N.D.L.R. : Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique sur l’industrie du transport publié dans notre édition du mois de mai.

SAGUENAY – Le meilleur reste à venir pour l’administration portuaire de Saguenay, qui ne manque pas de projets sur sa table à dessin. En effet, en plus des grands projets privés de Métaux BlackRock, qui pourra aller de l’avant à la suite du décret du conseil des ministres autorisant les travaux de la fonderie de ferrovanadium de Saguenay, obtenu tout récemment, ainsi que de GNL et d’Arianne Phosphate, les administrateurs projettent des investissements majeurs pour un système de convoyeur en plus de l’amélioration de la capacité des installations sur le quai Marcel-Dionne.

« Ce système de convoyeur, d’une longueur de deux kilomètres, est sur le même principe qu’un long tapis roulant recouvert. Il permettra de relier la zone industrialo-portuaire (ZIP) et la zone ferroviaire au quai Marcel-Dionne. Cet équipement représente un investissement de 60 M$. Il servira autant à prendre la marchandise qui va arriver par train que celle produite dans une usine, pour la descendre directement jusqu’au quai pour être chargée dans les navires, ou de manière inverse, décharger des bateaux et approvisionner les usines ou s’en aller directement au chemin de fer pour repartir vers les clients », explique le directeur général de Port de Saguenay, Carl Laberge.

Échéancier

M. Laberge ajoute qu’il n’y a pas d’échéancier prévu pour ce projet qui, avoue-t-il, n’est pas nécessaire pour la réalisation du projet de Métaux BlackRock. « Ils peuvent commencer sans le convoyeur, car nous avons prévu au départ de camionner les marchandises jusqu’au quai. Nous voulons quand même être capables d’utiliser cet équipement à court terme pour enlever la circulation des camions dans la grande côte, diminuer le bruit et électrifier ce transport pour enlever la consommation de diesel et diminuer les gaz à effet de serre. Éventuellement, ce convoyeur va aussi permettre d’aller chercher d’autres clients et d’optimiser le transport partout sur le port », précise le DG, qui soutient qu’il faut environ 18 mois entre le début de la construction et la mise en opération de ce nouvel équipement.

Capacité des installations

En même temps, les administrateurs regardent pour prolonger la ligne de quai pour être en mesure de transborder des charges plus lourdes que ne le permet l’actuelle infrastructure, et ce, à la demande de clients.

« Dans le fond, on veut augmenter la capacité de transbordement de charge lourde et on veut aussi se doter d’une rampe de chargement et de déchargement de matériel roulant. Un peu à la manière d’un traversier, la rampe s’accote sur la nôtre et décharge le matériel qui roule sans avoir besoin d’une grue par exemple. C’est un équipement qui est demandé depuis longtemps au niveau régional par des grands fabricants comme les Canmec, Proco et Charl-Pol. Et nous en aurons besoin éventuellement pour des projets de construction pour desservir nos clients de la ZIP », explique Carl Laberge.

Toujours dans le but d’améliorer les installations, Port de Saguenay veut aussi de la place au quai pour des navires de service, comme des remorqueurs, en raison de l’augmentation du trafic maritime et de la taille des navires.

« Il nous est difficile d’allonger le quai, car c’est trop profond. Nous prolongerons la ligne en tournant au bout comme un L. Ce projet représente un investissement de l’ordre de 50 M$ et il permettra de rendre nos installations plus fonctionnelles. Ce n’est pas pour tout de suite, toutefois, car ça peut prendre deux ans avant d’aller chercher les autorisations et il faut attacher le financement avant d’aller de l’avant. »

« Pas de nouveau terminal sans mines »

Même si Port de Saguenay a obtenu les autorisations nécessaires du gouvernement du Canada en octobre dernier pour construire un nouveau terminal maritime sur la Rive-Nord à Sainte-Rose-du-Nord, il n’est pas question de commencer les travaux tant qu’Arianne Phosphate ne sera pas en mesure d’annoncer le démarrage de sa mine. C’est ce qu’a déclaré le directeur général de l’administration portuaire, Carl Laberge.

« Arianne Phosphate est notre seul utilisateur pour l’instant et elle doit avant tout ficeler son financement. C’est seulement quand nous aurons le GO que nous mettrons en marche ce projet de 260 M$ seulement pour le nouveau terminal maritime, incluant aussi des infrastructures dédiées uniquement à Arianne Phosphate ainsi que d’autres multi-usagers. Notre projet se tient sur celui d’Arianne Phosphate et est basé sur un contrat long terme avec eux (au moins 25 ans) pour financer le tout. Ce n’est pas un financement public, mais nous avons appliqué sur des programmes qui existent au niveau d’infrastructures maritimes autant au fédéral qu’au provincial. On aimerait avoir une portion, même si elle s’avérait relativement faible par rapport aux coûts de l’ensemble du projet », raconte M. Laberge.

Le DG convient qu’Arianne Phosphate est le premier usager de ce nouveau terminal maritime, mais il est confiant que ce ne sera pas le seul. « Nous souhaitons que cette infrastructure serve de catalyseur pour le développement de la rive nord et qu’il stimule l’exploration minière ou d’autres projets dans le secteur des ressources naturelles. Ça pourrait être dans le domaine du bois aussi, car le potentiel forestier est très grand. C’est pourquoi il est important que ce soit un terminal public pour servir tous les projets qui veulent avoir accès aux marchés internationaux. »

Soulignons que les installations du terminal maritime de la rive-nord comprendront principalement un quai, un chargeur de navires, des silos et systèmes de manutention de concentré, ainsi qu’un chemin d’accès au quai pour les besoins d’opération et de maintenance.

En bonne position

Avec l’ajout du terminal maritime du côté nord, les investissements prévus au quai de Grande-Anse et à la Zone industrialo-portuaire, Carl Laberge affirme que Saguenay est dans une bonne position pour faire du développement industriel.

« Ça nous rendra les meilleurs pour attirer les plus gros projets. Nous sommes capables d’utiliser le meilleur moyen de transport avec les navires, les meilleures sources d’énergie (électricité et gaz naturel), et avec notre juridiction québécoise et canadienne, nous avons les règles environnementales les plus strictes au monde. Les produits qu’on veut faire ici sont toujours des produits de commodité, à grand volume, pour la grande industrie. Si ce n’est pas nous qui le faisons, ce sont d’autres qui vont le faire. On ne crée pas de demandes, on répond à des demandes avec des produits qui sont mieux que les autres, parce qu’ils sont faits de manière plus responsable et plus environnementale. »