Avec l’apparition de l’agriculture raisonnée, l’industrie agricole du Saguenay–Lac-Saint-Jean devra revoir certaines de ses habitudes de production profondément ancrées dans la tradition.
Ce concept vient d’Europe où il fait désormais partie du quotidien; il s‘appuie sur le bien-être animal ainsi que sur une préoccupation accrue pour la protection des sols et de l’eau selon des méthodes basées, notamment, sur l’observation et le respect des cycles naturels. Au Canada, le Code de pratiques pour le soin et la manipulation des bovins laitiers, qui vient d'être adopté, intègre certaines de ces pratiques. Le Québec s'est également doté d'une stratégie de santé et de bien-être des animaux. En agissant de la sorte, le gouvernement québécois dit vouloir améliorer leur santé et leur bien-être par l’établissement d’un dialogue sur les modes d’élevage et de commercialisation durables, le tout dans le respect des règles mondiales et le partage équitable des coûts dans un contexte concurrentiel.
Voilà pour la théorie. Dans la pratique, ces changements ne sont pas, on s’en doute, sans créer une certaine inquiétude auprès de bon nombre d’agriculteurs de la région, très attachés aux méthodes de gestion traditionnelles du cheptel animal et de la ressource environnementale. Toutefois, et c’est une bonne nouvelle, malgré ces réticences fort compréhensibles, des producteurs ont déjà commencé à s’inscrire dans cette voie.
L’OCDE nous rappelle avec justesse que « l’un des principaux défis que doit relever le secteur agricole consiste à nourrir une population mondiale en expansion tout en réduisant son empreinte écologique et en préservant les ressources naturelles. Ces dernières années, on a pu constater des signes encourageants indiquant que l’agriculture est capable de relever les défis auxquels elle est confrontée en matière d’environnement ».
Alors que le ‘‘ village global ‘‘ prédit dès 1964 par Marshall McLuhan fait partie de nos vies depuis l’apparition de l’ordinateur portable, ce qui est valable pour le monde l’est tout autant pour le Saguenay–Lac-Saint-Jean. Nos agriculteurs ont toujours été à l’avant-garde de l’innovation et de la créativité, le plus surprenant serait qu’ils ne soient pas, encore cette fois-ci, à la hauteur de leur réputation légendaire.
Une industrie fidèle à ses origines
La région est née de la forêt et de l’agriculture. L’ère industrielle y a fait son apparition au début du 20e siècle avec l’arrivée d’Alcan. C’est ce qui fait dire d’ailleurs à pas mal de gens, encore aujourd’hui, que de la sève d’épinette et de l’aluminium en fusion coulent dans nos veines. Ce à quoi on pourrait ajouter que, malheureusement pour ce qui est du premier cas, la pression est de moins en moins forte. Pour ce qui est du second, il arrive parfois qu’une perfusion massive, comme on l’a vu récemment, soit nécessaire afin que le pouls garde son rythme…
S’il y a une certitude, c’est que notre industrie agricole demeure, elle, fidèle à ses origines, beau temps, mauvais temps – sans jeu de mots ! – . Elle est toujours présente, aussi généreuse qu’à l’arrivée des premiers colons à La Baie de ses bleuets, de son orge et de son herbe grasse et verte qui sert à nourrir le cheptel laitier. Son rôle et, de ce fait, la place primordiale qu’elle occupe au sein de l’économie régionale, sont primordiaux. La plus infime baisse de performance qui pourrait affecter l’une ou l’autre de ses positions serait une véritable catastrophe aussi bien sociale qu’économique.
La 3e Révolution industrielle
Le monde est entré dans l’ère du changement à une vitesse qu’il était loin de soupçonner. Le rythme continue de s’accélérer avec l’arrivée de l’intelligence artificielle et le développement de la robotique. L’industrie agricole doit elle aussi s’adapter aux nouvelles réalités de la 3e Révolution industrielle et économique, née, selon la définition du futurologue américain Jeremy Rifkin, « d’une convergence des technologies de la l’information et des énergies renouvelables ».