Depuis quelques semaines, nous avons les yeux rivés sur un conflit armé qui donne l’impression de revivre une séquence des siècles passés. À plus de 7000 km, on observe une population qui comme nous, foulard au cou, attend le printemps, avec pour trame de fond le bruit des alarmes et des sirènes. Les villes ukrainiennes colorées se teintent sous nos yeux de flammes et de gris.
Il est difficile d’établir la portée de ce conflit sur notre économie. Ses impacts sur l’inflation et sur la chaîne d’approvisionnement mondiale se font déjà sentir. Comment agir pour se protéger et prévoir les impacts de ce conflit?
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le potentiel industriel de la région a été mis à contribution afin de fournir de l’aluminium, utile dans la fabrication des avions destinés aux alliés. L’usine Alcan d’Arvida a connu une expansion rapide pendant le conflit. En 1939, l’Alcan avait 1 790 employés. En 1943, près de 12 000. Une nouvelle centrale hydroélectrique est construite sur la rivière Shipshaw, de même que plusieurs routes pour relier les différentes infrastructures.
C’est au cours de ce conflit que la Base militaire de Bagotville est créée, en 1942, pour entraîner les pilotes et pour protéger l’Alcan et les centrales hydroélectriques de la région. À certains moments, plus de 3000 soldats surveillent des infrastructures de l’Alcan. En pleine effervescence, la région vit une pénurie de logements destinés aux travailleurs et aux militaires. Alcan fait construire en série des centaines de petites maisons qui colorent toujours les rues d’Arvida et un quartier dédié aux militaires anglophones est construit à Chicoutimi.
La région a connu un essor unique au cours d’une période mondialement extrêmement difficile, qui en a changé le visage pour toujours. Indéniablement, les conflits, aussi déplorables soient-ils, occasionnent des contextes économiques propices à l’innovation et aux changements durables.
On souhaite tous que l’appétit du leader russe se calme et que la situation connaisse rapidement un dénouement. Or, il serait fort imprudent de ne pas songer à l’avenir de la région si la situation perdurait. « Qui veut la paix prépare la guerre », disait Jules César.
Devant les différents problèmes d’approvisionnement que nous vivons, pourquoi ne tentons-nous pas d’accroitre notre autonomie pour certains biens de base? La pandémie et cette entrée en guerre riches en apprentissages doivent guider nos actions. Il importe d’optimiser notre savoir et nos ressources afin de réduire au minimum notre dépendance économique. Avec les connaissances et les capacités industrielles que nous avons, de même que la force agricole présente sur le territoire et les ressources naturelles abondantes que nous avons, il y a lieu d’envisager des investissements massifs permettant d’atteindre une plus grande autonomie alimentaire, énergétique et médicale, notamment.