N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : Industrie numérique, un écosystème à propulser, publié dans notre édition du mois de mai.
SAGUENAY – Dans un monde où l’intelligence artificielle (IA) ne cesse de gagner du terrain, comprendre et exploiter cette technologie devient un impératif. Le professeur et directeur des programmes d’études de cycles supérieurs en informatique au département d’Informatique et de Mathématique de l’UQAC Bob-Antoine Jerry Menelas souligne l’importance de cette adaptation. « Il n’y a pas si longtemps, il fallait expliquer ce qu’était l’IA. Aujourd’hui, le défi est d’enseigner comment l’utiliser efficacement dans différents domaines d’application, » explique-t-il.
Selon le professeur, l’essor de l’IA soulève des questions de compétence et de sécurité. « La formation continue est cruciale, non seulement pour tirer parti de l’IA, mais aussi pour prévenir les risques associés, tels que les cyberattaques de plus en plus sophistiquées, » dit-il. Le gouvernement a déjà entamé la mise en place de stratégies pour le développement des compétences numériques de la population, une initiative que Menelas juge tardive, mais nécessaire. « C’est sur qu’il y a des choses à faire, mais le plus grand enjeu demeure de développer ces formations. Je ne vois pas qu’on les développe ».
Pendant la pandémie, les universitaires ont pu prêter main-forte pour aider la population étudiante, mais aussi les citoyens dans ces bouleversements technologiques qu’impliquaient le travail à distance. Cependant, le professeur constate qu’il reste encore du travail à faire quant à la cybersécurité et l’uniformisation de la littératie numérique auprès de la population en général.
Le spécialiste met en garde contre une certaine naïveté. « Les gens ne sont pas toujours conscients des limites de l’IA et lui attribuent des capacités qu’elle n’a pas encore. Cela crée des vulnérabilités, notamment chez les populations âgées et moins averties. »
Dans le milieu professionnel, l’IA se présente comme un outil de productivité et de sécurité. M. Menelas mentionne le développement d’agents conversationnels capables de fournir une assistance personnalisée, réduisant ainsi les risques d’accident et améliorant les conditions de travail. « En entreprise, cela peut optimiser les opérations sans nécessairement remplacer les emplois. Son intégration vise à réduire les irritants et à bonifier l’efficacité des employés, en plus de réduire certaines barrières d’entrée, » précise-t-il, en ajoutant que les organisations ne devraient pas bannir ces outils, mais les baliser et se former adéquatement pour une utilisation optimale à travers le temps.
Pour le professeur en informatique à l’UQAC, le principal défi reste l’éducation. Il enseigne à ses étudiants non seulement à développer des applications mobiles, mais aussi à comprendre les implications économiques et éthiques liées à l’utilisation de ces plateformes. « Dès le premier cours, j’aborde la question de la collecte de données et de la souveraineté numérique, » dit-il. L’Europe, selon lui, est en avance sur ce plan, avec des régulations strictes protégeant les utilisateurs. Il ne serait pas surpris de voir arriver des règles similaires dans les années à venir, même s’il juge qu’au pays, il n’y a pas le même culte de sensibilité que l’on retrouve en Europe.
Avec l’émergence des technologies de deepfake et d’autres outils avancés, l’enjeu de la littératie numérique devient plus pressant. « Nous devons préparer les citoyens à utiliser ces outils de manière éclairée, à reconnaître leurs potentiels, mais aussi leurs dangers, » insiste-t-il. Il martèle l’importance de développer des formations numériques adaptées à tous. Selon lui, « l’avenir du travail, de la santé et de notre vie quotidienne dépendra de notre capacité à intégrer l’IA de manière éthique et efficace. »