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Sophie Villeneuve

Exit la pandémie (ou du moins, on se le souhaite, et ils se le souhaitent encore plus que nous), la vaste équipe d’élus de la CAQ ont devant eux quatre années qui s’annoncent bien remplies. Nombreux sont les secteurs qui ont besoin d’amour, de réinvestissements massifs, mais surtout, de changements en profondeur.

Le rattrapage

Avant même que la pandémie ne paralyse le Québec et focalise les opérations gouvernementales sur la gestion de la crise sanitaire à temps plein pendant 2 ans, le gouvernement de la CAQ a certes entamé plusieurs chantiers, mais peu de projets furent réalisés en totalité.

Les Québécois leur ont néanmoins accordé le bénéfice du doute le 3 octobre dernier. Il ne faut pas se leurrer, François Legault dispose des moyens de ses ambitions pour la suite de sa gouverne : la CAQ ne compte pas moins de 90 députés. Ce qui est un avantage, mais qui comporte son lot de risques.

Le bilan 2018-2022, au-delà de la gestion bon père de famille de la crise, est celui de l’interdiction du port de signes religieux au personnel en posture d’autorité via la loi 21, actuellement contestée devant les tribunaux, et de la réforme de la Charte de la langue française grâce à la « nouvelle loi 101 », la loi 96.

Quoi qu’on en dise, la CAQ a même réussi à remplir un engagement environnemental longtemps négligé avec la réforme de la consigne.

Mais qu’en est-il du reste ?

Ce gouvernement si proactif dans ses efforts de communication pendant la pandémie n’a pas connu un succès aussi vif dans tous les dossiers auxquels il s’était promis de s’affairer.

Alors qu’il s’était engagé à offrir Internet haute vitesse à tous les ménages québécois, plusieurs attendent encore et en région, nombreux sont les secteurs qui doivent toujours s’en tenir à une connexion désuète à l’ère du télétravail. C’est sans parler de la couverture cellulaire. Ce défi relégué au quatrième brûleur est pourtant au cœur de notre développement économique.

L’enjeu sur toutes les lèvres est la pénurie de main-d’œuvre. En 2018, la CAQ s’était engagée à réduire les seuils d’immigration de 20 %. Ce dossier complexe sera à surveiller. On a vu son potentiel explosif lors de la campagne. Alors que le fédéral s’apprête à augmenter ses propres cibles à un niveau inégalé, le Québec doit demeurer soucieux de son poids démographique et du pouvoir politique Québec au sein de la fédération.

Les familles (lire : les mères) sont trop souvent les premières à écoper des problèmes générés par le manque de personnel. La création de 28 000 places en CPE souhaitée par le gouvernement ne s’est pas concrétisée et la liste d’attente pour une place en CPE qui compte déjà 50 000 enfants risque d’encore s’allonger. La pénurie frappe également les écoles québécoises.

Il est impératif de ne pas oublier le sort de ceux qui ont le plus payé le prix des impacts de la pandémie, à qui on veut construire de belles maisons des aînés, mais qui souhaitent plutôt être maintenus à domicile le plus longtemps possible.

L’accès aux soins n’est par ailleurs toujours pas au niveau escompté, l’engorgement des urgences étant maintenant au point de rupture selon les experts.

Les enjeux sont nombreux. Et pour continuer, comme il y aspire, François Legault devra maximiser les actions de ses 89 collègues.

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