Auteur

Roger Boivin

J’ai pris connaissance récemment d’une information des plus révélatrices : sur 100 postes qui seront à pourvoir au Saguenay-Lac-Saint-Jean d’ici les dix prochaines années, 55 le seront par des finissants du système scolaire, 13 le seront par des chômeurs, des prestataires de la sécurité du revenu, des autochtones, etc. qui se joindront au marché du travail, 10 le seront par des retraités qui redeviendront aussi actifs et 22 seront comblés par des immigrants.

Des constats préoccupants

Actuellement, il y a seulement 1,3 % de la population active de Ville de Saguenay qui est issue de l’immigration. Pire, de 2004 à 2008, la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean accueillait environ 180 immigrants par an, alors que l’ensemble de toutes les autres régions dites périphériques en accueillaient environ 190 annuellement durant la même période. Lors des cinq années suivantes, de 2009 à 2013, la région n’a accueilli que 140 immigrants par an en moyenne (une baisse de 25 % par rapport aux cinq années précédentes) et les autres régions périphériques, 270 par an (en hausse de 40 % sur les cinq années précédentes).

D’autres données nous apprennent qu’au Québec, 85 % des immigrants choisissent souvent de s’établir dans la région de Montréal (qui compte pour 55 % de la population) et 50 % d’entre eux s’intègrent à la communauté anglaise du Québec (qui représente 8 % de la population).Trois constats s’imposent : UN, nous avons besoin de l’apport de l’immigration pour assurer l’avenir de la région ; DEUX, nous ne parvenons pas à attirer suffisamment cette immigration en région et TROIS, l’immigration ne se francise pas suffisamment.

Les COFI une solution

Mais comment régionaliser l’immigration et relever efficacement les enjeux démographiques, économiques et linguistiques qui lui sont étroitement associés? À mon avis, une des pistes de solution serait de recréer, partout sur le territoire du Québec, des Centres d’orientation et de formation pour les immigrants (COFI). Ces organismes ont déjà existé de 1967 jusqu’à la fin des années 90 et ont joué un rôle déterminant dans l’intégration et la francisation des nouveaux arrivants.

Les COFI, une sorte de CLSC de l’immigration, offriraient des cours de français, ainsi que plusieurs autres services reliés à l’intégration, qui aideraient à la fois les immigrants à mieux réussir leur intégration au Québec et des régions comme la nôtre à mieux réussir l’accueil ainsi que la rétention de nos nouveaux citoyens. En matière d’intégration, de régionalisation et de francisation des immigrants, c’est bien sûr au gouvernement du Québec d’assumer le leadership et le financement de ce réseau. Les futurs COFI devraient cependant être adaptés à chaque région, afin de se coller aux différentes réalités des milieux d’accueil.

Agir en complémentarité

Par exemple, le travail déjà réalisé à Saguenay dans le cadre de son tout nouveau « plan d’action en matière d’accueil, d’intégration et d’établissement durable des personnes immigrantes 2019-2022 » se verrait accéléré (et non pas remplacé) par la mise en place d’un nouvel outil complémentaire, comme le COFI. Une régionalisation et une francisation efficaces prépareraient les nouveaux arrivants à une intégration mieux réussie à nos sociétés régionale et québécoise. C’est une des clefs de notre avenir et de l’avenir des immigrants qui ont choisi le Québec pour leur nouveau départ. Aidons-les maintenant à choisir de nous rejoindre pour contribuer à la construction du fabuleux Royaume du Saguenay-Lac-Saint-Jean !

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