Auteur

Karine Boivin Forcier

N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : Industrie numérique, un écosystème à propulser, publié dans notre édition du mois de mai.

SAGUENAY – L’automatisation et la robotisation peuvent contribuer à augmenter la productivité et l’efficacité d’une entreprise. À condition, toutefois, de bien cerner ses besoins et la technologie le mieux à même d’y répondre, prévient le directeur du Centre de production automatisée (CPA) du Cégep de Jonquière, Robert Poirier.

Le CPA, qui fait partie du réseau des centres collégiaux de transfert technologique, accompagne notamment des PME dans leurs idées d’automatisation. « Nous avons une centaine de clients annuellement, pour environ 200 projets », précise M. Poirier.

Le constat qui revient souvent, c’est que les entrepreneurs ne ciblent pas les bonnes sections de leur organisation pour l’automatisation. « C’est surprenant de voir à quel point, parfois, on nous demande d’automatiser une portion d’usine pour répondre à un besoin, mais au final, le goulot d’étranglement n’est pas à la bonne place. Après analyse, ce n’est pas là qu’il faut mettre les efforts », mentionne le directeur.

Il insiste sur l’importance de bien évaluer les impératifs et de s’assurer que le projet d’automatisation résoudra véritablement les enjeux. « Ça nécessite un regard objectif pour guider les gens dans le système automatisé adéquat. On doit vérifier que le besoin ciblé correspond aux objectifs. Ça, c’est vraiment la première étape qu’on fait quand on accompagne un entrepreneur. »

Accompagnement

Robert Poirier considère qu’il ne faut pas hésiter à se faire accompagner par des experts ou des conseillers spécialisés lorsqu’on lance un projet d’automatisation ou de robotisation. « Les dirigeants de PME sont vraiment excellents. Ils font un travail exceptionnel et ils font marcher leur entreprise. Mais parfois, il leur manque un pas de recul pour voir dans la globalité où se trouve le goulot d’étranglement. C’est là que nous, quand nous arrivons avec un œil frais, nous pouvons avoir un regard différent », estime-t-il.

Selon lui, il existe plusieurs portes d’entrée auxquelles cogner lorsqu’on souhaite commencer un projet d’automatisation. « Ça peut être un centre comme le nôtre, mais il y a différents joueurs sur le marché. On peut passer par Investissement Québec, des programmes gouvernementaux, les conseillers en innovation, le Réseau des CCTT, etc. », illustre le directeur du CPA.

Une fois les besoins bien cernés, les organismes de soutien peuvent collaborer avec la PME pour prendre les différentes décisions concernant son projet. « Ensuite, on fait des choix en fonction de paramètres économiques, avec une vision de long terme. Est-ce que ça peut être un système unique ou c’est porté à grandir ? Il faut sélectionner l’automate en fonction des évolutions à venir aussi. Être prévoyant permet de réduire les coûts et d’avoir de l’espace pour une certaine croissance », explique M. Poirier.

Des bénéfices importants

Lorsque le projet est bien mené et qu’il cible les bons besoins, l’automatisation ou la robotisation peuvent entraîner des gains considérables pour une entreprise. Avant tout, elle assure de faire effectuer les bonnes tâches par les bonnes personnes. « On évite d’utiliser les gens comme des systèmes répétitifs. Ça donne une valeur ajoutée au travail », souligne M. Poirier. Cela offre aussi une certaine constance et qualité de production, puisque l’appareil fait toujours le même geste de la même façon.

Le directeur du CPA raconte que, dans sa pratique, il a déjà automatisé un système pour manipuler des échantillons d’aluminium. « Au départ, c’était une personne qui faisait ça. Mais ce travailleur était spécialisé dans l’analyse des données que la machine lui fournissait. On l’a libérée de la manipulation pour lui permettre de faire ce pour quoi elle était véritablement spécialisée », révèle-t-il.

Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, l’automatisation ou la robotisation viennent aussi faciliter certains emplois considérés comme plus difficiles. « Quand on dit que ça supprime des postes, c’est faux. J’ai toujours vu l’automatisation bonifier la qualité des emplois et en sauver. On va l’observer dans les prochaines années : les PME qui ne s’automatiseront pas vont devenir précaires », conclut Robert Poirier.

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