Auteur

Karine Boivin Forcier

N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « Industrie numérique, innovation et croissance » publié dans notre édition du mois de décembre.

SAGUENAY – Programme phare du COlab, Les Astucieuses vise à développer les compétences numériques et entrepreneuriales des femmes étudiant dans les domaines de l’informatique, de l’ingénierie des mathématiques ou du numérique. Et il donne déjà des résultats.

Ce programme est parti de la prémisse que, si l’on fait progresser l’entrepreneuriat innovant, il faut susciter l’intérêt. « Au Canada, c’est moins de 5 % des femmes qui démarrent une entreprise dans le numérique. Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, en cherchant, on n’arrive pas à ce pourcentage. Nous voulions intéresser davantage les filles à ce volet », indique la directrice générale du COlab, Josée Gauthier.

L’organisme s’est concentré sur les femmes étudiant au niveau collégial ou universitaire dans des domaines des sciences, des technologies, de l’ingénierie, des mathématiques ou des arts numériques (STIAM). « Nous nous sommes dit : elles étudient dans une discipline scientifique, mais ont-elles pensé qu’elles pouvaient démarrer une entreprise innovante avec ça ? », raconte Mme Gauthier.

Potentiel émergent

Le parcours Les Astucieuses permet ainsi aux étudiantes de la région de mieux se connaître ainsi que de développer leurs compétences en matière de leadership, d’esprit entrepreneurial et de réseau d’affaires. « Ça change la vie des femmes, leur façon de voir les choses. Ça fait émerger leur potentiel. Elles apprennent à mieux cibler ce qu’elles ont envie de faire dans l’avenir. »

Anne-Marie Proulx, étudiante en génie géologique à l’UQAC qui a participé à la première cohorte, l’an passé, corrobore ce point de vue. « C’est un gros parcours, mais qui est tellement enrichissant aux plans personnel et professionnel que ça en vaut la peine. Ça m’a vraiment motivée et ouvert des portes », explique-t-elle.

Pour elle, le test Insight réalisé dans les premiers mois a été un moment marquant du parcours. « C’était comme confronter ta propre personne sur papier. C’était très intéressant, un apprentissage de soi-même », estime-t-elle. Tout au long du cheminement, elle a également apprécié les rencontres pour développer le réseau de contacts, s’exercer à faire un pitch de vente. « Ça a été vraiment bénéfique. Je n’avais jamais fait ça, aller voir une entreprise pour les solliciter. Le fait de le faire avec Les Astucieuses m’a permis de briser ma coquille ou les barrières que je m’imposais », ajoute-t-elle.

Mme Proulx a pour l’instant mis de côté le projet entrepris avec une amie, Frédéric Lalancette, afin de se concentrer sur ses études pour sa dernière année de baccalauréat. Elle sort toutefois de son expérience avec un bagage d’outils et la validation de son intérêt pour la gestion. « Ça m’a confirmé que je veux vraiment faire ça plus tard. Je ne sais pas encore quelle forme ça prendra, si je ferai une maîtrise en gestion de projets, si je lancerai ma propre entreprise ou si je travaillerai pour une compagnie. Cependant, je sais que cet aspect-là est essentiel pour moi. »

Une première entreprise

Une première entreprise née du parcours est déjà en préincubation à l’Inkub Desjardins de Saguenay. Elle est portée par trois étudiantes parmi les 14 qui y participaient. « Ces femmes sont issues de l’immigration et sont en train de développer une entreprise innovante, qui répond à des besoins. On peut penser que cette organisation restera dans la région et va grandir ici. Ça donne un exemple de retombées concrètes que nous avons », souligne la directrice générale.

La deuxième cohorte est en cours et quelque 27 femmes y participent. Celle-ci est encore plus solide et mieux ancrée dans les besoins. « Il y a une réelle nécessité de développer le potentiel entrepreneurial innovant dans la région. Nous avons les programmes qui nous permettent d’identifier et de faire progresser les ressources en entrepreneuriat. Nous avons aussi les organisations qui sont prêtes à supporter ces nouveaux modèles qui émergent. Il y a du travail à faire, mais l’écosystème est accueillant », mentionne Josée Gauthier.

Le parcours pourra désormais voler de ses propres ailes. « Nous avons une obligation de transfert de connaissances. Nous avons développé un programme, nous avons appris, nous l’avons expérimenté. Nous l’avons amélioré et il devient autonome. Nous avons documenté notre approche, nous recueillons des données sur les résultats. Ensuite, les gens peuvent utiliser cette approche que nous avons créée pour la déployer ailleurs ou pour la perfectionner encore », conclut Mme Gauthier.

Rappelons que Les Astucieuses a bénéficié de la contribution de plusieurs partenaires, dont l’UQAC, Ubisoft, Rio Tinto et les cégeps régionaux.

En quoi ça consiste Les Astucieuses ?

Tout au long du parcours, les participantes participeront à plusieurs types d’activités :

• Des ateliers sur le leadership et l’esprit entrepreneurial ;

• Des rencontres inspirantes et des témoignages d’entrepreneurs ;

• Des activités de codéveloppement ;

• Du coaching personnalisé, en différents volets, pour favoriser l’émergence d’un projet ;

• Des activités de réseautage avec une grande diversité d’experts (intelligence artificielle, financement et capital de risque, juridique, entrepreneuriat, etc.) ;

• Des séances de mentorat avec des experts et entrepreneurs chevronnés ;

• De l’apprentissage dans l’action, par la réflexion et l’expérimentation afin de parvenir à une idée de projet.

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