Boinet.

Le nouveau mandat de la TRCM 2018 à 2020 vise le même objectif, tout en répondant aux priorités suivantes : pour les Mines et métaux : Accompagner les promoteurs miniers dans les étapes d’élaboration de leur projet, Positionner la région en tant que fournisseur de produits et de services, Valoriser ou transformer les produits miniers dans la région, Considérer les enjeux des Pekuakmiulnuatsh, Acquérir des connaissances;  et spécifiquement pour les Premières Nations : Renforcer la culture de partenariat entre les Premières Nations et les acteurs socioéconomiques de la région.

Carte routière minérale (CRM)

Parmi les principales actions du CRM, soulignons la carte routière minérale, qui présente des informations sur les ressources minérales (mines, gîtes, indices) qu’il est possible de valoriser. Elle identifie les infrastructures qui permettent d’avoir accès ou d’exporter les ressources minérales ainsi que les intervenants du secteur minéral qui œuvrent à explorer, valoriser et extraire les ressources minérales. Ces intervenants comprennent des entreprises d’exploration, d’extraction, de transformation, de services, de communications et d’équipementiers.

« Cette carte-là, que l’on retrouve sur la page web de la TRCM, en est à sa troisième version avec ses mises à jour. Elle sera disponible bientôt sur les différentes plateformes de nos partenaires, comme les MRC, Promotion Saguenay et la CIDAL. Les phases 1 et 2 de la CRM ont été réalisées dans le cadre d’un projet spécifique avec la Conférence régionale des élus, alors que la troisième phase (version 3.0) est réalisée dans le cadre du présent mandat 2018-2021.

« L’exploration minière, ce n’est pas comme la forêt où l’on possède la carte des peuplements forestiers. Dans le cas des mines, les dépôts sont cachés et il faut les trouver. C’est pourquoi l’un des éléments de la carte est de soutenir l’exploration régionale », précise Paul Bédard.

Découvertes

Dans le cadre de son mandat d’appui et de développement minier, la TRCM a participé au camp de prospection minière organisé par l’Association des prospecteurs du Saguenay-Lac-Saint-Jean du 9 au 13 septembre dernier au nord du 51e parallèle (350 km de Girardville).

« Nous avons fait deux découvertes dans cette partie éloignée et moins bien connue de la région, dont des affleurements de roches minéralisées en sulfures (chalcopyrite-minerais de cuivre). Plusieurs échantillons de roches ont été expédiés pour être analysés afin de déterminer les concentrations en métaux usuels et précieux. Les résultats obtenus devraient orienter les prochains travaux de prospection qui seront nécessaires pour mieux évaluer le potentiel de ces découvertes », mentionne le professionnel de recherche et chargé de cours à l’UQAC, Christian Tremblay.

Assistances de demandes

Au cours de l’année 2018-2019, une quarantaine de demandes d’assistance ont été adressées à la TRCM. Le critère pour accepter et traiter une demande d’assistance est que l’échantillon ou le projet doit provenir de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Les demandes sont parfois très rapides à traiter, lorsqu’il s’agit d’identifier une roche commune. Parfois, la demande d’assistance peut-être plus complexe à traiter puisque, dans certains cas, elle peut déboucher sur un projet d’exploration si l’échantillon contient des minéraux à valeur économique.

Pour la plupart des demandes d’assistance, un résumé est rédigé. Les demandes d’assistance qui sont adressées à la TRCM sont nombreuses, variées et souvent en lien avec l’identification des roches, des minéraux et la validation de l’intérêt des échantillons pour l’exploration (économique).

Comités

Soulignons enfin que le comité de gestion de la TRCM est composé de Jean-Lin Otis (CMAX), Claudia Fortin (Développement Économique 02), Sabin Larouche (MRC Lac-Saint-Jean-Est), Steeve Lemire (MRC du Fjord-du-Saguenay), Guy Grenier (MRC Maria-Chapdelaine), Mario Gagnon (MRC du Domaine-du-Roy), Frédéric Perreault (MERN), Daniel Tremblay (MAMH), François Rompré (Mashteuiatsh), Mathieu Gravel et Marco Bacon (Centre Nikanité) et Sylvain Cloutier (UQAC).

De son côté, le comité de filière, qui regroupe les principales industries œuvrant dans le secteur minéral, comprend Jean-Sébastien David (Arianne Phosphate), Gervais Simard (Association des prospecteurs du SLSJ), Bernard Lapointe (géologue-consultant), Frédéric Bergeron (Magnor Exploration), Guillaume Maton (Niobec), et Jean-François Nadeau (Rio Tinto Aluminium).

Principaux projets miniers de la région

Christian Tremblay, qui agit à titre de professionnel de recherche au Centre d’études sur les ressources minérales (CERM) de l’UQAC et responsable de la Table de concertation régionale minière, brosse le portrait des principaux projets miniers au Saguenay-Lac-Saint-Jean.

Niobec

Niobecest la seule mine en opération actuellement dans la région, et ce, depuis 1976. La mine et ses installations de concentration, propriétés de Magris Ressources depuis 2015, sont situées à Saint-Honoré. Cette mine est la seule exploitation souterraine de niobium dans le monde et l’un des trois principaux producteurs mondiaux de ce minerai.  Il n’a pas été possible d’obtenir une entrevue avec un dirigeant de cette entreprise qui, selon M. Tremblay, prépareraient des travaux et/ou des investissements majeurs.

Arianne Phosphate

Pour lancer son projet, Arianne Phosphatedevra conclure des ententes pour vendre 3 millions de tonnes d’apatite, soutient Christian Tremblay.

« Ils sont rendus à l’étape du financement pour commencer. Nous n’avons plus besoin de les accompagner, ils sont trop avancés. Ce projet a déjà nécessité des dizaines de millions de dollars depuis ses débuts », a-t-il précisé. Selon l’expert, l’apatite tirée du Lac-à-Paul, qui servira à la production d’engrais chimique, serait plus pure que ce qu’on retrouve à plusieurs endroits dans le monde, ce qui permettrait de séduire plusieurs clients qui ne souhaitent pas offrir des produits qui contiennent des concentrations plus élevées en cadmium et en uranium. Le projet Lac à Paul consiste à exploiter une mine de phosphate à ciel ouvert. En plus d’être un composant essentiel des fertilisants, le phosphate est aussi employé dans une variété de produits alimentaires et industriels.

Métaux BlackRock

De son côté, le projet d’extraction et de transformation de vanadium-titane-magnétite suit son cours. Métaux BlackRock, qui a obtenu le feu vert du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques du Québec pour la construction de son usine de transformation au port de Grande-Anse, à La Baie, a toutefois annoncé à la fin du mois d’août qu’elle retardait au printemps 2020 les travaux de son usine, question de régler les derniers détails du financement.

Vertical Exploration

À Saint-Ludger-de-Milot, Vertical Exploration veut relancer un petit projet d’extraction de wollastonite, un minerai utilisé dans l’industrie agricole. « Ils ont fait des forages cet hiver pour requalifier les ressources. Ils font actuellement des tests avec le Centre de recherche et de développement en agriculture (CRDA) Agrinova du Cégep d’Alma. Ils veulent développer le marché pour amender les sols et pour les propriétés insectifuges du matériel », soutient Christian Tremblay. La wollastonite étant un silicate de calcium, le minerai permettrait d’apporter des suppléments de calcium et de magnésium, tout en équilibrant le pH sur les terres agricoles.

Métaux Niobay

L’entreprise Métaux Niobaya amorcé de nouveaux essais métallurgiques pour son projet Crevier. Un échantillon de 15 tonnes a été extrait du gisement situé au nord de Girardville, au cours des dernières semaines, afin de tester de nouvelles technologies. « J’ai parlé au directeur et ils ont refait des études métallurgiques. Ils sont retournés sur le terrain et ont récolté un échantillon de quelques centaines de kilos, qui sera analysé en laboratoire pour faire des tests de séparation et d’extraction. Ils ont remis ce projet sur les rails parce que le prix du niobium a augmenté depuis un an. » La société espère maintenant obtenir des résultats convaincants afin de poursuivre le projet.

Periodic Resources

Dans les monts Valins, un petit projet d’extraction de granulat dense est mené par la minière Periodic Resources. « Ils ont déjà commencé l’extraction d’un petit volume l’an dernier, de quelques milliers de tonnes pour faire des tests », note Christian Tremblay, en ajoutant que l’entreprise continue de développer le marché cette année. Les granulats denses sont vendus sur des marchés de niche pour faire du béton spécialisé qui est utilisé, notamment, dans les coffrages des centrales nucléaires. Periodic réalise présentement des tests pour vérifier la capacité du minéral à bloquer les radiations, ce qui permettrait de percer le marché des appareils d’analyses médicaux. La minière s’attend à obtenir la certification l’an prochain et de pouvoir démarrer la production commerciale à ce moment.