L’ANSE-SAINT-JEAN – Les Amis du Mont-Édouard, OBNL qui s’est donné pour mission d’assurer la pérennité de la station de ski, innove en utilisant les obligations communautaires pour lever du financement pour ce projet totalisant 6 M$. L’organisme lance aujourd’hui sa campagne auprès des PME.

La première phase de la campagne, visant les particuliers, a dépassé ses objectifs, avec 2,15 M$ récoltés jusqu’à maintenant. Pour ce faire, les responsables ont choisi un produit encore peu connu dans la province. « De la façon dont nous le faisons, nous sommes les premiers au Québec à utiliser ce produit financier pour financer un projet », indique Robin Bergeron, bénévole pour Les Amis du Mont-Édouard.

Les obligations communautaires doivent desservir une cause sociale, ce qui cadrait avec le projet de l’organisme. Grâce à la collaboration d’une institution financière reconnue, Desjardins, qui agit à titre de fiduciaire, les obligations des Amis du Mont-Édouard sont admissibles à un REER. « Nous sommes les premiers à avoir réussi à mettre en place des obligations communautaires admissibles à un REER. […] Les gens peuvent les intégrer directement dans un REER ou encore procéder directement à un transfert de REER », explique M. Bergeron.

Cette possibilité de transférer des fonds en obligations à partir d’un REER, sans avoir à débourser des liquidités, a certainement contribué au succès de la campagne auprès des particuliers. « Le risque est très limité pour les gens qui investissent, puisqu’il y a des actifs et un cautionnement en garantie », ajoute le bénévole.

PME

Pour la deuxième phase de la campagne, l’organisme souhaite récolter un montant de 500 000 $. Les bénévoles souhaitent recruter 20 entreprises contribuant chacune pour 25 000 $. Deux options sont offertes à ces organisations, soit de contribuer par une commandite ou encore de sélectionner également les obligations communautaires. « Pour les entreprises, nous privilégions une contribution par commandite », précise le président des Amis du Mont-Édouard, Jacques Chouinard.

Les entreprises peuvent contribuer pour un an ou deux. Un plan de commandites a été mis en place et leur permettra en contrepartie de bénéficier d’avantages pour leur organisation, mais aussi pour leurs employés.

Relance

Rappelons qu’en décembre dernier, le Mont-Édouard avait lancé un plan de restructuration en raison d’une précarité financière. Toutefois, le vice-président des Amis du Mont-Édouard, Denis Latulippe, assure que le but de la campagne n’est pas d’atteindre la rentabilité, puisque les revenus de la station de ski sont toujours en croissance, mais bien de mettre à jour les infrastructures. « Nous ne sommes pas en perte de vitesse. Nous parlons de relance parce qu’il faut moderniser les infrastructures. Ce n’est pas pour repartir sur le chemin de la rentabilité. La station génère plus de revenus qu’elle ne l’a jamais fait », affirme-t-il.

Le projet d’amélioration des équipements de la station nécessite des investissements majeurs de 6 M$. La campagne communautaire et auprès des entreprises devrait permettre d’aller chercher 3 M$. Une troisième phase destinée à la grande entreprise suivra celle lancée aujourd’hui pour les PME. Des demandes de subventions auprès d’instances publiques ont aussi été faites pour combler la différence.

Par ailleurs, la MRC du Fjord-du-Saguenay a annoncé qu’elle verserait une aide directe de 150 000 $ par an pour trois ans. Elle cautionne également les émissions obligataires achetées par les particuliers à la hauteur de 400 000 $. La municipalité de L’Anse-Saint-Jean a aussi octroyé 150 000 $ et un cautionnement de 400 000 $ pour l’émission des obligations.

Par et pour la communauté

Le Mont-Édouard constitue un véritable moteur économique pour L’Anse-Saint-Jean et le Bas-Saguenay. L’ouverture de la station de ski a permis à la municipalité de devenir une destination vacances fréquentée 12 mois par année, incitant des familles à s’y établir. C’est pourquoi Les Amis du Mont-Édouard ont choisi de se tourner vers le financement communautaire plutôt que vers de grands investisseurs privés pour assurer la pérennité de la station de ski.

« Nous ne voulons pas devenir comme Tremblant, qui est un village essentiellement touristique. Pour ça, c’est important de garder le contrôle sur la station de ski, afin qu’elle soit un outil de développement économique, social, communautaire. Nous voulons que ça reste local pour faire vivre le local. […] Nous sentions que la communauté était prête et voulait s’impliquer », souligne Denis Latulippe.

Mentionnons que près de 70 M$ de projets d’investissements privés et publics sont également prévus autour de la montagne au cours des prochaines années.

Écosystème

En plus d’être un moteur de développement pour sa collectivité, le Mont-Édouard contribue à l’essor de l’écosystème de ski régional. « La région sans le Mont-Édouard n’est pas la même destination de ski. C’est la même chose pour le Valinouët. Ce qu’on observe, c’est que les gens viennent de l’extérieur pour venir essayer les grosses montagnes. Ils vont peut-être en profiter aussi pour aller au Mont-Bélu, au Mont-Fortin, au Mont Lac-Vert, etc. Il faut qu’on travaille en partenariat avec cet écosystème », fait valoir le directeur général de la station, Marc-André Busque.

Celui-ci souhaite positionner le Saguenay–Lac-Saint-Jean comme LA destination hiver au Québec. En effet, les prévisions à long terme au niveau du réchauffement climatique donnent à la région un avantage par rapport aux autres régions du Québec. « Nous sommes plus au nord, nous avons des températures propices pour avoir un enneigement naturel et un enneigement artificiel plus tôt dans la région. Ça nous permet d’avoir une meilleure qualité de neige et d’avoir des saisons qui sont plus longues. On le voit en ce moment. […] Et que ce soit du ski alpin, du traîneau à chien, de l’aventure, du camping d’hiver, du fatbike, on peut tout faire ici au Saguenay–Lac-Saint-Jean », conclut M. Busque.