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Roger Boivin

Durant la campagne électorale fédérale qui s’amorce, plusieurs enjeux majeurs pour l’économie du Saguenay-Lac-St-Jean devront être abordés. En voici quelques-uns.

Tous les partis politiques du Québec s’entendent pour qu’Ottawa transfère à Québec la perception de l’impôt Fédéral. Les gouvernements épargneraient ainsi plusieurs centaines de millions par an. Le hic, c’est qu’actuellement plus de 800 personnes travaillent à temps plein, et 600 sur une base temporaire, au Centre des données fiscales de Jonquière. Au départ, tous les partis politiques canadiens, sauf les Libéraux, appuyaient le principe d’une déclaration d’impôt unique. Au fil des mois, le NPD s’est lui aussi positionné contre le transfert.

À l’aube de la campagne électorale, seul les Conservateurs et le Bloc demeurent favorables à celui-ci. Advenant la réalisation de la déclaration d’impôt unique, deux approches sont possibles : maintenir chez nous l’équivalent des centaines de postes en jeu, en transférant ici une partie des 425 000 autres fonctionnaires fédéraux, ou s’assurer que Revenu Québec maintienne à Jonquière l’équivalent des postes actuels de Revenu Canada. Les éventuelles négociations de transfert vers Revenu Québec devront inclure ce genre d’engagements, sinon la région en fera gravement les frais.

Construire des brise-glaces

Une partie importante de l’économie de la région repose sur le transport maritime via le Saguenay et le St-Laurent. Depuis 1967, la navigation y est possible toute l’année, grâce aux brise-glaces de la Garde côtière canadienne. Ces dernières années, Rio Tinto a cependant subi plusieurs épisodes de fermeture hivernale de la voie maritime du Saguenay, en raison des bris qui ont mis les brise-glaces hors d’état de fonctionner. La construction, dans les meilleurs délais, d’une flotte moderne et efficace de ces navires est donc une priorité qui doit être confirmée par tous les partis politiques.

Pour ce faire le gouvernement du Canada devra enfin inclure le Chantier maritime Davie dans sa « Stratégie Nationale de Construction Navale » de 75 G$. À ce jour, le chantier naval québécois (qui représente pourtant 70 % de la capacité de construction navale du Canada), n’a reçu qu’à peine 2 % des contrats octroyés par Ottawa. Rappelons que les opérations du chantier naval de Lévis comptent 897 fournisseurs répartis partout au Québec, dont un bon nombre au Saguenay-Lac-St-Jean.

Imposer la TPS aux GAFAM et aider les médias régionaux

Il est totalement inacceptable que le gouvernement n’impose pas le même régime de TPS aux grandes corporations étrangères vouées au commerce/services électroniques, qu’aux entreprises d’ici. Les nouveaux revenus générés par la perception équitable de la TPS devraient être versés au palier municipal, lui qui subit le plus durement les contrecoups des fermetures occasionnées par ce système fiscal déloyal, qui a trop duré. Par ailleurs, la récente crise qui affecte le Quotidien et le Progrès-Dimanche révèle brutalement que le modèle d’affaires actuel de nos médias n’est plus viable. Une partie de la solution est au fédéral : taxer les grandes entreprises numériques, mettre en place des crédits d’impôts pour les médias, retour de la publicité fédérale dans les médias du pays, etc.

Revenir au courrier à domicile

Pour le Saguenay-Lac-St-Jean, le retour promis par le gouvernement Libéral, mais toujours pas encore réalisé, de la livraison du courrier à domicile représente plusieurs dizaines de postes permanents bien rémunérés et répartis partout dans la région. De plus avec l’accélération du vieillissement de la population (Saguenay est maintenant la ville de plus de 100 000 habitants avec la plus importante proportion de personnes de 65 ans et plus au Canada…), c’est devenu un incontournable enjeu de sécurité sociale.

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