SAGUENAY - L'industrie des minéraux critiques et stratégiques dans la région est en plein essor. Autant dans l'exploitation que dans l'industrie de transformation, les projets sont nombreux et le Saguenay-Lac-Saint-Jean a le potentiel de devenir un joueur d'importance.


L'effervescence des énergies vertes et de la filière batterie font en sorte que plusieurs se tournent vers la région pour exploiter les ressources présentes dans le sol. Le phosphate, le niobium-tantale, les terres rares et le nickel-cuivre sont les principaux minéraux critiques présents sur le territoire.

Activités d'exploration

« Au cours des dernières années, nous avons vu une prise de claims importante. Il y a beaucoup d'activité d'exploration qui s'est passée dans les dernières années partout dans la province, dont ici dans la région », partage le directeur de la Table Régionale de Concertation Minière Saguenay-Lac-Saint-Jean (TRCM), Benoit Lafrance.

Dans le phosphate, la compagnie First Phosphate concrétise son projet de Bégin-Lamarche. L'étude économique préliminaire a été publiée en décembre, avec des résultats positifs. Les prochaines étapes débutent par une étude de faisabilité ou de préfaisabilité. En parallèle, les études environnementales ont commencé pour le site. Mentionnons que le phosphate dans cette propriété est de très haute pureté.

Du côté du nickel-cuivre, il y a une nouvelle découverte de la part de SOQUEM, la branche d'exploration du gouvernement. Le projet s'intitule Cardinal et est situé au nord-ouest de la région dans la MRC Domaine-du-Roy. Avec des milliers de mètres de forage effectués, de très bonnes intersections ont été frappées.

« Ce qui est vraiment intéressant, c'est qu'ailleurs dans la région, nos indices de nickel-cuivre connus ne contenaient pas de platine-palladium. Dans le cas de Cardinal, le platine et le palladium sont présents, avec de très bonnes teneurs. Ça ajoute de la valeur à la minéralisation en nickel-cuivre. C'est très intéressant à suivre », indique M. Lafrance.

Deux compagnies principales s'intéressent aux terres rares dans la région. En premier lieu, Néoterrex travaille sur le projet nommé Revolver. L'entreprise a partagé des résultats intéressants en décembre, particulièrement pour le néodyme et le dysprosium. Il s'agit de minéraux essentiels à la production des super aimants et des éoliennes.

Ensuite, Les Terres Rares du Québec travaillent sur les projets Lynx et Carcajou. Laurentia Exploration et IOS ont été mandatés par ces compagnies pour faire les travaux d'exploration. Ces firmes démontrent la synergie dans la région en ce qui a trait aux projets miniers, selon le directeur de la TRCM.

Dans le niobium-tantale, le projet Crevier de Métaux Niobay est le plus avancé. L'entreprise vise la production d'oxyde de niobium ainsi que de tantale. Plusieurs autres entreprises ont des claims actuellement, mais elles sont à un stade très préliminaire ou bien rien n'a encore été annoncé au public. De l'exploration pour le lithium est en cours dans la région. Il n'y a aucun indice de lithium reconnu dans la région pour l'instant.

Projet industriel

Le développement de la filière batterie attire les investisseurs vers le Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui cherchent à installer des usines de première transformation. L'apparition de mines permettrait une assurance en termes d'approvisionnement. Arianne Phosphate, Strategic Resources (l'ancien projet BlackRock) et First Phosphate sont parmi les entreprises qui ont des projets en ce sens dans la région.  

M. Lafrance rappelle que Vianode, une filière d'Elkem qui a annoncé début janvier vouloir implanter une usine en Amérique du Nord, s'intéresserait elle aussi à Port de Saguenay. L'entreprise norvégienne vise la production d'anodes de batteries générant moins de gaz à effet de serre.

Des nouveautés ont été annoncées au courant de la dernière année, en raison du potentiel régional. Par exemple, Rio Tinto a annoncé l'implantation d'une usine de gallium, qui serait extrait de leurs résidus.

Une autre nouveauté est le projet Buttercup de Magnor Exploration, qui est installé à La Baie. Ils ont fait des études industrielles pour la production de béton de haute densité ainsi que de thermo-conducteur avec l'aide du minerai de magnétite de leur gisement. Ce béton peut être utilisé dans la construction sous-marine.

Finalement, des claims dans le coin de Roberval et Chambord ont été pris pour l'exploration de l'hydrogène. C'est encore une fois pour le développement de l'énergie verte. Il n'y a rien de vraiment concret, c'est surtout de la recherche.