SAGUENAY - Bien qu'il reste beaucoup de travail à faire et qu'il faille toujours innover face à une compétition mondiale très forte, l'industrie touristique régionale a atteint une belle maturité, qui n'est pas étrangère à la croissance importante que l'industrie a connue au cours des dernières années. C'est du moins ce qu'avance Julie Dubord, la directrice générale de Tourisme Saguenay–Lac-Saint-Jean (TSLSJ). Il faut dire que les chiffres, rendus disponibles par l'organisme qu'elle dirige, lui donnent raison. 

L'année 2016 avait la meilleure de la décennie au chapitre de l'achalandage touristique au SLSJ. Même si 2017 n'est pas terminée, toutes les données actuellement disponibles laissent présager un nouveau record pour l'année en cours. Julie Dubord souligne que la tendance au 31 octobre permet d'espérer que le taux d'occupation de l'hébergement de la région atteindra le niveau record de 50% en 2017. Bien entendu, elle concède que l'embellie que vit ce pilier de l'économie régionale depuis quelque dix ans est un phénomène qui n'est pas unique à la région. L'ensemble de l'industrie canadienne touristique bénéficie de belles années de croissance.

Profiter de la vague

Différents facteurs peuvent expliquer le phénomène. Celle qui est le plus souvent citée concerne la faiblesse du dollar canadien, mais elle ne vaut pas pour le tourisme intérieur. Toutefois, selon Julie Dubord, les excellentes statistiques des entreprises membres de TSLSJ sont éloquentes et démontrent que le travail acharné des organisations et la concertation des différents intervenants permettent de se positionner favorablement et donnent des résultats concrets.  

« La croissance du tourisme n'est pas unique au Saguenay–Lac-Saint-Jean, mais nous sommes très présents et proactifs pour nous permettre de profiter du phénomène... Les entreprises de la région, les intervenants et les partenaires  travaillent ensemble. Aussi, nos produits sont exceptionnels et la qualité de l'offre augmente sans cesse... Par ailleurs, en 2017, quelque 120 entreprises ont investi avec nous dans la promotion de nos attraits dans le marché du Québec », lance la Julie Dubord.

Maximiser les dollars disponibles

La DG explique que depuis trois ans, les gestionnaires et professionnels de Tourisme Saguenay–Lac-Saint-Jean ont changé leur approche et s'impliquent davantage dans l'accompagnement des entreprises et le développement de l'offre des PME de l'industrie. « Nous sommes toujours très impliqués dans l'aspect marketing et publicitaire, mais ça fait trois ans qu'on va visiter les entreprises pour regarder ce qu'elles font, les écouter et mieux connaître leurs offres pour leur proposer de l'aide et de l'accompagnement dans le développement de leurs produits... Nous nous impliquons même auprès des entreprises qui ne sont pas membres de TSLSJ. Il faut que toute l'industrie profite de notre expertise », assure Julie Dubord. Une des motivations de cette approche est de s'assurer que les entreprises maximisent le potentiel de dépenses et la profitabilité liée à chaque visiteur disponible.

Toute la région? Oui, toute!

Pour Julie Dubord, l'ensemble du territoire du Saguenay–Lac-Saint-Jean recèle une offre touristique intéressante. Il y a certes les produits d'appels reconnus, comme le Fjord du Saguenay, les Monts Valin, Val-Jalbert ou et le Zoo de Saint-Félicien, mais elle souligne que beaucoup de petites entreprises se sont installées dans plusieurs municipalités rurales et présentent une offre d'une exceptionnelle qualité. D'ailleurs, la région possède la plus importante concentration d'Économusées du monde, dont plusieurs sont situés dans ses petites communautés.

Elle explique notamment que le nord du Lac-Saint-Jean connaît un essor touristique particulièrement professionnel et intéressant, plus spécifiquement avec le développement des produits du terroir. « C'est magique ce qui se passe au nord de Lac. Le milieu économique s'est pris en main et supporte largement l'industrie. Le touriste n'a pratiquement plus le choix de faire le tour du Lac pour y découvrir ces trésors ». D'ailleurs, Julie Dubord estime que la concertation entre Tourisme Alma Lac-Saint-Jean, dont les bureaux sont situés à Alma et Hébertville, et Tourisme Saguenay–Lac-Saint-Jean, permet aux entreprises de profiter des services de services complémentaires à la grandeur du territoire.

Le « National Geographic »

Julie Dubord confirme que les gens qui nous visitent proviennent principalement du Québec et du Canada, mais que la clientèle internationale est de plus en plus significative. Elle relate que TSLSJ organise entre 25 et 30 tournées annuelles de journalistes de publications étrangères ou de représentants d'agences de voyages pour faire la promotion de la région. L'impact de ces efforts est parfois spectaculaire. « En février 2017, nous avons profité d'un reportage de 14 pages dans l'édition de France du National Geographic. C'est une publicité qui a une valeur et une crédibilité exceptionnelle pour la région », lance-t-elle.

Pour Julie Chiasson, qui occupe le poste de directrice du marketing et de la promotion de la destination à TSLSJ, la provenance de la clientèle touristique est une donnée fondamentale pour assurer la croissance de cette industrie. Elle explique que beaucoup d'efforts sont investis dans la connaissance et la compréhension des différentes clientèles et l'arrimage de l'offre touristique aux besoins de celles-ci.

Pourquoi pas les Chinois?

Bien entendu, pour l'international, les États-Unis et l'Europe francophone demeurent des marchés importants et naturels pour la région. Par contre, des clientèles plus spécialisées non traditionnelles et émergentes sont de plus en plus considérées, particulièrement celle de la Chine. « On est en train de développer une stratégie pour aller chercher une clientèle de Chinois habitués de voyager et qui recherchent une expérience différente, notamment en tourisme d'aventure... Il faut développer des produits touristiques spécialisés pour ces visiteurs. On vise le 1% de ceux qui veulent du haut de gamme et qui sont payants », lance Julie Dubord.

La DG est toutefois consciente que rejoindre, intéresser et accueillir cette clientèle demeure un défi important. « Faut pas partir en peur... La prise en charge doit être parfaite ». Sa collègue, l'autre Julie, confirme. « Il y a des différences culturelles très importantes. Il y a aussi la barrière de la langue... Et il faut connaître les codes ». D'ailleurs, elle explique que des discussions sont en cours avec l'UQAC, qui reçoit des Chinois chez nous, mais qui offre également de la formation directement dans ce pays dans le cadre de « Programmes d'enseignement transfrontalier à l'étranger ». « Nous voulons tester les produits auprès de ces étudiants et de leurs familles. Nous aimerions en faire des ambassadeurs de la région en Chine », confie Julie Chiasson. 

L'AITQ un gros plus

Pour Julie Dubord, la création de L'Alliance de l'industrie touristique du Québec (AITQ) a été une bénédiction pour les organisations qui œuvrent dans ce secteur vital de l'économie québécoise, particulièrement dans les régions. « On ne peut pas se permettre d'improviser en tourisme international... Et il faut tout d'abord vendre le Québec, ce que fait l'alliance. Et L'AITQ permet une véritable concertation des tous les intervenants qui tirent du même bord... Ils passent la gratte qui ouvre l'autoroute », image-t-elle. « Ensuite nous pouvons offrir les produits régionaux qui rejoignent ceux des autres régions dans un même panier. En plus, la gouvernance de L'AITQ est très démocratique, on a notre mot à  dire », assure Julie Dubord. Inf: saguenaylacsaintjean.ca