Auteur

Jonathan Thibeault

N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : Industrie numérique, un écosystème à propulser, publié dans notre édition du mois de mai.

SAGUENAY – La géomatique transforme la stratégie d’entreprise en facilitant une prise de décision éclairée à travers des informations précises et localisées. Selon Charles Gignac, coordonnateur scientifique au Centre de géomatique du Québec (CGQ), les entreprises doivent désormais jongler avec les défis de gestion et de sécurité des données, tout en exploitant les nouvelles opportunités offertes par la démocratisation des outils d’analyse pour rester compétitives.

D’entrée de jeu, M. Gignac rappelle que la géomatique intervient quotidiennement dans la gestion des éléments géographiques et temporels au sein des entreprises. « Il y a une valeur ajoutée pour l’aide à la décision. Ces informations ne se réduisent pas à une ligne dans une table ou un fichier Excel. Elles se manifestent dans le temps et l’espace », explique-t-il. Il illustre son propos par un exemple concret : « Ainsi, si nous parvenons à localiser un accident de voiture à un lieu et une heure précis et que nous intégrons ces éléments à nos logiciels, nous pouvons modéliser des schémas ou identifier des problèmes selon la période. Cela permet d’intégrer la dynamique pour mieux comprendre les phénomènes. »

Une entreprise, peu importe sa taille, peut accéder à une multitude d’informations brutes qui pourraient contribuer à augmenter la productivité si elles étaient agrégées. « Que ce soit des éléments financiers, des carnets de commandes, des données sur la concurrence ou autres, une bonne interprétation permet d’aller plus loin en établissant des liens de cause à effet. Il est essentiel d’accumuler ces informations et de savoir les analyser, car il y aura toujours quelque chose à en tirer. Les PME en particulier peuvent examiner leurs bases pour dégager des informations pertinentes », croit-il.

Outils démocratisés

« L’accès aux outils s’est considérablement démocratisé. Auparavant, une expertise en codage était indispensable pour manipuler des ensembles complexes. Aujourd’hui, avec l’évolution des technologies no-code et low-code, même les individus sans compétences techniques poussées peuvent utiliser des outils avancés et intuitifs. Cela ouvre de nouvelles possibilités pour les entreprises de toutes tailles d’engager une analyse active sans se heurter à la barrière du langage de programmation. Toutefois, il est crucial de comprendre ces outils pour éviter de les percevoir comme de simples machines et de s’assurer qu’ils répondent à nos besoins spécifiques », rappelle le coordonnateur scientifique, habitué à accompagner et former des entreprises dans ce domaine.

Structurer et gérer l’information

Dans une ère marquée par la multiplication de capteurs et de systèmes permettant la collecte d’informations de toutes sortes, Charles Gignac rappelle l’importance de structurer adéquatement la façon dont ces éléments sont collectés, manipulés et gérés. « À l’heure actuelle, avec l’augmentation des capteurs et systèmes de collecte, il est crucial de concevoir des méthodes de gestion qui vont au-delà du simple stockage pour permettre une analyse et une exploitation stratégiques. L’information, qu’elle provienne de caméras, de capteurs météorologiques ou de flux de véhicules, constitue une ressource inexploitée. Sans une structure adéquate, elle reste sous-utilisée. C’est en mettant en place des systèmes efficaces que les entreprises peuvent transformer ces informations en avantage compétitif. »

Faisant allusion aux fuites importantes, comme celle de Desjardins, l’expert souligne l’importance de contrôler rigoureusement la façon dont les employés peuvent accéder, extraire et consulter les informations. « Avec la loi 25, il est impératif que les entreprises adoptent des méthodes strictes. Lorsque nous établissons un système d’interprétation statistique ou d’analyse, il est essentiel que les employés soient bien formés et conscients des règles. D’un autre côté, il faut élaborer un plan clair pour la gestion de ces ressources. Dans une ère de science participative, la prudence est de mise dans la gestion de l’information. Les citoyens étant de plus en plus vigilants, il est crucial d’identifier les éléments sensibles qui nécessitent une protection. Valoriser est une chose ; sécuriser en est une autre », rappelle M. Gignac.

Dans un contexte où les technologies de collecte et d’analyse deviennent de plus en plus accessibles, l’importance de structurer efficacement ces informations se fait sentir de manière accrue. Le défi ne réside plus uniquement dans la collecte, mais également dans la gestion optimale pour maximiser leur potentiel. Les informations brutes, bien exploitées, peuvent révéler des tendances, des modèles et des opportunités inexplorés qui peuvent transformer les opérations commerciales. Le travail du CGQ avec les entreprises démontre qu’une bonne stratégie autour de ces éléments n’est pas seulement un avantage compétitif, mais une nécessité opérationnelle dans l’économie moderne. Les organisations qui adaptent leurs pratiques pour mieux sécuriser, analyser et exploiter ces informations seront les mieux placées pour prospérer dans cet environnement en constante évolution.

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