Nous sommes de plus en plus nombreux à nous questionner sur le déséquilibre relationnel croissant entre RTA et le Saguenay-Lac-St-Jean. En effet, bien que la région et le gouvernement du Québec aient livré à la compagnie tous les engagements énergétiques, fiscaux, réglementaires et financiers promis, les investissements dont nous devions bénéficier en contrepartie, tardent toujours à se concrétiser.  

Soulignons d’abord que cette situation n’est malheureusement pas nouvelle, nous la subissions aussi du temps de la défunte Alcan. Par le passé, Alcan nous parlait du dumping russe.  Aujourd’hui RTA nous parle du dumping chinois, pour justifier cette situation. Malgré une réalité incontestable, il s’agit certainement d’arguments pratiques pour obtenir encore plus de concessions du Québec et de la région. Mais pour quelle raison RTA  peut encore en demander toujours plus ? Cela tient au déséquilibre fondamental de la relation énergétique qui unit RTA et le Québec.  

En effet, en possédant (littéralement) le lit de la rivière Saguenay et en bénéficiant de baux hydroélectriques sur la Péribonka d’une durée de 50 ans (plus des options de renouvellement déjà négociées de 25 ans supplémentaires), RTA ne sent plus le besoin d’offrir quoi que ce soit au Québec et à la région. La stratégie de la compagnie devient alors très simple: attendre et/ou reporter les projets déjà négociés, jusqu’à ce que la situation économique et/ou politique devienne suffisamment critique pour que la compagnie puisse demander encore plus à ses partenaires régionaux/Québécois, déjà à bout de souffle. 

Dans ce contexte de relation déséquilibrée en faveur de l’entreprise, on peut comprendre la stratégie de la compagnie, puisque nous n’avons plus de levier de discussion. Mais cela peut-il encore durer ? Bien sûr que non, d’autant qu’aucune autre entreprise aussi énergivore, opérant au Québec, ne bénéficie d’une telle relation en sa faveur. Ces autres multinationales (dont Alcoa) disposent de tarif d’électricité à très bon coût certes, mais dans le cadre d’ententes échelonnées sur des périodes de 10 à 15 ans. Malgré ce contexte, elles réussissent à faire des profits tout en restant bien connectées avec la communauté puisqu’elles auront - dans des échéances raisonnables - à renégocier leurs contrats énergétiques. 

LES RÉGIONAUX DOIVENT REVOIR LA GESTION  DU LAC AUX 10 ANS

Comme la relation actuelle RTA/SLSJ ne fonctionne plus, et que ce ne sera certainement pas cette entreprise qui demandera de la rééquilibrer, il faut d’ores et déjà proposer nous même un nouveau pacte avec la multinationale. Sur quelle base? En s’assurant que, dorénavant, le mode de gestion du Lac-Saint-Jean (qui est par ailleurs en cours de renégociation entre la région et RTA) soit systématiquement revu tous les dix ans, par un processus qui impliquerait directement les acteurs économiques et citoyens de la région. 

Devant les conséquences énergétiques considérables qui pourraient en découler pour RTA, on verrait alors réapparaitre graduellement une entreprise qui aurait, tout à coup, un intérêt évident à maximiser ses retombées régionales. Comprenons-nous bien, il n’est pas question que RTA soit nécessairement le promoteur direct de tous les projets qui pourraient éventuellement se développer. Cependant, elle pourrait certainement en être l’élément facilitateur. En somme, pour continuer à jouir des conditions d’utilisations avantageuses du Lac-Saint-Jean, RTA ferait certainement preuve de toutes sortes d’initiatives et d’interventions qui ne pourraient qu’être bénéfiques à la région. 

Finalement pour nous assurer qu’un tel nouveau pacte soit réellement mis en place, nous devons en faire voter le principe par toute  la population de la région lors d’un référendum consultatif qui pourrait se tenir (à très faible coût) lors des élections municipales de l’automne 2017. Soyez certains que la relation entre RTA et la région ne se rééquilibrera pas toute seule. C’est d’abord aux citoyens et décideurs du Saguenay-Lac-St-Jean, de prendre les choses en main pour que ça change.