L’entreprise québécoise A3 Surfaces de Saguenay a développé au sous-sol du Cégep de Chicoutimi une technologie révolutionnaire qui permet de traiter l’aluminium anodisé afin de conférer au matériau des propriétés antimicrobiennes et bactéricides. Le résultat de cette recherche a d’ailleurs fait l’objet d’un reportage à l’émission Découverte dimanche soir à l’antenne de Radio-Canada.
Sur le plan de la santé publique, il s’agit d’une avancée remarquable réalisée, car l’éradication des micro-organismes sur les surfaces traitées induit l’élimination des problèmes de transmission des maladies qu’ils causent via les vecteurs de transmission.
L’efficacité de la technologie d’A3 Surfaces a été validée par le CNRC (Conseil national de recherches Canada) et l’effet biocide testé par AGAT Laboratoires (ISO 22196). La recherche démontre que la technologie développée par A3 Surfaces élimine les risques de transmission de maladies bactériennes et virales par contamination croisée en quelques secondes à quelques minutes seulement. Aucune autre surface antimicrobienne ne parvient à éliminer les microorganismes aussi rapidement.
Par exemple, des tests indépendants ont montré que les produits traités par A3 Surfaces peuvent tuer 99,9 % des bactéries (S. aureus, une cause fréquente d’infections cutanées, d’infections respiratoires et d’intoxications alimentaires) en cinq minutes ou moins.
La professeur Nathalie Tufenkji, de l’université McGill, a également réalisé des tests montrant que la charge bactérienne (S. aureus) d’une main contaminée pouvait être réduite de 80 % en entrant en contact avec le matériau A3 Surfaces pendant cinq secondes seulement.
Cette efficacité unique de réponse en temps pourrait contribuer à sauver des milliers de vies. Au Canada, plus de 200 000 patients par an contractent des infections nosocomiales, et 8 000 d’entre eux en mourront. La transmission des agents pathogènes est principalement liée à la contamination croisée par l’environnement hospitalier inerte.
Comment cela fonctionne-t-il ?
L’application de la technologie se fait en quatre étapes :
- La préparation de la surface : consiste à nettoyer et à décaper le matériau de base pour obtenir une surface uniforme avec un minimum d’imperfections.
- Anodisation : procédé qui crée des nanopores en céramique à la surface par le passage d’un courant électrique dans un électrolyte.
- Imprégnation de substances antimicrobiennes : les nanopores sont remplis de composés d’ammonium quaternaire (CAQ), un type de substances antimicrobiennes couramment utilisées dans les lingettes désinfectantes vendues dans les épiceries.
- Scellage : fermer les nanopores pour contrôler l’agent antimicrobien réparti sur plusieurs années et préserver son efficacité.
Un matériau au potentiel remarquable
Le matériel autodésinfectant de A3 Surfaces peut être utilisé dans le secteur de la santé, les institutions et les écoles, les magasins et les industries, les entreprises de transformation des aliments, les restaurants, ainsi que dans les lieux publics et les transports publics très fréquentés.
Imaginez quel serait l’impact sur la propagation de virus et de bactéries si aucun micro-organisme ne pouvait adhérer à la surface de…
- poignées des portes;
- barres et poteaux de maintien dans les transports en commun;
- poignées de paniers d’épicerie;
- plaques à pousser sur les portes
- mains courantes
- jouets
- outils médicaux
- comptoirs de transformation alimentaire
- revêtements muraux dans les toilettes publiques, les écoles, les lieux publics, les navires de croisière et les hôpitaux
Prochaines étapes
La technologie développée par A3 Surfaces est en attente d’un brevet international (protection mondiale) depuis le 10 décembre 2019. La société attend également l’homologation de Santé Canada, et le processus avance bien.
En parallèle, A3 Surfaces travaille avec l’hôpital de Chicoutimi pour démontrer davantage l’efficacité de la technologie en milieu hospitalier. Une chambre d’hôpital a été entièrement équipée avec le matériel d’A3 Surfaces, et l’entreprise attend l’approbation de Santé Canada pour mener un projet pilote.
Sur le plan de la recherche, des experts du Département de microbiologie et d’infectiologie de l’Université de Sherbrooke, issus du génie biochimique et chimique, travaillent sur un projet de recherche visant à tester les effets antimicrobiens de l’aluminium anodisé sur le SARS-COV-2, le virus responsable de la COVID-19.
Les dirigeants de l’entreprise travaillent finalement à l’installation d’une usine dans le parc industriel Henri-Girard à l’automne prochain, et une autre usine sera construire dans les mois qui suivent dans la région de Montréal.