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Karine Boivin Forcier

SAGUENAY « L’entrepreneuriat, ça reste un marathon de courses à obstacles. La majorité d’entre nous court longtemps et il y a bien des défis », affirme Robi Guha. Entrepreneur au parcours atypique, le copropriétaire de la firme technologique TLM n’a pas froid aux yeux et surtout, il ne craint pas de faire des erreurs… ni de laisser les autres en faire.

C’est l’éclatement de la bulle technologique, en 2002, qui pousse Robi Guha à se lancer en affaires. Étudiant en génie informatique, il choisit de cesser sa formation pour ouvrir sa propre entreprise. « Mes collègues et mon frère, qui ont obtenu leur diplôme en génie, avaient de la difficulté à se trouver un emploi. Je me suis dit : si tous ces gens brillants ont de la misère à obtenir du travail, comment ferai-je, moi, quand ce sera mon tour ? À travers la nécessité, on pose des gestes. Quand j’ai démarré, je n’ai pas réfléchi. Je ne savais même pas encore ce qu’on allait faire. »

En riant, M. Guha souligne que ce n’était peut-être pas un bon coup de se lancer sans savoir exactement ce qu’il ferait, mais assure qu’il ne changerait rien à son parcours. Il a finalement choisi l’informatique, puisque c’était son domaine d’études, et il s’est associé avec son frère jumeau, Bhaskor.

Leur chemin est peuplé d’apprentissages, d’essais et d’erreurs, mais aussi de beaux succès. Aujourd’hui, TLM offre sous un même toit tous les services dont les startups ont besoin pour mettre en marché leurs idées technos. La firme emploie quelque 95 personnes. « Je me suis toujours dit que si nous apprenons et que nous sommes inspirés, nous irons par en avant. Le trajet va être un peu plus tortueux, mais il va être intéressant. Ça permet également aux gens dans l’organisation de mettre leur couleur. Nous sommes ouverts à différents itinéraires, surprises ou tentatives. C’est un parcours beaucoup plus amusant pour moi et pour ceux dans l’équipe qui ont envie de le diriger », estime l’homme d’affaires.

Accepter les erreurs

Selon Robi Guha, la plus grande force de son frère et lui en tant qu’entrepreneurs, c’est qu’ils acceptent de faire des erreurs et que les autres en fassent également. « Nous avons fait de vraies erreurs, qui ont coûté 100 000 $ ou plus. Mais ce n’est pas grave, parce que nous apprenions. Et des erreurs comme celles-là, on s’en souvient », lance-t-il en riant, convaincu que ces bévues ont été essentielles pour la croissance et la réussite de TLM.

Les propriétaires étendent cette philosophie à leurs employés. « Affronter les défis en laissant mon équipe prendre les décisions au lieu que ce soit moi, ça m’a fait réaliser qu’ils feront les mêmes erreurs que j’aurais faites. Oui, ils vont faire des gaffes, mais ça va les amener à ne pas craindre de prendre des décisions », indique M. Guha. Selon lui, il est important d’être capable de faire des choix promptement, sans avoir peur. « Nous nous trompons parfois, mais ce n’est pas grave parce que nous avançons quand même. Nous progressons plus vite puisque nous essayons des choses plus rapidement et nous acceptons que ce soit imparfait. »

Robi Guha se plait d’ailleurs à propager une culture de l’imperfection dans l’entreprise. « Ça ne veut pas dire que ce que nous livrons à nos clients est imparfait. C’est plutôt qu’à travers une série d’actions, il va y avoir une multitude d’enjeux et de défis, mais nous allons savoir les traverser et continuer à faire un succès. Le marché dans lequel on est, celui d’aider les entrepreneurs en créant des produits logiciels, c’est un marché de situations imparfaites. Tout ce que nous apprenons à travers notre mode de fonctionnement s’y transfère. »

Continuer d’apprendre

L’apprentissage est d’ailleurs au cœur de la démarche entrepreneuriale de Robi Guha. « Si j’arrête d’apprendre, ça veut dire que je ne suis plus à la bonne place », croit-il. Et pour lui, apprendre ne passe pas seulement par un curriculum scolaire, mais aussi par les interactions avec les autres. « J’ai la chance de passer au moins 50 % de mon temps à discuter avec des entrepreneurs. Mon travail, c’est de jaser avec des gens qui ont des idées sur la façon de révolutionner un petit morceau de leur monde. Il y a parmi eux des personnes qui ont des histoires exceptionnelles ! »

S’il collabore ainsi régulièrement avec des gens d'affaires qu’il qualifie d’innovants et côtoie une équipe créative et audacieuse, le propriétaire de TLM ne se perçoit pas lui-même comme un innovateur. « Il y a des gens qui font d’énormes transformations de leur marché et qui ont des impacts importants. Je ne pense pas être cette personne-là. Est-ce que je le serai un jour ? Je ne sais pas. On ne cherche pas à être innovateur, mais peut-être qu’à force d’essayer des choses, on le devient. Je suis déjà très fier d’avoir pu aider des visionnaires dans ma carrière. »

Modèle différent

Monsieur Guha admet que le modèle de TLM demeure innovant, même s’il n’a jamais cherché à mettre en place un modèle spécifique en ce sens au sein de sa PME. « Ce n’est pas le modèle qui est important, mais les gens qui sont dedans. Ce sont eux qui choisissent la direction. Nous sommes une communauté de gens qui bâtissent quelque chose à leur image », mentionne-t-il.

Selon lui, l’équipe de TLM a essayé plus de cinq modèles d’affaires différents avant de trouver celui qui lui convient. « Grâce à ce parcours, nous avons découvert ce que nous aimions faire. Et un entrepreneur qui aime profondément ce qu’il fait, ça fait une différence fondamentale dans sa capacité d’accélérer et de faire croître son entreprise », conclut Robi Guha.

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