Auteur

Roger Boivin

Les sévères mesures de confinement liées à la Covid-19, ont eu des impacts extraordinaires et immédiats sur l’emploi au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Mises en place au milieu de mars, ces mesures d’exception ont fait perdre leurs emplois à 41 500 personnes dans la région, en moins d’une semaine. Pour se donner une idée, c’est comme si on avait fait disparaître d’un seul coup, tous les emplois de Chicoutimi et d’Alma.

Juste avant la pandémie, il y avait 8 500 personnes à la recherche d’un emploi dans la région, soit 6,2 % de la population active. En ajoutant les 41 500 pertes d’emplois liées à la pandémie, nous avons donc atteint quelque chose comme 50 000 personnes, soit 36,5 % de la population active sans emploi, du jamais vu vous vous en doutez bien.

Au pire de la crise, seules 79 000 personnes ont pu garder leur emploi au Saguenay–Lac-Saint-Jean, soit le nombre de postes que la région affichait en 1966, un recul de 55 ans! Bien que sans emplois, les 41 500 personnes de la région touchées par la Covid-19 ont cependant pu bénéficier de divers programmes d’aide, dont la Prestation Canadienne d’Urgence. J’estime qu’environ 38 000 personnes du Saguenay–Lac-Saint-Jean y ont eu recours au plus fort de la crise.

À partir de ce moment, le grand défi était de continuer à lutter efficacement contre la pandémie et de retourner une partie de notre population au travail de façon sécuritaire, bien sûr. La première étape en ce sens a été la mise en place d’un autre programme gouvernemental, la Subvention salariale d'urgence du Canada (SSUC) à la hauteur de 75 % de la masse salariale, qui a alors permis aux employeurs régionaux de rappeler au travail une partie de ces 41 500 personnes. Puis, le 20 avril, les travailleurs de la construction résidentielle de la région (un potentiel de 6 000 retours au travail) avaient l’autorisation de reprendre le boulot.

Le 4 mai, les travailleurs du commerce de détail (hors centres commerciaux) recevaient à leur tour l’autorisation de se présenter au travail. C’est un potentiel de 6 500 retours au travail, dans ce cas-ci. Le 11 mai, environ 9 000 travailleurs du secteur manufacturier et de la construction industrielle et institutionnelle se verront à leur tour autorisés à retourner au travail. Donc, dans la semaine du 11 mai, si toutes ces personnes ont pu effectivement reprendre le collier, environ la moitié de l’ensemble de celles et ceux qui ont perdu leurs emplois en lien avec la Covid-19 aura repris le travail, ramenant le taux de travailleurs à la recherche d’un emploi dans la région autour de 20 %.

A ce moment, quelque 20 000 personnes seront toujours privées de leurs emplois, principalement dans les centres commerciaux, l’hébergement, la restauration, les services personnels, le secteur des arts, les services professionnels et le secteur primaire. Retrouver effectivement le même nombre d’emplois qu’avant la pandémie sera probablement impossible. Par exemple, dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration, où environ 6 000 postes perdus sont toujours en jeu dans 600 entreprises, certains économistes vont jusqu’à prévoir 50 % de fermetures définitives.

Tous les chiffres en lien avec la pandémie sont énormes, et bien que nos gouvernements aient déployé rapidement de nombreux programmes de soutien, le retour à une situation économique stabilisée nécessitera lui aussi des efforts gigantesques de la part de nous tous. Nous avons donc collectivement beaucoup de pain sur la planche. C’est le défi de notre temps.

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