Journal Novembre 2022

Pa g e 2 6 | NOV EMB R E 2 0 2 2 I N F ORME A F FA I R E S, L E ME N S U E L É CONOM I QU E D ’ I C I LAMARCHE – Dans le cadre de son Itinéraire stratégique 2022-2030, Tourisme Saguenay–Lac-SaintJean (SLSJ) se penchera sur la possibilité de miser sur l’accès universel dans un de ses chantiers. Une approche qui pourrait s’inspirer de celle de l’entreprise lamarchoise Otis Nature. Tétraplégique et se déplaçant luimême en fauteuil roulant, le propriétaire d’Otis Nature, Carl Otis, a pu constater, entre autres, que la plupart des hébergements en nature ne lui permettaient pas d’être autonome. Il a donc décidé de créer un site accessible à tous. « Quand on parle d’accès universel, c’est un lieu où tout le monde peut être autonome, peu importe sa limitation. Que la personne ait un handicap physique, visuel, auditif ou autre, on veut qu’elle soit capable de circuler, d’être autonome et de faire le plus d’activités possible », résume-t-il. Sa base de plein air est en quelque sorte son laboratoire pour tester des solutions, mais ce qu’il souhaiterait vraiment, c’est de voir l’accès universel se déployer dans les lieux touristiques de la région. « J’aimerais que le Saguenay–Lac-Saint-Jean devienne un leader au Québec en matière de tourisme accessible. Et ensuite, que le Québec se positionne comme un leader mondial », affirme l’entrepreneur. Et sa vision correspond aux objectifs de Tourisme SLSJ qui mettra en place un chantier afin d’évaluer les possibilités. Bénéfique Selon M. Otis, l’idée de miser sur l’accès universel est d’abord intéressante au point de vue de la clientèle. « Ce sont de nouveaux touristes, qui actuellement ne voyagent pas. Par exemple, une personne âgée qui a besoin d’ajustements ou d’un lieu adéquat, si elle n’en trouve pas, ça va l’arrêter. Moi, si les lieux ne sont pas adaptés, je perds mon autonomie. Ça devient lourd de toujours demander et d’avoir besoin d’aide. Ça enlève l’envie de voyager. Par contre, si les lieux sont adaptés, c’est plus facile et l’individu reprend goût au tourisme », explique-t-il. Il rappelle que les personnes vivant avec des limitations amènent souvent avec elles d’autres visiteurs. « Dans un groupe de 10, s’il y a une seule personne qui a des limitations et qu’il y a un endroit au Québec qui peut être accessible pour elle, vous pouvez être sûrs que c’est là qu’ils vont aller. » Au-delà des chiffres, il s’agit surtout d’un projet d’inclusion et de diversité. « À travers le tourisme, on sème une graine. Les gens qui visitent des sites à accès universel en voyageant vont peut-être avoir envie d’en implanter dans leur commerce. Un employeur pourrait penser à engager une personne vivant avec un handicap. Ça ouvre les horizons de toute une région », croit Carl Otis. Réseau d’hébergement Afin de réaliser l’objectif de faire du Saguenay–Lac-Saint-Jean et du Québec des leaders en tourisme accessible, M. Otis a lancé un projet global de 10 M$ sur trois ans incluant sa base de plein air, mais aussi un réseau d’hébergements. Conçus et fabriqués en exclusivité par l’entreprise Mitshuap de Mashteuiatsh, ces minichalets prêt-à-camper sont les premiers du genre à offrir l’accès universel. Afin de développer le réseau, Otis Nature fournira ces prêts-à-camper à d’autres entreprises d’hébergement. Elle proposera deux solutions clés en main, soit l’achat du mini-chalet ou encore la possibilité qu’Otis Nature demeure propriétaire, mais les installe sur le site du partenaire pour qu’il les exploite. Dans ce cas, les revenus seront séparés à parts égales entre la PME de Lamarche et l’exploitant. « Nous avons pour objectif d’en implanter 150 au Québec et nous voulons commencer par notre région », indique le propriétaire, qui assure recevoir des réactions positives des différentes personnes qu’il a contactées. Déjà, quelques partenaires, dans la région et ailleurs, ont commandé des chalets. Par ailleurs, tous ces prêts-à-camper seront regroupés sur une plate-forme de réservation publicisée sur plusieurs marchés provinciaux et internationaux. « Plus il y aura d’hébergements et d’activités, plus cela va attirer des gens. » Développer les activités Pour Carl Otis, il va de soi qu’il ne s’agit pas seulement de développer l’hébergement, mais aussi toutes les activités connexes alentour. « C’est certain que quand il y aura un chalet dans un secteur, on pourra aller voir les attraits touristiques autour et leur proposer de rendre leurs installations accessibles. C’est le cas, par exemple, de l’Orée des champs, qui a embarqué avec nous pour intégrer l’accès universel dans ses locaux et son économusée. Elle a pu profiter d’une aide de l’organisme Kéroul pour réaliser ce projet. » Il existe également plusieurs équipements pour adapter des activités de plein air, comme une chaise pour faire des sentiers pédestres, des vélos, des kayaks, etc. Si cela peut sembler complexe, l’entrepreneur assure que les organisations qui souhaitent prendre le virage ne sont pas laissées seules. « Notre approche, c’est vraiment de le faire en partenariat avec les autres entreprises touristiques. Nous avons de l’expérience et nous pouvons conseiller ceux qui embarquent dans le projet, mais il y a beaucoup de gens compétents dans différents organismes, comme Kéroul, pour les accompagner », précise M. Otis. L’engouement pour l’accès universel se fait sentir dans le milieu touristique, alors qu’un colloque sur le plein air pour les personnes en situation de handicap a eu lieu récemment. Carl Otis est persuadé que la région peut devenir la destination voyage de rêve de toute personne vivant avec des limitations. « Quelle belle carte de visite ce serait de dire : “chez nous, une personne qui a un handicap peut venir en vacances et remplir sa semaine d’activités trippantes !” » La région pourrait miser sur l’accès universel en tourisme Un premier prêt-à-camper en accès universel a été implanté sur le site d’Otis Nature. Carl Otis souhaite maintenant créer un réseau panquébécois d’hébergements du genre. (Photo : Courtoisie) Pour Carl Otis, il faut aussi développer les activités sous l’angle de l’accès universel et de plus en plus d’équipements existent pour ce faire. On le voit ici essayer une Joëlette lors d’une randonnée. (Photo : Courtoisie) par Karine Boivin Forcier kbforcier@informeaffaires.com

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