L'acquisition par Nolitrex d'un vaste terrain bordant le boulevard du Royaume, au cours des derniers mois, est une étape clé pour la mise en place de cette infrastructure. Situé à proximité de la voie ferroviaire régionale, ce site est stratégiquement positionné pour minimiser l'impact sur le trafic local tout en maximisant les bénéfices logistiques pour les entreprises de la région.
Le président de Nolitrex, Christian Ricard, estimait, lors d'une entrevue menée ce printemps, que les investissements nécessaires pour la réalisation de ce projet pourraient atteindre entre 5 et 8 millions de dollars, et les retombées économiques en termes d'efficacité logistique et d'attractivité industrielle seraient considérables.
L'un des avantages majeurs de ce centre réside dans la flexibilité qu'il offrirait aux importateurs et exportateurs. Actuellement, de nombreuses entreprises régionales doivent faire face à des frais élevés de détention de conteneurs dans les entrepôts de Montréal en raison de délais douaniers ou de problèmes logistiques avec les camions. Avec la mise en place de ce centre, ces frais pourraient être considérablement réduits, voire éliminés, offrant une solution plus compétitive pour les entreprises locales.
Réduction des émissions de GES
Un autre avantage clé du transport multimodal est la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Actuellement, une grande partie des marchandises de la région est transportée par camion, sur de longues distances jusqu'à Montréal, avec des camions revenant parfois à vide. En transférant une partie de ce transport au rail, non seulement le coût du transport serait réduit, mais l'impact environnemental serait également diminué. Le rail est un mode de transport beaucoup plus écologique, capable de transporter des volumes importants de marchandises avec une consommation d'énergie moindre.
De plus, la pénurie de camionneurs expérimentés pour des trajets longue distance est un enjeu croissant dans l'industrie du transport. En favorisant le transport ferroviaire pour les longues distances et en réservant le transport routier pour les trajets locaux, les entreprises de camionnage pourraient se concentrer sur des livraisons plus courtes et potentiellement passer à des flottes de véhicules électriques, contribuant ainsi à la réduction des émissions et à l'amélioration des conditions de travail des chauffeurs.
Approbation attendue du CN
Le développement de ce centre multimodal ne se fera pas sans défis. Le premier obstacle est l'approbation du projet par le Canadien National (CN), l'opérateur ferroviaire. Sans cette approbation, le projet ne pourrait pas voir le jour, car une voie de desserte reliant le site au réseau ferroviaire est nécessaire pour son succès. Christian Ricard soulignait ce printemps que cette approbation est la condition principale dans l'équation pour la viabilité économique de l'initiative.
Par ailleurs, le contexte économique actuel présente également des défis en termes de coûts de construction. Depuis la pandémie, les prix de construction ont pratiquement triplé, passant de 80 $ à 200 $ par pied carré. Cela complique la planification des infrastructures, d'où la pertinence des installations existantes, auparavant occupés par Potvin-Bouchard. Avec une demande accrue pour des solutions d'entreposage local, le projet pourrait répondre à un besoin pressant dans la région et éviter aux entreprises de louer des espaces à Québec ou Montréal.
Au-delà des enjeux liés à la construction et à la logistique, ce projet pourrait représenter un tournant pour le marché régional. L'ouverture de centres d'entreposage à Métabetchouan et Chicoutimi, combinée aux nouvelles infrastructures de Nolitrex, offrirait aux entreprises locales une capacité de stockage intéressante, facilitant ainsi leurs opérations et réduisant leur dépendance aux centres de distribution éloignés.