SAGUENAY – Véritable moteur d’achalandage pour une région, l’industrie touristique use d’ingéniosité pour permettre une relance structurée afin de revenir aux mêmes niveaux qu’avant la pandémie. À la faveur d’une entrevue avec Informe Affaires, la directrice générale de Tourisme Saguenay–Lac-Saint-Jean fait état d’une résilience sans borne des acteurs du secteur qu’elle représente.
L’apport de ce secteur dans l’économie est majeur, rappelle Julie Dubord. « Au début de la crise sanitaire, ce sont les attractions touristiques qui ont été les plus touchées, car l’achalandage a été nettement réduit. Lorsque les Québécois se sont approprié le territoire pour leurs vacances, nous avons constaté un bond marqué. La région vivait une croissance en termes d’achalandage depuis 2016. Les retombées économiques s’élevaient à 300 M$ avant l’année record de 2019. Avec la situation qu’on connaît, c’est évident que ç’a diminué, mais nos membres sont prêts à s’ajuster pour accueillir à nouveau la clientèle internationale », précise-t-elle, en rappelant que les promoteurs sont tributaires des décisions gouvernementales face à la situation épidémiologique.
Un temps pour se réinventer
Avec résilience et détermination, les organisations ont profité de la pause forcée pour investir, indique Julie Dubord. « Les entrepreneurs et gestionnaires d’OBNL ont eu un genou par terre, mais ils se sont relevés. Ils sont rapidement passés à l’action pour investir dans des projets de modernisation. Ils ont profité de cette période plus tranquille pour revoir leurs façons de faire pour demeurer compétitifs. […] Nous sommes la région qui a le plus soumis de projets dans l’entente en tourisme. C’est donc dire que notre industrie est toujours bien vivante et prête à se propulser. »
Vers des retombées intangibles
Le Saguenay–Lac-Saint-Jean recèle une multitude d’attraits, de paysages et de points distinctifs qui créent une attractivité auprès des visiteurs. De l’aveu même de la directrice générale de Tourisme Saguenay–Lac-Saint-Jean, l’idée de calculer les retombées intangibles et immatérielles devrait être considérée comme un critère d’importance.
« Au-delà de la contribution économique, la contribution patrimoniale et culturelle est essentielle. La plus belle expression de notre région passe à travers l’offre culturelle. L’une de nos forces auprès de la clientèle internationale est dans la combinaison avec le produit culturel et l’aventure. On a beaucoup parlé du volume de clientèle et l’industrie culturelle n’était pas toujours mise en lumière. Notre grand souhait est que la contribution sociale et plus intangible du produit culturel soit un indicateur de performance d’une destination, davantage que le nombre de clients accueillis. C’est la culture qui nous permet de démontrer notre histoire et d’intéresser les gens à nous visiter », affirme-t-elle.
Rareté de la main-d’œuvre :
il faut être ingénieux
Comme partout ailleurs, le domaine est touché par les difficultés de recrutement. D’autant que les attraits sont dépendants des étudiants en saison estivale et que plusieurs d’entre eux sont saisonniers.
« Lorsqu’on est obligés de fermer des chambres d’hôtel parce qu’il y a un manqued’employés, ce sont des revenus de moins. On est à cette espèce de point de bascule qui pourrait nous emmener d’un côté ou de l’autre. Il est difficile de dire comment l’industrie touristique va résoudre la situation. Tous les secteurs sont interconnectés à cette problématique. Est-ce que de payer 25 $ de l’heure pourrait aider ? Ce n’est pas une recette durable pour une entreprise de le faire sur le long terme. On doit se soutenir avec d’autres industries comme l’agriculture et la forêt. On doit faire des liens. On a le réflexe de travailler en silo et l’économie n’a pas besoin de ça pour avancer », rappelle la DG.
Prêts pour un retour à la normale
Après une forte réduction de l’achalandage, l’industrie touristique est prête à poursuivre sur sa lancée d’avant-pandémie qui fracassait des records. « Nos indicateurs penchent vers un retour plus stable vers 2023. Dans d’autres régions comme Montréal et Québec qui sont très dépendantes de visiteurs à prédominance de l’international, le ministère du Tourisme estime que ça reviendra autour de 2025. Évidemment, je ne me réjouis pas que nos deux grands marchés québécois soient les plus touchés. Car nous sommes tous reliés. Un visiteur à Montréal peut faire une tournée du Québec et passer quelques jours à visiter nos sites gourmands. […] Selon nos estimations, en 2022, on serait à 60 % de notre capacité de clientèle. Cela nous laisse croire qu’on aurait un volume intéressant. On croise les doigts que ce seront des clients prêts à dépenser sur le territoire », de conclure Mme Dubord, saluant au passage l’apport majeur des visiteurs québécois pendant les deux dernières saisons estivales.